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Gaëlle, gestionnaire achat chez Airbus

Publié le 29 janvier 2012

« Une fois partis, les Réunionnais osent plus que les métropolitains, car on n’a aucune frontière ». Portrait d’une grande voyageuse. A 31 ans, diplômée d’un Master en Commerce international, Gaëlle n’a pas cessé de voyager depuis son départ de la Réunion après le Bac : Angleterre, Etats-Unis, Afrique du Sud, Chine... La Saint-Pierroise se retrouve aujourd’hui à un poste à responsabilité au siège d’Airbus à Toulouse. Une grande entreprise mondialisée où elle parle anglais, français et mandarin.

Gaëlle Hao-Law-Chong
Gaëlle a travaillé plusieurs années pour le développement économique de la Réunion à Tianjin en Chine.

Racontez-nous votre parcours.

Je suis de Saint-Pierre et j’y ai grandi jusqu’à mes 18 ans. Depuis toute petite, partir de La Réunion était une évidence pour moi. Je ne me posais pas trop de questions, je voyais les plus grands partir poursuivre leurs études en métropole, je me disais qu’un jour aussi je partirais. Alors après l’obtention de mon Bac, je me suis naturellement tournée vers la mobilité.

Qu’avez-vous fait ?

N’ayant aucune idée particulière sur ce que je voulais faire à cette époque, je me suis orientée vers une année en Angleterre, afin d’y apprendre l’anglais. J’ai de suite été plongée dans un environnement multiculturel ! Il y avait des étudiants des quatre coins du monde : des Suédois, des Mexicains, des Chinois, des Japonais... Ce fut une révélation et j’ai par la suite orienté tous mes choix vers l’international.

Comment se sont passés vos débuts en Angleterre ?

Le premier choc fut d’ordre gastronomique. J’ai la chance d’avoir reçu une éducation culinaire, d’avoir été habituée à manger varié, à diverses saveurs.... Chez mes parents, on mange créole le midi et chinois le soir ! Le premier repas servi en Angleterre dans ma famille d’accueil fut une boite de conserve de petit pois bouillis, servi avec des pommes de terre au four et une saucisse surgelée bouillie... tout cela sans assaisonnement ! Résultat : tous les étudiants étrangers ont fini au Mac Do le soir même. Cela a eu comme effet positif de me rapprocher des Asiatiques pour qui la fraîcheur des aliments est aussi primordiale. Nous avons vite instauré des repas entre nous, où chacun cuisinait sa spécialité. Cela nous a beaucoup rapprochés, et d’ailleurs, je garde de très bons contacts avec mes amis japonais avec qui je continue de faire des voyages !

Quel a été votre parcours ensuite ?

Après un Master en Commerce International, j’ai pas mal bourlingué. Je suis partie ainsi en Angleterre, à New York, à la Nouvelle Orléans, mais aussi en Afrique du Sud, en Chine retrouver mes racines. J’ai travaillé pour le développement économique de la Réunion en Chine, et j’ai participé à la présence de la Réunion à l’expo de Shanghai 2010 ! En Chine, je me suis faite un réseau dans l’aéronautique, car j’étais basée à Tianjin, où est implantée l’usine d’assemblage d’Airbus. Et me voici maintenant travaillant chez Airbus...

L’Espace Focus Réunion à l’Expo universelle de Shanghai 2010.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je ressens le besoin de me poser, et même si je suis en métropole, ma société m’offre un cadre de travail très multiculturel. Toutes les nationalités sont représentées chez Airbus, la langue de travail est d’ailleurs l’anglais. J’ai aussi l’occasion de pratiquer le mandarin de temps à autre avec des collègues chinois ! Malgré tout, il est très difficile de se réadapter à la métropole après l’exotisme de la Chine. les gens sont moins curieux, moins avide d’échanges et de connaissances. Les Toulousains sont cependant très fier de leur région et de leurs valeurs, traits qu’ils partagent avec les chinois !

En quoi consiste votre travail ?

Je suis Gestionnaire achat, au sein du service Stratégie et performance achat au siège d’Airbus. Nous sommes un service transversal en support au département achat. Mon rôle est de coordonner des projets d’amélioration sur la stratégie, le management des risques et la performance globale achat, en lien avec la stratégie Airbus et les besoins de nos clients internes.

Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

C’est l’expérience la plus riche qui soit. Partir, c’est se découvrir, s’inventer, se réinventer, se remettre en question, rencontrer du monde ! La mobilité m’a offert également des opportunités que je n’aurais certainement jamais eues si j’étais restée à la Réunion.

Quels sont vos projets ?

L’entreprise dans laquelle je travaille offre énormément d’opportunités et d’évolution en interne. Cela dit, un de mes souhaits serait de pouvoir occuper un poste ouvert sur l’international... à la Réunion ! Je reste donc à l’affût d’opportunités et de nouveaux challenges.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

En premier lieu : les bons petits plats, les saveurs, manger un américain bouchon en bord de plage... Je ramène des samoussas à chaque passage sur l’île ! Mais ce qui me manque le plus, c’est la simplicité de la vie à la Réunion. Pour moi, nous avons pleins d’atouts et de richesses, qui sont autant d’opportunités à exploiter. La Réunion de part son insularité, se doit d’être tournée vers l’international.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Les avantages sont certains. Quand on vient d’une île, on cultive une certaine curiosité, une ouverture naturelle vers les autres. Je suis pourtant d’un naturel réservé, mais la Réunion m’a donné cette envie de découvrir le monde. Une fois partis, les Réunionnais osent plus que les métropolitains car on n’a aucune frontière. 

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Faire l’expérience de la mobilité est un vrai tremplin à tous les niveaux. La mobilité est aujourd’hui accessible via les nombreux partenariats que proposent les universités, écoles de commerce et même des cursus courts tels que le BTS. Une opportunité en amenant une autre, j’ai pour ma part saisi toutes les opportunités que je pouvais à l’étranger. Via mon parcours scolaire, j’ai ainsi pu aller en Afrique du Sud, aux Etats-Unis, en Angleterre, en Chine, en tout huit ans à l’étranger depuis que j’ai quitté la réunion, sans compter les années parisiennes. Je suis issue d’un milieu modeste, mais avec les aides, les petits boulots, les stages rémunérés et un peu de "débrouillardise", on s’en sort très bien. Mais où que vous soyez, cultivez votre réseau ! C’est lui qui vous apportera les opportunités.

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