Publicité

Incendies : les Réunionnais d’Australie racontent

Publié le 9 janvier 2020

« C’est 24 fois La Réunion qui a brûlé »... Alors que les gigantesques incendies ravagent toujours l’Australie, des Réunionnais témoignent d’une population stupéfaite face à une catastrophe sans précédent et, surtout, d’une tension qui monte envers le gouvernement qui a tardé à réagir et a tenté de minimiser la situation alors que des alertes sont lancées depuis des années par les scientifiques et les pompiers.

Un article de Hervé Chossat paru dans Le Quotidien du 19/11/2019


« La tension monte. Les gens sont de plus en plus énervés par le peu de prise en compte de la situation par le gouvernement ». Depuis Sydney où elle habite, Muriel Mallet témoigne : « Les incendies ont commencé à ravager l’Australie depuis novembre et alors que le pays brûlait, le Premier ministre essayait de bloquer les discussions de la Cop 25 […] au même moment il tentait même de faire passer une loi pour bloquer les activistes environnementaux ».


La Sainte-Marienne installée en Australie depuis sept ans le reconnaît « nous sommes chanceux car à Sydney nous avons été peu impactés par les fumées hormis pendant trois ou quatre jours, mais nous avons des amis dans les blue Mountains (N.D.L.R. à deux heures de Sydney en Nouvelle Galles du sud) qui ont dû évacuer leur maison sans savoir s’ils allaient la retrouver, nous avons des collègues pompiers volontaires mobilisés ».

Et de raconter combien, au-delà de l’angoisse, c’est un sentiment de frustration et d’exaspération qui a saisi l’Australie : « Il y a des années que les scientifiques, les pompiers, alertent les autorités sur les risques. Mais ceux-ci ont été volontairement minimisés et il n’y a que depuis Noël, depuis que les médias étrangers se sont mobilisés, que le Premier ministre a enfin réagi, mais trop tard ».

Pour la Réunionnaise, « Cela touche tout le monde. Ici, malgré la taille du pays, il n’y a que 20millions d’habitants, tout le monde connaît quelqu’un qui a dû être évacué ou qui a dû être hébergé dans un centre de secours ».


Gilles, autre Réunionnais installé à Sydney, confirme : « Il y a beaucoup de mécontentement sur la façon dont a été gérée cette crise. Au début, le gouvernement, comme la population, se sont dit que c’était des feux comme d’habitude, mais du fait du dérèglement climatique il a fait des températures supérieures à la normale, il y a eu aussi beaucoup de vent et la situation est devenue rapidement incontrôlable ».

Habitué des chiffres, le jeune Dionysien qui travaille dans une banque d’investissement a fait le calcul : « Pour l’instant, on estime que six millions d’hectares ont brûlé, c’est 24 fois La Réunion ! » Une façon pour lui de donner une idée de l’ampleur de la catastrophe, mais sans vouloir tomber dans le catastrophisme alors qu’il accueillait ses parents le jour où nous l’avons joint au téléphone : « A Sydney, mais aussi à Perth et dans ces régions où il y a beaucoup de Réunionnais, on ne risque rien. Il y a eu 4 ou cinq jours où la fumée a été très présente –, Muriel Mallet, précisant pour sa part que respirer celles-ci représentait l’équivalent de 35 cigarettes en une journée – mais ça va. Il ne faut pas hésiter à venir ».


Florie, elle n’a pas hésité. Cette jeune femme de La Montagne est partie samedi accompagner un groupe d’adolescents réunionnais en voyage linguistique : « Je ne me suis pas posé la question car les feux sont très loin et il n’y a aucun risque. Mais les Australiens m’ont tous dit la même chose : ils n’ont jamais vu ça et sont très touchés par l’ampleur de la catastrophe ».

Et de décrire, même loin des flammes un quotidien qui est impacté : « Les prix des fruits et légumes ont fortement augmenté, il y a des consignes pour économiser au maximum l’eau et des cagnottes sont organisées pour que chacun puisse à son niveau aider ».

Enfin, Tony qui est en Australie depuis quatre mois, témoigne, lui de journées à Sydney « où on ne voyait pas à 50 mètres en décembre, mais aujourd’hui c’est passé. » Venu parfaire son anglais, ce Dionysien envisage, lui, d’écourter son séjour. Il devait rester jusqu’en septembre pour sillonner le pays. Impossible aujourd’hui et sans doute pour de très long mois encore.

Un article de Hervé Chossat paru dans Le Quotidien du 19/11/2019


196 membre, portraits et infos en Australie


Publicité