Publicité

Franck Elivon, chargé de clientèle dans le Tourisme à Paris

Publié le 15 avril 2011

Diplômé du lycée hôtelier de Saint-Paul, Franck a quitté l’île pour achever sa formation professionnelle. Après plusieurs années de travail dans la restauration et de fréquents retours à la Réunion, il travaille depuis quelques années comme chargé de clientèle en intérim pour des tours opérateurs : Thomas Cook, Pierre et Vacances... A 36 ans, il officie également en tant que commercial pour le Comité Martiniquais du Tourisme sur les salons professionnels, éductours, et forme les agents de voyage à la destination.

Franck Elivon
Franck avec des collègues de "Thomas Cook" France.

Racontez-nous votre parcours.

Je suis originaire de La Plaine Saint Paul, d’une famille plutôt modeste : père artisan, mère sans emploi, mes grands parents étaient agriculteurs. J’ai décroché un CAP/BEP Restauration en 1994 puis un Baccalauréat Technologique en Hôtellerie au lycée hôtelier "La Renaissance" à Plateau Cailloux, en 1996. J’ai souhaité me rendre en métropole pour des raisons à la fois professionnelles et personnelles. Je me suis donc installé en Bretagne à l’époque, dans la ville de Rennes, où un ami réunionnais a pu m’héberger les premières semaine, le temps de trouver un appartement.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

À l’origine, un pot de piment "la pâte" vert (indispensable), avec quelques épices locales, un pilon,. L’agenda historique de la Réunion, créé il y a 14 ans par la société "Méthis", me suit au quotidien dans mes activités.

Comment cela s’est-il passé en métropole ?

Je me suis inscrit en DEUG à la faculté de Droit de Rennes 1 de 1996 à 1998, en plus de plusieurs petits boulots dans la restauration). En 1998 j’ai été Assistant Manager dans un magasin de livraison pour l’enseigne "Pizza Hut" à Paris puis retour en Bretagne quelques mois pour différents petits boulots alimentaires. En 1999 : départ pour la ville de Montpellier, où je suis resté neuf mois. Mais n’ayant pas pu trouver de travail sur place et les mentalités du "sud" ne me convenant pas, je suis rentré en Bretagne. J’ai travaillé pour le groupe "Carrefour" à Rennes en tant qu’employé polyvalent au rayon fruits et légumes, cherchant déjà à l’époque une reconversion professionnelle mais n’ayant droit à aucune aide. Cela m’a permis de m’ouvrir d’autres horizons et de me laisser le temps de financer une formation.

Et ensuite ?

2004 : retour à la Réunion pour quelques mois, avec un projet de création d’entreprise qui n’a pu se faire à l’époque. Je rentre donc à Nantes où je décroche un diplôme qualifiant de commercial en tourisme au sein d’un centre de formation privé sur Nantes : "CAP VERS" que j’ai financé moi même. Je m’installe alors à Paris où je deviens pour le Comité Martiniquais du Tourisme au sein du bureau Europe à Paris et commercial de bord sur les TGV Paris Lyon Marseille. En 2008, un passage à la Réunion quelques mois, où je suis chargé de clientèle pour la société ITC TROPICAR location de voiture, sur l’aéroport Roland Garros. De retour à Paris, je reprends mon travail de commercial pour la Martinique et assistant commercial au siège social du Tour Operator "Thomas Cook France", au sein du service « assistance commerciale et intervention des ventes » pour les enseignes du groupe : Thomas Cook, Jet Tours, Austral Lagons, Neckermann, Jumbo, Aquatour. Aujourd’hui, je travaille pour le groupe "Pierre & Vacances" au siège social à Paris, toujours comme commercial et chargé de clientèle

Vous avez également des activités bénévoles.

De 2004 à 2009, je fus "bénévole" sur certaines opérations du Comité du tourisme de la Réunion. J’ai participé par exemple à la conception, réalisation et lancement de la Charte « GAY FRIENDLY » du comité du tourisme. Suite à cela, j’ai participé à l’organisation d’événementiels dans le cadre de cette charte : char à la Gay Pride de Paris, soirée de présentation dans le Marais, organisation d’une soirée au Bataclan "Les follivores crazyvores" auc couleurs de la Réunion, etc.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Une indéniable ouverture d’esprit sur le "monde" : connaissance d’autres cultures, histoires, façons de vivre, coutumes, etc. qui sont toutes différentes selon les régions, les pays, les hémisphères.
Ce qui permet d’avoir un avis objectif sur notre propre vécu et notre bout de terre insulaire de l’Océan Indien, de relativiser sur certains sujets, d’apporter des avis et des connaissances multiples. En un mot, la mobilité me semble indispensable, surtout dans notre situation insulaire.

Quels sont vos projets ?

J’ai toujours ce projet d’une création d’entreprise dans le milieu touristique à la Réunion. Et pourquoi pas un lancement en politique. Ne me reconnaissant pas dans les principes et les idéaux de la gauche et de la droite locales et nationales, peut-être le jour où un parti réunissant de bonnes volontés (d’où qu’elles viennent) dans le seul objectif commun d’un développement économique, social, écologique de la Réunion, pour le bien de tous...

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

L’atmosphère, la langue, les odeurs, les couleurs, le multiculturalisme.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Plutôt négatif jusqu’à présent et pessimiste pour l’avenir. A moins de prendre réellement conscience des problèmes économiques qui se posent à nous et d’y apporter des réponses viables, efficaces et adaptées à notre situation propre de département d’outre mer français et à notre statut de région ultra-périphérique européenne.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Avantages : dans mon secteur, le tourisme, une excellente connaissance de la zone Océan Indien.
Inconvénients : les idées reçues et l’image du "créole" (souvent assimilé aux Antillais) pas très dégourdi, pas très travailleur et très dragueur.. étonnant !

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Uniquement amicaux. Il y a très peu de Réunionnais dans mon secteur d’activité, paradoxalement. Par contre, des Antillais, Guyanais, Polynésiens, Néo Calédoniens, j’en fréquente régulièrement dans le cadre de mes fonctions.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Excellente ! D’un point de vue géographique, 90% des gens savent maintenant où la situer (entre autres « grâce au chikungunya). La Réunion a une image très positive pour sa culture, sa mentalité, son patrimoine, son art et sa douceur de vivre, sa musique, son classement à l’Unesco depuis peu... Le fait que ce soit un département français "lambda", bien que spécifique, les rassure au niveau de la sécurité sanitaire et politique.

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Paris reste la capitale, avec tout ce qui va avec : le stress, la pollution, le fameux métro boulot dodo, l’individualisme lié aux grandes métropoles, des mentalités pas toujours dignes du 21e siècle. Malgré cela, l’aspect culturel est un plus formidable.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

De savoir d’où il viennent, de maîtriser leur savoir, de ne pas hésiter à s’expatrier quelques temps en restant ouverts et curieux aux autres, de vivre les expériences qui s’offrent à eux, que ce soit en métropole, au Québec, en Australie, en Asie. A mon époque, le CNARM ne proposait qu’une mobilité vers la France métropolitaine. Aujourd’hui le panel est beaucoup plus large, constructif et épanouissant.

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

C’est un excellent site permettant enfin d’avoir de réels contacts avec nos concitoyens iliens de par le monde, d’avoir des infos de tous types mais se rattachant toujours à la Réunion, d’échanger des points de vue, de découvrir des endroits, des boutiques, des associations, bref une parfaite réponse à nos attentes. J’en suis sur, son développement ne fait que commencer. Merci !

Voir le profil de Franck Elivon

Publicité