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Ingrid Von-Pine, 33 ans, artiste peintre à Orléans

Publié le 14 août 2007

"Ma famille est du Tampon. Mes parents ont quitté l’île pour trouver du travail en France. Ils ont eu cinq enfants, dont une qui est restée à la Réunion. Moi je suis née en Métropole. Malgré tout, j’ai été élevée dans la culture réunionnaise, j’allais au pays pour les vacances".

Ingrid Von-Pine

Quel a été votre parcours ?

"J’ai grandi à Orléans, je suis allée au lycée Potier où j’ai pris l’option arts plastiques, puis je suis partie vivre à Montpellier à l’âge de 19 ans. J’ai eu deux filles et j’ai quitté cette région pour Poitiers, puis Niort, pour revenir près d’Orléans où j’ai eu deux autres filles. En septembre 2005 j’ai été contactée par TF1 pour participer à une émission de « fiction réalité » (« Starting Over »), qui m’a permis de me révéler en tant qu’artiste peintre autodidacte. Une expérience dure mais enrichissante… Aujourd’hui je prépare une exposition en Allemagne et souhaite continuer à exposer ensuite sur Orléans".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Ce qui me manque est le rapport humain, qui n’est pas le même en Métropole. Les odeurs, la mer, la nature et surtout ses couleurs… « Là-bas, je me sens enfin chez moi ». Ici j’ai besoin de me sentir entourée de Réunionnais. D’avoir l’occasion de partager un ti carri péi avec un rougail tomate. Plus globalement, ma « multi-culture » est un avantage. Elle me donne une plus grande capacité d’adaptation et une plus grande ouverture vers les autres".

Ingrid Von-Pine
"Le fait d’être îlienne se ressent sur mes toiles. Mon approche artistique est plus colorée, plus vivante. J’aime le mouvement, la chaleur, les couleurs vives et cela se voit dans mes toiles. La Réunion fait partie de moi et cela se voit !".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Je trouve que le tourisme apporte du travail mais dénature un peu l’île. Il faut donner la possibilité aux Réunionnais d’être plus autonome (supprimer la fracture numérique par exemple), faciliter les études pour nos jeunes, la création d’entreprise, les échanges commerciaux vers d’autres pays, ainsi que l’exportation de la musique qui reste dure à trouver en France".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"Une image qui commence à s’éloigner des clichés habituels car je parle beaucoup de l’île autour de moi. Les mentalités changent. Les gens s’intéressent de plus en plus à la culture réunionnaise et plus seulement aux plages et au Piton de la fournaise".

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Je vis dans un village de 1500 habitants près d’Orléans ; les rapports sont moins froids qu’en ville… Il y a un aspect plus familial. De plus il y a quelques familles réunionnaises. J’avoue que c’est un plus pour moi comme pour mes enfants".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Je ne vais pas leur cacher que l’adaptation est dure : il faut se battre contre certains clichés pour pouvoir faire sa place et la mentalité n’a rien à voir avec la Réunion. Le franc-parler et l’humour ne sont pas forcément bien perçus par les métros, mais une fois qu’ils apprennent à nous connaître, ils apprécient énormément ! Ne jamais oublier d’où l’on vient : c’est là qu’on puise sa plus grande force".

Voir le blog d’Ingrid

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