Publicité

Harinala Rambolamanana, professeur de Français Langue Etrangère à Bangkok

Publié le 30 septembre 2008

Originaire de Saint-Leu, Harinala a choisi un métier lui permettant de voyager. Après la Hongrie et la Malaisie, elle se retrouve à 29 ans, professeur de FLE à l’Université Silpakorn de Bangkok en Thaïlande.

Harinala Rambolamanana
"Ces derniers temps, je me suis sentie étrangère à la France, et en France. J’ai donc décidé d’être étrangère ailleurs !"

Racontez-nous votre parcours.

"J’ai toujours habité Saint-leu, une ville très sympa. Je viens d’un milieu plutôt aisé, d’une mère dans l’éducation nationale, et d’un père médecin. Comme la plupart des jeunes de la Réunion, c’est une fois le bac en poche que je suis partie pour les études".

Qu’avez-vous fait ?

"J’ai d’abord fait une année à Rennes, avant d’aller dans le Sud. Honnêtement ce n’a pas été facile. Même si c’est une ville très sympa, j’ai d’abord trouvé les gens froids, méfiants... Mais finalement, à grands coups de pic à glace, tout s’est très bien passé avec les métropolitains. Heureusement, la communauté des Dom Tom, mais aussi les Malgaches, les Africains... sont très soudés en métropole. Ca aide !"

Et ensuite ?

"J’ai fait mes études à la fac de lettres de l’Université d’Aix-en Provence. J’ai trouvé mon premier emploi d’enseignant en Hongrie, en lycée et alliance française, puis j’ai passé un an à faire des vacations dans l’éducation nationale. Et puis je suis partie pour un poste dans une alliance française de Malaisie. Maintenant me voici à Bangkok".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Ces derniers temps, je me suis vraiment sentie étrangère à la France, et en France. J’ai donc décidé d’être étrangère ailleurs ! Ca me plaît énormément car j’apprends beaucoup en désapprenant, et m’interrogeant sur ma propre culture "créolo-malgacho-française". Et évidemment, professionnellement, j’enrichis toujours plus mon CV".

Quels sont vos projets ?

"M’étant engagée dans la voie du FLE, j’espère pouvoir continuer aussi longtemps que possible, et puis pourquoi pas retourner sur l’île travailler dans les milieux associatifs ?"

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Pour moi la Réunion, c’est la maison. Alors tout me manque : la famille, les amis, le rougail saucisse, le carry zourite, le rythme de vie, les fêtes... et beaucoup de lieux attachés à de bons souvenirs".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Ce que je souhaite à la Réunion, c’est de s’autonomiser de la Métropole et de renforcer les coopérations régionales. La Réunion a quand même une chance énorme d’un point de vue localisation : au coeur de l’océan indien, elle a toutes les îles comme voisines, l’Afrique, des vols directs pour l’Asie ou l’Australie. L’avenir de l’île pour moi est dans ces partenariats là".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Inconvénient ? Sincèrement, aucun ! Avoir vécu à la Réunion a toujours été une chance pour moi. On attire la curiosité et la sympathie, et surtout la Réunion nous a insufflé des valeurs comme la tolérance, la solidarité, la détermination et une grande capacité d’adaptation. C’est un bon bagage pour partir dans la vie !"

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"Euh... Personne ne connaît. Alors pour leur situer je cite l’île Maurice, et je dis que c’est juste à côté. En Thaïlande, ils ont du mal à saisir la notion de Dom Tom. Ils finissent toujours par dire : "Ah bon ? Je ne savais pas que la France avait encore des colonies !" Hum. Hum".

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Je commence à bien connaître la Thaïlande car je me suis promenée un peu partout. Bangkok n’est qu’un des visages du pays, mais ce n’est pas le moins intéressant. Au delà de sa réputation sulfureuse, ce qui me surprend c’est les contrastes et les contradictions de cette ville. Elle semble être tout et son contraire et les Thaïs sont un peu comme ça : modernes et traditionnels, dévergondés et pudibonds, soupçonneux et accueillants... Personnellement, même si je ne compte pas y passer des années, j’adore ! Et puis, être en Thaïlande permet de voir le reste du continent, qui est tout simplement fascinant".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Je les encourage de tout coeur à partir de l’île, pour voir un peu ce qu’il se passe ailleurs, et de prendre toutes les occasions pour accumuler des expériences. Mais en prenant soin de revenir régulièrement pour « faire le plein »".

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

"C’est le genre d’initiative qu’on attendait tous. Donc longue vie au site !"

Voir le profil de Harinala


Lire aussi : Bangkok en ébullition : une Réunionnaise témoigne

Publicité