Gaëlle Lebeau, enseignante en Guyane : le retour en ligne de mire
Chercheuse à l’Université de Guyane, elle est en attente d’une opportunité de rentrer à la Réunion, soit par mutation de l’éducation nationale, soit en tant qu’ATER contractuelle. Portrait.
Pouvez-vous vous présenter ?
Gaëlle Lebeau, 31 ans, j’ai grandi à Saint-Pierre Bois d’Olives. J’ai quitté la Réunion pour poursuivre mes études en école de commerce (EM Normandie). Après mon Master, le plan était de revenir à la Réunion pour y vivre et travailler. J’ai trouvé un poste dans une grande enseigne de distribution sur l’île. J’y ai travaillé deux ans et demi en CDI, mais je ne gagnais pas grand-chose par rapport à mon diplôme, au coût de mes études (3 ans à 8500 euros l’année) et aux heures effectuées en tant que cadre. Par ailleurs mon conjoint était au chômage. C’est alors que nous avons pris la décision de partir.
Qu’avez vous fait ?
Nous sommes allés en Guyane et nous avons tous les deux repris nos études. J’ai commencé et achevé un doctorat en sciences économiques à l’école doctorale de Guyane. Aujourd’hui Docteure, je suis chercheuse et Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche contractuelle à l’université, et enseignante dans le premier degré à Saint-Laurent du Maroni (Education Nationale). Cela fait six ans que nous vivons en Guyane avec mon conjoint.
Quels sont vos projets ?
Je projette de rentrer à la Réunion, soit en attendant ma mutation dans l’éducation nationale (la mutation ne sera pas accessible avant cinq – six ans supplémentaires), soit en tant qu’enseignante à l’université. Même contractuelle dans un premier temps, je pourrais devenir maître de conférence chez moi, sur mon île.
Quelle est l’image de la Réunion en Guyane ?
La Réunion ici à l’image d’une île paradisiaque avec toutes les commodités et services développés français. La situation socio-économique à la Réunion est certes compliquée comparée à celle de la métropole. Mais maintenant que je connais la situation en Guyane, je vous assure que nous ne devrions pas être les premiers à nous plaindre. Même dans l’Hexagone, il y a un avantage à venir de la Réunion, c’est que c’est un territoire apprécié ; j’ai l’impression que nous souffrons moins de préjugés et de racisme que d’autres.
Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?
La mobilité m’a permis de faire mes études et même d’en commencer de nouvelles, d’accéder à un parcours professionnel et à un niveau de salaire qui ne seraient pas possible à la Réunion. Je mène aujourd’hui une étude sur les Réunionnais expatriés dans les autres départements d’outre-mer, en France Métropolitaine ou dans un autre pays. Nous savons que le retour au pays est souvent souhaité mais difficile pour diverses raisons. Cette étude se donne pour objectif d’être une base de réflexion pour la Région Réunion afin de rendre compte de cette réalité. Les réponses pourront, je l’espère aussi, servir à une publication scientifique : https://forms.gle/KhoeVibjXdFe1t6i7
Qu’est ce qui vous manque de la Réunion ?
Ce qui me manque le plus, en dehors de la famille, c’est la cuisine réunionnaise, la culture et les différents lieux : la plage, les hauts, la rivière…). L’objet qui m’a le plus manqué au quotidien dans mes études et que je n’ai pas pu ramener dans mes valises à cause de son poids, c’est le pilon pour cuisiner créole. Ce que j’ai ramené ce sont les habits identifiables à leur style et leurs couleurs. Ils sont un outil de reconnaissance entre Réunionnais à l’extérieur de l’île, je continue à en acheter notamment avec le drapeau réunionnais !
Répondre à l’étude sur le retour : https://forms.gle/KhoeVibjXdFe1t6i7