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Hanna Allouard, artisan glacière en Nouvelle-Zélande

Publié le 21 mars 2023

Un petit kiosque de glaces artisanales fabriquées à la main avec son mari, une vie tranquille sur la côte néo-zélandaise : c’est la recette du bonheur d’Hanna, saint-pierroise qui a quitté l’île à 20 ans, armée d’un BTS et de son envie de voyages. Elle nous raconte son parcours.


Pouvez-vous vous présenter ?

Hanna Allouard, 30 ans, originaire de Saint-Pierre. Après un Bac Littéraire, j’ai fait un BTS Hôtellerie-Restauration. J’ai toujours voulu vivre à l’étranger, c’est en partie pour cela que j’ai suivi ces études. Je suis partie de l’idée que les gens auront toujours faim, besoin d’étancher leur soif et de se reposer... Le tourisme est un corps de métiers qui se retrouvent partout et emploient toujours ! Après mon BTS en juin 2013, j’ai pris deux travails pour pouvoir économiser de l’argent pour partir en Australie. 

Pourquoi l’Australie ?

Je ne connaissais rien de l’Australie ; je savais juste que je voulais aller là-bas pour apprendre l’anglais... tout en vivant dans un pays chaud (j’ai besoin de chaleur !) Quand j’ai pu, j’ai acheté le billet d’avion le moins cher pour la destination "Perth". Je pensais naïvement atterrir sur la côte est, près de Sydney... Quelle surprise quand sur l’écran de l’avion, j’ai vu que j’atterrissais sur la côte Ouest ! Je suis heureuse d’avoir fait cette erreur, car c’est dans cette partie là du pays-continent que j’ai rencontré l’âme soeur...

Nos projets ? Continuer à faire grandir notre entreprise de glaces artisanales, développer le service traiteur, et notre présence sur les mariages et les festivals…

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je suis auto-entrepreneuse. Mon mari et moi avons ouvert notre propre "Gelatiera" en Nouvelle-Zélande. Nous fabriquons des glaces artisanales et les vendons depuis notre petit kiosque « vintage ». Nous avons choisi ce pays calme, tranquille, où tout semble possible ! Ici c’est très facile d’ouvrir sa propre entreprise, il n’y a pas beaucoup de contraintes administratives. Le gouvernement essaie vraiment d’aider les habitants de cette facon-là. Raglan en particulier est une bulle dans la bulle. La plupart des gens sont cools, calmes, aidants... Personne ne juge personne. On peut sortir en pyjama, pied nus, pas coiffés, pas maquillés, personne ne nous regardera de travers ! Il y a un vrai sens de la liberté ici ...

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

J’apprends chaque jour sur moi-meme, sur autrui, sur la planète... La mobilité m’a ouvert le coeur et l’esprit. Je ne sais pas qui je serais devenue si j’étais restée à la "maison", mais une chose est sûre, je suis une bien meilleure personne depuis que je suis partie… Ce qui est sû aussi, c’est que je ne serais pas arrivée là si mes parents ne m’avaient pas inculqué les valeurs du travail, de la confiance en soi et de l’ambition. Et si Monmon lavait pas dit a mwen : "aah y faut ou sa voir ailleurs kosa y spasse, res’ pas ici." Oté merci bana !


Quels ont été les avantages et inconvénients de venir de la Réunion ?

C’est un avantage d’avoir deux langues maternelles, le kréol et le français ! J’ai appris l’anglais bien plus vite que la plupart des zoreils expat’ autour de moi. Le cerveau évolue de facon différente lorsqu’on grandit bilingue. J’encourage tous les Réunionnais à apprendre les deux langues à leurs marmays… De l’autre côté, c’est une galère de revenir à la maison ! Les avions ne passent pas souvent dans ce coin de la Terre et souvent, je dois en prendre quatre pour revenir à la Réunion. C’est très long, très cher, très fatiguant ...

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

La vie de l’île serait tellement plus agréable s’il y avait moins de voitures et plus de transports en commun… A la Réunion je ressens la paix, la tolérance, l’harmonie entre toutes les différences ; une réunion de peuples, de croyances, de traditions qui s’entrelacent pour créer notre propre culture réunionnaise. Quand l’avion approche et que je vois cette "émeraude reposant dans un écrin de saphir", (La Réunion verte au milieu de l’océan bleu), je pleure de bonheur à chaque fois ! Rien que d’y penser, j’en ai des frissons. 974 dan ker !

La petite ville de Raglan en Nouvelle-Zélande

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Oui ! Dans mon petit village côtier néo-zélandais, il habite un autre Reunionnais ! Nous sommes très bons amis, il a même cuisiné un énorme carry poulet pour mon mariage ! C’était en 2021, quand les frontières de la Nouvelle-Zélande étaient fermées, donc aucun membre de ma famille n’a pu y assister en chair et en os. Ca faisait plaisir de manger un plat typique de la Réunion malgré les circonstances... 

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Quand je suis partie en 2014, je n’ai rien ramené de particulier, j’essayais de voyager léger... Maintenant, je ramène toujours du massalé de ma Mémé. J’ai fini mon pot la semaine dernière et la bouteille de Charrette est vide aussi. Il est temps de faire une petite visite à la Réunion. Peut-être que cette fois-ci, j’aurais le courage d’acheter un vrai pilon réunionnais et de le fourrer dans ma valise ! C’est mon rêve, mais c’est tellement lourd ...

Ici les surfeurs ne connaissent la Réunion que pour les requins malheureusement... Alors, j’essaie de leur raconter l’histoire de l’île en long, en large et en travers !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Je trouve ça triste qu’il y ait un taux de chômage aussi élevé. Il y a tant de secteurs à développer, surtout celui de la protection de l’environnement. Pour moi, la Réunion a encore beaucoup de chemin à parcourir. Le mode de vie n’y est pas durable et responsable... 

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Pouvoir aller voir ma Mémé tous les dimanches, célébrer les communions, anniversaires, mariages, baptêmes avec ma famille... Je loupe tant d’événements, et je vis tant de moments spéciaux seule, sans famille. Heureusement, je me suis entourée de gens incroyables en Nouvelle-Zélande... mais la famille de sang y gain pas remplace sa !


+ d’infos : www.raglangelato.co.nz / www.facebook.com/raglangelato


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