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Fanny Veilex, bientôt résidente permanente au Québec

Publié le 12 février 2024

Elle a bénéficié du programme de la Région Réunion-Québec. Après des études au Cégep de Jonquière, Fanny occupe un poste d’éducatrice spécialisée la semaine, et d’intervenante en santé mentale les week-ends. Son statut de résidente permanente au Canada devrait lui être accordé en 2024.


Pouvez-vous vous présenter ?

Fanny Veilex, 26 ans. Je suis une kafrine née au Port et qui a grandi à La Possession. Après le bac, j’ai fait deux ans de concours pour être psychomotricienne. Mais j’ai décidé de quitter mon île par envie de m’ouvrir et parce que les études et le marché du travail étaient restreints à La Réunion. J’avais un ami qui était déjà installé au Québec pour les études. Lorsqu’il est rentré en vacances sur l’île, on a discuté de son parcours, il était aidé par la Région Réunion. Alors j’ai entamé les démarches pour pouvoir étudier au Québec.

Comment cela s’est-il passé ?

Ça a été rapide et facile ; que ce soit la communication avec la Région, avec le Cégep, les entretiens, réunir tous les papiers demandés… Arrivée au Canada, j’ai étudié au Cégep de Jonquière. Je vis depuis l’été 2021 dans la ville de Québec et je l’apprécie vraiment. J’ai une vue sur le fleuve Saint-Laurent, je suis proche de la chute Montmorency, du Vieux-Québec et des parcs nationaux... Le quartier le Vieux-Québec est très touristique, animé toute l’année. C’est agréable de vivre ici. Le seul bémol, c’est les transports en commun. Dans mon quartier, il y a un bus toutes les 45 minutes, voire une heure. Donc, si tu n’es pas prêt à temps : soit tu attends le prochain, soit tu marches 20 minutes pour prendre le bus principal.


Il y a plus de mixité dans la ville de Québec qu’à Jonquière où j’ai étudié. Pour moi, c’est un point important. Comme partout dans le monde, des personnes âgées ou certains adultes ignorants sont méfiants face au multiculturalisme. Du coup, tu sens parfois le regard des gens dans le bus ou au supermarché. Mais globalement l’image de notre île est positive et fait rêver les Québécois qui ne demandent qu’à quitter le froid. Les paysages et le climat de la Réunion sont désirés ici.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais au Québec ?

Oh oui ! J’en ai connu plusieurs avec qui j’ai fait le voyage Réunion-Canada puis d’autres dans mon Cégep qui étaient déjà à Jonquière. On a appris à se connaître. Mes dalons les plus proches sont devenus comme des frères et sœurs. Chez moi pour me rappeler la Réunion, j’ai un pot de coquillages, deux pulls L’effet Péi, le drapeau de la Réunion, mes boucles d’oreilles créoles, mon chasse rêve...


Quels sont vos projets ?

Mon projet primordial est d’obtenir la résidence permanente fin 2024. J’attends ça depuis l’automne 2022 ! J’aimerais aussi vivre un ou deux ans dans une province anglophone pour améliorer mon anglais et voir les différences qu’il y a entre chaque province. Je souhaite travailler avec les personnes autochtones dans les domaines de l’itinérance, de la toxicomanie, de la délinquance, de la santé mentale : être une travailleuse de rue. Il y a aussi beaucoup de voyages à faire quand on vit ici, comme découvrir les Antilles. Quand j’aurai obtenu ma résidence permanente, je pourrai venir tous les deux ou trois ans à La Réunion.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Je ne serais pas là s’il y avait eu plus d’opportunités pour moi à La Réunion, si le système d’éducation français n’était pas aussi restreint, si le programme de la région Réunion-Québec n’existait pas. Ce qui me ferait revenir, c’est un changement de mentalité sur l’île : moins de ladilafés et de jugements des autres, moins de piston pour trouver un boulot, moins de clivage zoreil – créole… Plus de sensibilisation sur la santé mentale, les handicaps, plus d’opportunités professionnelles, un coût de la vie moins élevé...



Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Quand je prends des nouvelles de mes proches, ils me disent que la situation est compliquée : trouver un boulot après les études, trouver un appartement pas cher, les prix qui augmentent... Par exemple, j’ai une amie qui a un master en biologie ; elle galère à trouver un boulot intéressant et et qui paye. Du coup, elle a pris ce qu’il y avait par obligation. Je trouve ça vraiment triste, car elle est douée et intelligente, mais le marché du travail ne lui offre rien de présentable. Autre exemple, ma cousine et ma meilleure amie qui galèrent à trouver un poste à La Réunion après être parties en France pour faire leurs études. Ce n’est pas normal ; depuis le lycée on nous pousse à quitter notre île pour se former. Mais c’est difficile, voire impossible de rentrer chez nous pour mettre en pratique notre expérience...

Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

L’expérience de la mobilité m’a fait réaliser que j’étais capable de plein de choses. Même loin de mon île et de ma famille, j’ai réussi à avoir des diplômes et un travail assez facilement. Vivre ici m’a aussi permis de m’épanouir dans la vie, sans être jugée par qui que soit. L’avantage de venir de La Réunion, c’est qu’on sait d’où on vient et on sait pourquoi on est venu. Surtout, c’est une certaine bienveillance et une ouverture d’esprit face aux autres cultures et religions. Dans mes études et mes boulots, ce sont des compliments qui ressortent souvent quand on me décrit. Les inconvénients, ce sont les remarques et les préjugés et qu’ont certains Québécois(es) sur les gens qui viennent des îles : sur la couleur de peau, les types de cheveux, notre créole et notre mode vie...


Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ce qui me manque le plus, ce sont mes grands-parents et les activités qu’on faisait ensemble. Tous les samedis avec mon pépé on faisait le chemin des anglais. Avec ma mémé, tous les mercredis c’est marché forain Le Port. Puis les dimanches, on passait prendre un bon p’tit plat chez eux ! Le plein air de La Réunion me manque énormément, que ce soit les randonnées ou simplement regarder un coucher de soleil sur la mer. Puis évidemment, nos plats traditionnels me manquent beaucoup. Les plats pépé et mémé i mank a moin !


Plus d’infos et de parcours de Réunionnais au Québec : www.reunionnaisdumonde.com/mot/quebec

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