Grégory Blard : de la tradition familiale à l’export international (spécial retour à la Réunion)

Pouvez-vous vous présenter ?

Grégory Blard, 31 ans, originaire du Guillaume Saint-Paul. De parents divorcés, j’ai vécu chez ma mère (cadre) jusqu’à mes 17 ans, puis chez mon père (magasinier/sans emploi) jusqu’à la fin de mes études supérieures. Je suis le fondateur et PDG de la Maison BLARD, une maison familiale spécialisée dans la création de rhums arrangés haut de gamme.

Racontez-nous votre parcours de mobilité.

Après l’obtention d’un baccalauréat scientifique au lycée Jean Hinglo du Port, j’ai intégré une classe préparatoire aux grandes écoles du lycée Leconte de Lisle du Butor pendant deux ans. A la suite de différents concours, j’ai décroché une école d’ingénieur à Limoges, l’ENSCI (spécialisée dans la chimie minérale) où je suis resté de 2012 à 2015. À la fin de mon stage de fin d’études chez Wienerberger, un groupe multinational et leader mondial dans les matériaux de construction en terre cuite basée à Vienne (Autriche), j’ai été recruté dans cette même entreprise pour laquelle j’ai travaillé pendant six ans. De 2015 à 2020, j’ai donc vécu à Vienne en Autriche. Chef de projet junior à l’international à mes débuts, j’ai quitté l’entreprise en tant que responsable de la digitalisation des lignes de production du groupe.

Mon équipe de foot en Autriche

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?

Je dirais dans l’ordre la famille, la qualité de vie, la cuisine créole, l’envie de monter un projet pour faire connaitre notre patrimoine culturel à l’international. J’ai pu constater que nous ne sommes que très peu connus à l’étranger.

Dans quelles conditions s’est déroulé votre retour à la Réunion ?

Pendant la période Covid, j’ai demandé une rupture conventionnelle à mon entreprise autrichienne. J’avais déjà en tête l’idée des Arrangés Blard. On avait posé le Business Plan sur papier avec ma cousine, Cléa, et j’avais mon papa, Josian, pour les recettes. J’avais un peu d’argent de côté et j’ai validé mes années de travail avec pôle emploi à La Réunion.

Je suis rentré en septembre 2020, tout s’est bien déroulé : retrouvailles avec la famille, festins créoles, l’ambiance… Dès novembre, j’ai attaqué la création de la société et travaillé en même temps pour valider mes allocationse. Il me fallait travailler plus d’un mois sur l’île pour toucher mon droit au chômage. Au niveau logement, j’ai habité un peu chez mon père et ma mère au début. Puis j’ai rencontré ma chérie et il y eu l’arrivée de ma fille Emmy.

Dans quel état avez-vous trouvé le marché du travail en rentrant ?

Meilleur que lorsque je suis parti en 2012, mais je trouve qu’il y a encore un gros problème au niveau recrutement. Je vois encore beaucoup trop d’offres d’emplois rédigées comme si elles étaient uniquement à destination de métros, et donc non destinées aux locaux ou aux réunionnais de retour, alors qu’on a de très bons potentiels. Je n’ai pas vraiment ressenti un avantage concurrentiel, et il me paraît plus simple de créer une société (si on a un projet viable bien sûr) que de trouver un emploi salarié sur l’île.

Qu’avez-vous trouvé de changé à votre retour à la Réunion ?

Les infrastructures (encore plus de nouveaux bâtiments, de routes…), mais aussi un gros engouement pour l’entrepreneuriat à La Réunion. Je suis surpris qu’on n’ait toujours pas de lignes de trams/métros, que les transports en communs sont encore aussi peu développés... Le tri également : on n’est vraiment pas bons lorsque je nous compare aux pays germaniques comme l’Autriche.

Grégory et Josian Blard - Cléa Déliron

Quels sont les points de satisfaction / déception de votre retour ?

Les points de satisfactions sont les retrouvaille avec la famille, la qualité de vie, la proximité de la nature, entre mer et montagne. Les points de déception sont le coût de la vie et les embouteillages.

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ?

Que du positif ! Je pense que tous les Réunionnais devraient partir quelques années pour s’apercevoir de la chance qu’on a d’être né à La Réunion. Mon expérience de mobilité m’a permis de mieux me connaitre, de savoir ce que je voulais vraiment faire dans la vie et de m’ouvrir l’esprit. Cette expérience m’a fait changer mon regard sur le monde, j’ai compris qu’il peut être très vaste et très petit en même temps. Cela m’a donné l’envie de faire connaître notre culture dans le monde entier.

Présentez-nous la Maison Blard.

Dans ma famille il y a des agriculteurs de génération en génération. Chez nous, la création artisanale de rhums arrangés perdure depuis des décennies. Pour nous c’est un produit d’excellence, un héritage honorant une tradition ancestrale et un territoire d’exception. La force de la Maison, est avant tout l’héritage d’un savoir-faire familial forgé par plusieurs générations.

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

Arrangé Blard en deux ans c’est : le lancement de 9 saveurs de Rhums Arrangés, plus de 60 points de vente sur notre île (caves, aéroport, hôtels, restaurants...), l’export de notre gamme sur 5 territoires (Martinique, Guadeloupe, Maurice, France hexagonale & Pologne), la labélisation 100% La Réunion… et surtout de magnifiques rencontres, des moments de partages et d’échanges enrichissants ! Aujourd’hui les projets sont de faire de la Maison Blard et du rhum arrangé un patrimoine mondialement connu. Et montrer qu’on peut très bien créer une marque ultra premium à La Réunion qui s’exporte à l’international.

Quels conseils donneriez-vous aux Réunionnais qui comme vous souhaiteraient rentrer sur l’île ?

Pa kapab lé mort san essayé ! Alor rente a zot et si zot i trouv pa travay’, créé zot bizness ! Je finirai sur la famille. Je ne serais pas arrivé là si ma famille ne m’avait pas soutenu depuis le début !

+ d’infos sur : https://arrangeblard.com/ / www.facebook.com/ArrangeBlard

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