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Gwendoline Abasalon : Vangasay

Publié le 23 avril 2020

À l’occasion de la sortie de son 2e album aux couleurs de Jazz, de Pop et de Maloya, Gwendoline Abasalon se livre et répond à cette interview en partenariat avec ladilafé.

Photos : Sega, le petit photographe


Gwendoline, racontez-nous vos débuts avec la musique.

Je viens de St Denis, des Camélias. J’ai vécu pendant six ans à Bordeaux. Depuis mon enfance, j’écoute de tout : Soul, Blues, Jazz, Reggae, Maloya, Morna, Classique, Variété française ou internationale et musiques du monde. Et depuis toute petite déjà, je voulais faire de la musique. Il y avait des musiciens dans ma famille, mon oncle m’a appris les rudiments de la guitare et m’a fait chanter des chœurs maloya quand j’avais seulement dix ans ! Maintenant je joue de plusieurs instruments, de la guitare depuis l’âge de 12 ans, des percussions traditionnelles, kayam, roulèr, depuis une huitaine d’années. Je vais régulièrement à des concerts, j’aime la musique vivante.

Parlez-nous de votre nouvel album, Vangasay ?

J’ai découvert ce mot dans un dictionnaire franco-créole que m’a offert son auteur, Alain Armand. J’y ai appris que la vangasay, fruit d’origine malgache ou vietnamienne, est réputé pour ses vertus médicinales anti grippe ! Comme cette maladie est un symbole de la nécessité de faire une pause dans sa vie, étant moi-même dans un cheminement de reconstruction, j’y ai vu un signe. Après coup, compte tenu de la pandémie internationale, c’est à se demander si j’ai été visionnaire !

Cet album, produit par le pianiste Hervé Celcal, qui a arrangé et réalisé l’album, c’est le fruit de ma propre introspection. Il est inspiré de faits réels, d’expériences propres, mais qui dépassent les frontières. J’y raconte en partie mes voyages. Les influences musicales sont variées, Jazz, Maloya, Morna, Bèlè, entre pop et world. Les mélodies viennent du monde, et les instruments utilisés sont plutôt traditionnels, piano, keyboards, guitare, percussions, batterie. C’est un métissage musical entre La Réunion, le Cap-Vert, l’Inde, Madagascar et la Martinique. Je chante d’ailleurs en créoles réunionnais et martiniquais, en portugais, et en français, avec à chaque fois des émotions différentes, car l’histoire de ces langues n’est pas la même. Dans le livret de l’album, j’ai créé un lexique franco-créole et les paroles sont traduites en français, avoir le visuel et le son à la fois est précieux, et le fait d’avoir l’objet dans les mains permet de ressentir pleinement la musique.

La Réunion tient évidemment une grande place dans cet album, par son histoire et sa richesse culturelle. J’y parle aux ancêtres, aux générations futures, aux femmes et j’utilise notre langue, le créole ! Je fais référence à des choses peut-être oubliées, je crée des expressions. Le clip Vangasay qui est sorti début février témoigne bien de cela. On y voit le métissage des femmes, des fillettes, et deux hommes : un gramoune et un propriétaire de bœuf Moka, un paysage luxuriant, du lim Tayiti et du rhum ! L’histoire et l’identité réunionnaise font toutes les deux parties de moi. Alors elles ont la place qu’elles méritent : elles sont vivantes et présentes dans ce que je produis. Enfin, si je devais qualifier cet album en trois mots : Vertus, liens, paradoxe.

Parlez-nous de votre démarche artistique, de votre inspiration.

En général l’inspiration me vient de façon complètement inattendue. Je peux être chez moi, dans un bus, à bord d’un avion, ou autre. Quand elle m’arrive, je la prends : étant donné que j’ai toujours mon calepin avec moi, j’écris. Parfois la mélodie ou l’orchestration m’arrivent dans la tête en premier, alors j’enregistre avec mon dictaphone.


Ma philosophie de vie s’inspire en général de ce que j’ai appris. Je cherche à m’instruire beaucoup… J’aime faire passer des messages dans mes chansons, en essayant d’être ni trop subtile, ni trop directe, je dirais que j’utilise le juste milieu (sourire). Je suis très proche de mon public, j’ai vraiment une relation privilégiée avec lui. Pour moi, le rôle d’un artiste est de transmettre des émotions et de contribuer à la montée vibratoire de l’Univers

Un message aux jeunes artistes réunionnais ?

À ceux qui veulent se lancer dans la musique : foncez, faîtes ce qui semble bon pour vous. Ne laissez personne vous dire que vous n’en êtes pas capables. Par exemple, dans mon entourage le métier de musicien n’est pas forcément bien vu, tout comme en général, faire le choix de vivre pleinement de sa passion...

Je suis persuadée qu’au fond, nous sommes tous artistes. Certains chantent, dansent, jouent de la musique, écrivent, peignent, ont une belle élocution etc... Il faut juste y croire. Pour s’épanouir, pour s’exprimer un artiste a besoin de se connaître, c’est un long chemin. Il a aussi besoin de comprendre, de ressentir, d’accepter. Il a besoin d’un cadre propre à lui.


Les reprises sont un bon moyen de se faire connaître, car les gens ont besoin d’un repère de ce qu’ils ont déjà entendu, l’astuce est d’y mettre sa signature vocale et/ou musicale. J’ai ainsi repris une des dernières chansons de Henri Salvador : Jardin d’hiver.

Je pense qu’on a pas encore pris suffisamment conscience de la grande place de la Musique dans la Culture Réunionnaise, et dans son rayonnement. Mais ça viendra, j’en suis persuadée. Les artistes Réunionnais, qu’ils chantent en créole ou non, doivent cultiver une certaine ouverture d’esprit, une ouverture au monde qui permet de voir plus loin. Car plus on s’élargit, plus on progresse.

Des concerts à venir ?

Vangasay est sorti numériquement le 27 mars (c’est impossible autrement !) dans le label Ting Bang, avec une distribution chez L’Autre Distribution. Il sortira physiquement sous forme de CD dès que le contexte sanitaire le permettra.
Le confinement dû au Covid-19 engendre le report de toutes mes dates. Je serai présente sur le Iomma (grand marché des tourneurs world) pour un showcase en septembre et je suis heureuse d’être programmée au Sakifo le 11 septembre 2020. Puis direction métropole, au Studio de l’Ermitage à Paris le 14 octobre. Une date est prévue à Bordeaux aussi. Le reste des dates sera donné prochainement au public via ma page artiste Facebook « Gwendoline Abasalon » et sur mon site gwendolineabsalon.com.

Un message aux Réunionnais du Monde ?

Merci pour tout votre investissement dans l’évolution des pensées sous toutes ses formes.

Gagnez le CD de "Vangasay" sur la page ladilafé et des places de concert prochainement sur Réunionnais du Monde !


« Vangasay » sur Spotify / Apple Music / Deezer


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