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Irchaad Hossen : 9200 km à vélo de Paris au Cap Nord

Publié le 23 novembre 2023

« Je m’étais toujours dit que je ferais un grand voyage pour mes 30 ans ». Etapes, matériel, budget… Cet ingénieur réunionnais installé à Paris raconte son périple de quatre mois et demi qui l’a fait traverser Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Suède, Finlande et Norvège.


Pouvez-vous vous présenter ?

Irchaad Hossen, 33 ans, originaire de Saint-Denis. J’ai fait une année de prépa BCPST post bac au Tampon, puis j’ai quitté l’ile pour intégrer l’école d’ingénieur Unilasalle sur le campus de Rennes pendant quatre ans. Diplômé ingénieur en 2013, j’ai complété mon cursus par un mastère spécialisé à AgroParisTech à Paris, où je vis depuis lors. J’ai donc une formation d’ingénieur en gestion des déchets. Je travaille actuellement chez Corepile, éco-organisme en charge de la collecte et du recyclage des piles et accumulateurs usagés.

Jour de départ

D’où vous vient ce projet de grand périple à vélo ?

Je m’étais toujours dit que je ferais un grand voyage après mes 30 ans, mais le COVID est passé par là. Je me suis vraiment mis au vélo juste après le premier confinement en 2020, séduit par la relative liberté qu’apporte ce mode de voyage et son peu d’impact environnemental. J’ai commencé à faire quelques jours d’itinérance, avec ou sans tente. Puis à l’été 2022 je suis descendu jusqu’à Montpellier pour vraiment tester ce type de voyage et si la succession de nuits en tente me convenait. L’idée d’aller au Cap Nord m’est venu en voyant un reportage sur la Norvège sur Youtube et aussi grâce au retour d’expérience d’un cyclovoyageur sur un groupe Facebook dédié aux voyageurs à vélo. Les paysages traversés étaient incroyables, je me suis dit « pourquoi pas moi » ?


Comment avez-vous organisé ce voyage ?

L’idée était de partir et de revenir à Paris sans utiliser d’avion ou de train, mais pour le reste, j’avais juste deux "objectifs" : atteindre le Cap Nord, et prendre le temps de visiter les iles Lofoten en Norvège. J’ai calculé mon trajet et mes étapes en fonction du nombre de jours que j’avais (quatre mois et demi). Je me suis fixé d’atteindre le Cap Nord en moins de deux mois en passant par la côte suédoise, pour me laisser le temps ensuite d’apprécier la redescente par la côte norvégienne.


Parlez-nous de votre matériel.

Je suis parti avec un vélo Btwin Décathlon, acheté d’occasion en 2020 sur le Bon Coin. Le propriétaire m’avait également cédé les deux sacoches arrières. J’ai complété mon équipement au fur et à mesure pendant trois ans, au gré de mes trajets en itinérance. J’ai notamment investi dans une sacoche de guidon, deux sacoches de cadre et deux sacoches de fourche. J’avais déjà une tente et un matelas gonflable, que j’ai complété par un sac de couchage 0° pour ne pas avoir froid la nuit, un oreiller gonflable et des vêtements de pluie adaptés. J’ai également investi pour mon trajet Paris - Montpellier dans une batterie externe et un petit panneau solaire portatif qui m’ont également bien servis.


Je suis parti tout seul, mais j’ai rencontré des voyageurs à vélo pendant le trajet. J’ai pédalé quelques jours en Suède avec un Néerlandais, qui m’a hébergé sur mon trajet retour. J’ai aussi fait une partie de mon parcours en Norvège avec une Allemande, un Anglais et un couple de Français.


Y-a-t-il eu des imprévus ?

Durant la montée vers le Cap Nord, j’ai dû adapter mon voyage car je m’étais ouvert le doigt à Copenhague, nécessitant des points de suture. Pendant 10 jours le bivouac ne m’était pas conseillé. J’ai jonglé entre différents sites pour trouver des logements en dur (chez l’habitant ou en Airbnb).

Le Cap Nord en Norvège

J’ai adapté mon trajet retour en fonction des randonnées que je voulais faire, mais aussi des conseils que de la part d’autres cyclotouristes ou de locaux. Il a fallu aussi prendre en compte la météo, très pluvieuse sur la partie sud de la Norvège. J’ai fait des arrêts dans certaines villes pour prendre le temps de les découvrir et de les visiter.


Niveau couchage, j’ai principalement fait du bivouac sauvage et des nuits en camping. Mais j’ai également été hébergé chez l’habitant en utilisant des sites tels que warmshower, welcometomygarden et airbnb en Allemagne, aux Pays Bas, en Belgique et en Suède.


Avez vous des anecdotes de ce voyage à partager ?

Je me suis arrêté par hasard en Suède dans une petite ville (Vargarda), dont est originaire le seul Suédois (Gösta Pettersson) ayant gagné un grand tour cycliste (le Giro). Le couple qui m’a hébergé cette nuit là m’a fait visiter en pleine nuit le petit musée qui résume sa vie sportive.
J’ai pu expérimenter les moustiques et autres moucherons en Suède et en Finlande et je peux dire qu’ils sont bien pires qu’à la Réunion ! Un matin, j’étais tellement pressé de partir car assailli de moustiques que j’ai oublié mon casque au camping. J’ai pu en racheter un à Alta, dernière ville avant le Capnord.


J’ai rencontré un couple de retraités français en arrivant au Cap Nord, qui m’ont gentiment invité à diner avec eux dans leur camping car. On s’est ensuite retrouvé par hasard 3000 km plus tard dans la plus vieille ville du Danermark (Ribe) que nous visitions le même jour.
Sur le trajet retour, je me suis accordé une nuit dans un hôtel 4 étoiles en Allemagne, dont le personnel n’avait jamais accueilli de client voyageant comme moi. Le contraste entre le standing de l’hôtel et mon apparence était assez drôle. 

L’arrivée à Paris

Au final, combien vous a coûté ce périple ?

Je ne m’étais pas fixé un budget spécifique. Si on ne considère que les dépenses à partir de mon départ, je m’en suis sorti pour 6000€, sachant que le coût de la vie est très élevé dans les pays nordiques, notamment en Norvège. D’ailleurs, refaire des courses en redescendant en Allemagne m’a donné l’impression de regagner beaucoup en pouvoir d’achat (jusque 40% de différence sur certains produits !).


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