Frédo Payet : travailler en hôtel de luxe à Saint-Barth
Tout juste diplômé de Vatel Réunion, Frédo effectue à 22 ans une saison de Chef de rang dans un luxueux hôtel de Saint-Barthélemy aux Antilles. Le début d’une carrière qu’il l’espère, le ramènera un jour dans son île natale.
Pouvez-vous vous présenter ?
Frédo Payet, 22 ans, originaire de Trois-Bassins à La Réunion. Récemment diplômé d’un Bachelor « Manager en hôtellerie internationale » de l’école Vatel Réunion, j’ai aujourd’hui l’opportunité d’exercer les fonctions de Chef de Rang au « Tropical Hôtel » sur l’île de Saint-Barthélemy aux Antilles – Caraïbes.
Racontez-nous votre parcours.
Après un baccalauréat économique et social au lycée de Trois-Bassins, je me suis orienté vers le management hôtelier à Vatel. J’ai eu l’opportunité d’effectuer un stage de première année à l’Iloha Seaview à Saint-Leu, puis un stage de six mois dans un hôtel 5 étoiles situé au sud de l’Irlande à Killarney. Cette expérience a été très importante pour moi. Je travaillais beaucoup, plus de 48 heures par semaine. Mais lors de mes jours de repos, je ne manquais pas une occasion pour sortir, faire des rencontres et visiter les fameux endroits du pays. J’ai pu découvrir une culture anglo-saxonne très intéressante grâce à de nombreux échanges enrichissants pour ma culture personnelle avec les Irlandais.
Et ensuite ?
J’ai voulu me lancer un défi à l’autre bout du monde, et vivre cette expérience seul. Étant toujours accompagné de mes amis durant mes précédents stages, je me suis dit : pourquoi ne pas entamer un long voyage en terre inconnue avec moi-même et sauter l’océan Atlantique ? Ayant reçu une promesse d’embauche du Tropical Hôtel à Saint-Barth afin d’y faire une saison, ma décision a été vite prise, malgré le chagrin qu’allait provoquer la séparation familiale ! C’est dans ce bel hôtel doté d’une vue panoramique sur la baie de Saint-Jean que j’ai commencé à exercer mes fonctions de chef de rang. C’est un réel plaisir de travailler dans le deuxième plus ancien hôtel de l’île : un endroit calme, cosy, aux côtés d’une petite équipe bienveillante et chaleureuse qui continue à m’intégrer de jour en jour.
Quelles sont vos impressions de Saint-Barthélemy ?
C’est un territoire français assez particulier, une petite île aux paysages paradisiaques, bordée de beaux lagons bleu turquoise qui surabonde de gens fortunés et accueille une clientèle touristique haut de gamme, voire VIP : chanteurs, stars de téléréalités, acteurs de cinéma… Ce qu’ils viennent chercher ici est pour majeure partie une vie « paradisiaque », déconnectée de la réalité. La vie y est extrêmement chère. Les locaux qui vivent à Saint-Barth sont des gens avenants, chaleureux, accueillants. Ils ressemblent beaucoup à nos habitants de la Réunion avec cette joie de vivre, cette positivité et le sourire peu importe les misères qui leur tombent dessus. J’apprécie de discuter avec eux.
Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?
La mobilité à travers le monde apporte toujours une valeur ajoutée et influence nos futurs choix de carrière. En ce qui me concerne, durant mes voyages, j’ai acquis une ouverture d’esprit, une grande capacité d’adaptation, mais surtout des expériences très enrichissantes dans le secteur de l’hôtellerie. Cela me pousse à persévérer et à évoluer dans ce milieu. J’ai appris et je me suis adapté à des nouveaux modes de vie. Ces aventures m’ont montré qu’il y a énormément de belles choses à découvrir en-dehors de notre belle île.
Quels sont vos projets pour la suite ?
Après ma saison à Saint-Barth, j’envisage de reprendre mon Master « Directeur d’établissements hôteliers » à Vatel Réunion afin de peaufiner mes connaissances dans le secteur, et pourquoi pas accéder à un poste managérial dans un hôtel plus tard. A long terme, l’île intense restera ma maison ; je ne me vois pas vivre ailleurs que sur mon île natale, qui est pour moi ma source d’énergie.
Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?
Tout me manque de mon île dès que je la quitte : la chaleur familiale, l’ambiance, les endroits relaxants, les sorties entre amis, les fêtes... Tout ce qui résume mon quotidien quand j’y suis. Je suis très proche de ma famille et de mes amis. Malgré la distance qui nous sépare, le contact via les réseaux sociaux (messages, Snapchat, appels vidéo, etc.) reste indispensable pour ne pas les perdre de vue. J’aime leur partager les rebondissements de ma vie quotidienne ici et les plus beaux clichés de l’île de Saint-Barth. Dans mes valises, j’ai amené avec moi un cadre photo représentant mes parents et ma sœur jumelle. Cet objet me suit dans tous mes voyages, pour me rappeler à quel point ils sont importants pour moi et reflètent ma vie entière. Je ne serais pas arrivé là si ma famille ne m’avait pas poussé (et si je n’avais pas intégré l’école Vatel Réunion !)
Quels ont été les avantages et inconvénients de venir de la Réunion dans votre parcours ?
Il n’y a eu que des avantages au fait de venir de la Réunion pour trouver du travail à l’étranger, au vu de mes études en hôtellerie internationale. Je pense même que ça a facilité mes candidatures ! L’inconvénient pour les jeunes réunionnais comme moi voulant exercer à l’étranger, reste le coût du voyage. Un problème majeur qui freine des milliers d’étudiants de la Réunion voulant évoluer dans l’hexagone ou à l’étranger. Car, malgré tout, la Réunion regorge de jeunes étudiants brillant et talentueux.
Quel est votre regard sur la situation économique de l’île ?
La Réunion est un petit territoire d’outre-mer développé, mais il reste des efforts à faire pour l’insertion professionnelle des jeunes de 16 ans à 27 ans. Epargnez-nous l’étiquette « les jeunes d’aujourd’hui ne veulent pas travailler » ! Par ailleurs, je constate que la hausse des prix s’abat sur l’économie réunionnaise d’année en année. Il serait temps d’envisager une réévaluation des salaires dans certains secteurs d’activités, mais également des allocations pour les gens venant d’un milieu modeste.