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Firoze Koytcha : l’odyssée d’un French Doctor Karane

Publié le 18 avril 2023

À la tête de Médecins de l’Océan Indien (l’ONG a soigné près de 500 000 malades en trois décennies), le « petit Malgache de Sainte-Marie », devenu chirurgien français réputé et membre respecté de la communauté musulmane réunionnaise, se livre dans une autobiographie parue en mars 2023. De ses origines karanes aux dernières missions humanitaires, en passant par les études de médecine à Paris ou le crash d’un avion de missionnaires dont il a été l’un des quatre survivants, un récit hors du commun à commander en ligne.

A droite : mission en 2007 sur le territoire d’Andapa à Madagascar

Synopsis : Descendant d’Indiens musulmans sans le sou, qui migrèrent en 1860 à Madagascar, le petit Firoze Koytcha étudie à la madrassa et à la lumière de la bougie. Bon élève, il est envoyé à Paris, où il n’a aucune attache, pour y suivre des études de médecin. Les fins de mois sont difficiles, sa vie aussi : l’expatrié est victime de racisme de Français, mais aussi de Malgaches : un certain Ratisraka, futur président de la Grande île, l’expulse du foyer étudiant en raison de ses origines indiennes.

Une fois chirurgien, Firoze Koytcha s’installe à La Réunion ; il est à l’origine des premières greffes de rein dans le département d’outre-mer. Il devient un membre important de la communauté musulmane et fonde une association humanitaire. À Madagascar, les Karanes étant pris à partie par les habitants, il faut aider la population et éviter qu’elle fasse de ses coreligionnaires des boucs émissaires.

À la tête de l’ONG Médecins de l’Océan Indien (MOI), Firoze Koytcha et ses bénévoles effectuent près de 80 missions, soignant près de 500 000 malades ! Ni l’assassinat de son père, ni le crash d’un avion qui transportait des missionnaires de MOI, faisant 36 morts et dont il est l’un des quatre survivants, ni les émeutes anti-karanes ne le détournent de son engagement. À 82 ans, Firoze Koytcha prépare la prochaine mission, à Brickaville…

Lycée et prépa Médecine à Tana, avant le grand départ pour la France, à 19 ans, sur le navire Pierre Loti

Extrait : Prologue (remerciements & autorisation : Firoze Koytcha)


Je suis réveillé en sursaut, secoué dans tous les sens. Ma tête, mes genoux, mes coudes heurtent des parois invisibles et dures comme une peine que je devine déjà inextinguible. La voiture qui me transporte à toute vitesse rebondit contre les pavés de la chaussée défoncée. Les cahots et les bruits diffus de conversation chuchotée me pénètrent comme des aiguilles. Les douleurs me transpercent le corps. Nous nous arrêtons enfin. Je me rends compte qu’on me déplace sur un brancard et que je suis conduit dans une salle d’hôpital. Que s’est-il passé ? Des infirmières qui s’affairent autour de moi m’informent alors de l’impensable : nous sommes à Tana, l’avion militaire de la mission s’est crashé, je suis l’un des quatre seuls survivants.

Je ne comprends pas vraiment, je souffre tellement que mon esprit est voilé. J’ai du mal à respirer. Ma première réaction n’est pas le chagrin, mais la révolte. Qu’est-ce que je fais là ?! Ma place est auprès des missionnaires qui ont besoin de moi ! Hélas, ce n’est plus vrai, désormais. Mais cette réalité, sur le coup, je l’occulte. Ils ne peuvent être morts, tous !?

Je vais devoir survivre et vivre avec ce poids, ce sentiment de responsabilité, cette tristesse immense qui me submergera très vite ensuite. Et je reprendrai les missions humanitaires, en l’honneur de mes amis, de mon frère, morts tragiquement alors qu’ils secouraient leurs semblables. On ne lutte pas contre son destin, on ne fuit pas ses responsabilités, on assume le rôle que l’on a bien voulu tenir à un moment donné de sa vie.

Les émeutes anti-karanes, le meurtre de mon père ne me détourneront pas davantage de Madagascar, le pays de mon enfance. La Grande île est le lieu de tant de souffrance collective que ma peine, ma lassitude parfois, mes doutes personnels s’effacent. Ils représentent si peu au regard de la tâche que je me suis assignée.

Le petit Malgache de Sainte-Marie, devenu un chirurgien français réputé, un membre respecté de la communauté musulmane réunionnaise, ne peut se dérober. De toute façon, c’est moins un choix que le résultat de mon caractère, batailleur, obstiné, orgueilleux. C’est cette évidence que je vais dérouler dans les pages qui suivent. Un parcours qui va s’achever et que je souhaite à tous les humains en quête de sens.

à suivre...


L’Odyssée d’un French Doctor Karane - Disponible au prix de 15€ sur le site : https://frenchdoctorkarane.com

L’équipe de MOI en mission sur l’île d’Anjouan en 2009

Pour aller plus loin ;
www.moi-asso.com / www.facebook.com/medecinsoceanindien
Plus de 7 000 patients malgaches soignés par l’ONG Médecins de l’océan Indien (2007)
Mission de l’ONG Médecins de l’océan Indien à Anjouan (2009)
8 000 patients soignés aux Comores par l’ONG Médecins de l’océan Indien (2010)
Firoze Koytcha – Biographie (1001 Célébrités)

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