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Guillaume Hoareau, 22 ans, Interne en médecine vétérinaire à Philadelphie aux Etats-Unis

Publié le 29 janvier 2008

Après quatre ans d’école vétérinaire à Toulouse, Guillaume a sillonné les Etats-Unis pour passer sa thèse en médicine vétérinaire. "C’est la réalisation d’un rêve d’enfants… Maintenant j’ai un regard un peu plus critique sur ce pays".

Guillaume Hoareau
Soins intensifs à UC Davis : "Ici les gens consacrent jusqu’à 25 000 $ pour des soins animaux".

Racontez-nous votre parcours.

"Je suis originaire du chef-lieu et issu d’un milieu relativement modeste. Après un bac au lycée Levavasseur j’ai fait un an de classe préparatoire au lycée Pierre de Fermat à Toulouse, pour ensuite intégrer l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse".

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

"Je n’avais pas vraiment le choix. Il n’existait pas encore sur l’île de classe préparatoire au concours des Ecoles vétérinaires. C’est donc à 17 ans que j’ai été parachuté à Toulouse dans l’internat du lycée !"

Comment cela s’est-il passé ?

"Euh… de façon folklorique. La première année s’étant faite en internat, le plus dur a été de trouver des appartements où squatter pour les vacances ! J’ai été accueilli par un ami de la famille à qui je dois beaucoup. L’adaptation a été relativement facile, l’accueil étant plutôt chaleureux. Comme tout Réunionnais arrivant en métropole, j’ai dû trouver des synonymes à « Gabier » et « taillezong’ ». Je garde un excellent souvenir de mes années d’école à Toulouse : la vie étudiante me manque beaucoup ! "

Que faites-vous aujourd’hui ?

"Après quatre ans dans la ville rose, j’ai sillonné les Etats-Unis, un peu sur un coup de tête : rêve d’enfants, envie de bouger… J’ai effectué mon année d’externat aux Etats-Unis : University of California-Davis, University of Pennsylvania, Cornell University et Colorado state University. Puis je suis rentré en France pour la rédaction de ma thèse. Je suis maintenant interne dans un des plus gros centres hospitalo-universitaire vétérinaire des Etats- Unis, celui de l’Université de Pennsylvanie, à Philadelphie.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Pleins de choses ! La métropole m’a apporté une très grande ouverture d’esprit mais m’a aussi ouvert les yeux : « la Réunion c’est le botte ! ». Je pense que tout ça m’a fait réaliser à quel point je suis fier d’être réunionnais. Les Etats-Unis : c’est un peu un rêve d’enfants… Maintenant que c’est vu je peux avoir un regard un peu plus critique. Le côté positif concerne principalement ma carrière professionnelle : les gens investissent énormément d’argent dans leurs animaux, parfois un peu trop peut-être… Les factures sont au minimum de 1 000 euros, avec des maximums à 25 000 ! De ce fait l’apprentissage devient presque un jeu".

Quels sont vos projets ?

"Dur dur de répondre. Pourquoi pas rester un peu plus longtemps pour une spécialisation en urgences et soins intensifs. Après ça on verra bien où le vent me portera".

Guillaume Hoareau
Neurochirurgie animale en Pennsylvanie

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Ma maman et sinon… Le soleil, la nourriture (enfin « le mangé »), le climat, l’ambiance (avec les potes surtout), la mentalité… La Réunion quoi !"

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Le retour annuel pour les vacances est toujours très surprenant. J’ai l’impression que l’île fait des bons en avant dans son évolution, mais c’est une évolution à deux vitesses. D’un côté je vois beaucoup de nouvelles entreprises faire leur apparition. De l’autre certains jeunes me donnent l’impression de regarder de loin tous ces changements au lieu de « surfer sur la vague ». "

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Avantages : être réunionnais c’est avoir un esprit ouvert, je pense. Cela m’a beaucoup aidé. Et puis les gens sont souvent curieux et veulent en savoir un peu plus sur la Réunion. Autre avantage : même étant étudiant ou maintenant en ayant un peu moins de temps, je mange quand même autre chose que des pattes !
Inconvénients : quelques incidents de racisme (mais jamais rien d’ingérable)".

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

"En métropole : oui, énormément ! J’avais un excellent groupe d’amis. Ca fait vraiment du bien, on se sent compris quand on a envie d’un « bonbon dmiel » ! De supers soirées, de supers bouffes… Aux Etats-Unis je communique par Internet… Je n’ai pas rencontré de Réunionnais ici, c’est tellement grand et nous ne sommes pas très nombreux".

Guillaume Hoareau

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"Métropole : je trouve que l’image est parfois erronée. La première c’est l’image d’une île où l’on vit « relax » sur la plage à boire du rhum. La seconde c’est encore pire : les gens s’imaginent une colonie française sans école ni voiture. Je pense que nous avons un gros travail à faire là dessus en tant qu’expatriés !
Etats-Unis : ils ne connaissent pas, donc j’essaye de leur montrer les côtés sympas pour qu’ils y aillent en vacances. Les gens sont impressionnés par ce petit bijou au milieu de l’océan indien et ne comprennent pas toujours ce que je fais aux Etats-Unis".

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Les Etats-Unis sont un très beau pays. En résumé : beaucoup de géographie et pas d’histoire ! Il y a quand même un léger décalage avec ce que j’attendais. Sorti des grandes villes comme New York, on se retrouve vite dans petits coins paumés. C’est un pays très beau à visiter mais il faut faire attention à ne pas se retrouver au milieu de nulle part ! Philadelphie est une ville fantastique, beaucoup de choses à voir ou à faire. "

Et les Américains ?

"Les gens sont scindés en deux groupes : pour et anti Bush. Un conseil : en tant qu’étranger – Français surtout ! - ne pas donner son avis ! On entend souvent « ici on n’aime pas les Français mais toi je t’aime bien » ou « beaucoup d’Américains n’aiment pas les Français, pas moi bien sur ! ». Les relations sont plus superficielles qu’en France et encore plus qu’à la Réunion, dur dur de se faire de vrais amis… Ici pas de « passe la kaze a swar na fé un carry dzhamburger ». Il suffit juste de le savoir et de l’accepter et les amis viendront « ti lamp’ ti lamp’ ». "

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"De ne surtout pas hésiter l’ombre d’une seconde à partir ! Ce sera de toute façon une excellente expérience au niveau professionnel et/ou personnel. La Réunion bénéficiera aussi de tout ça en retour".

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