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Jean-Raoul Ismaël : le Dyonisien magnat de l’immobilier

Publié le 18 janvier 2022

L’aîné d’une famille de dix enfants parti de la Réunion à 17 ans sans un sou est devenu spécialiste de la rénovation des immeubles anciens à Paris. A 74 ans, « JR » a diversifié ses activités et investi dans son île natale, notamment dans le domaine de l’art. Son premier roman intitulé "Le Paladin du Piton de La Fournaise" sera publié aux éditions LBS - Albin Michel en mai 2022.

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Jean-Raoul Ismaël, né le 13 avril 1947 à Saint-Denis de la Réunion. Divorcé, deux enfants. Après avoir fait ses armes à la Banque de l’Union immobilière, il devient marchand de biens à la fin des années 70 en vendant des appartements parisiens à des Réunionnais fortunés. Aujourd’hui à la tête de JRI & Associés, ce travailleur forcené revient sur son parcours hors norme dans le secteur immobilier (Interview accordée à Réunionnais du monde en janvier 2022 - Extraits articles Entreprendre (2020) et L’Enjeu Economique (1991))

1965, rue Général de Gaulle à Saint-Denis. Au garage « Loulou », l’aîné des dix enfants de la famille Ismaël rêve d’autres rivages… « Fils d’un garagiste de Saint-Denis, mes parents m’ont inculqué l’ambition de voir loin et de viser haut. J’ai fréquenté le lycée Leconte-de-Lisle à Saint-Denis, sur les traces de mes deux illustres compatriotes, Raymond Barre et Jacques Verges, pour qui j’éprouve une grande admiration ».

Une réalisatrice venue à La Réunion pour le tournage de l’émission « 16 millions de jeunes », le sollicite pour témoigner en tant que jeune réunionnais. Le courant passe bien. Elle lui fait découvrir la littérature, lui donne confiance en lui et lui ouvre de nouveaux horizons. Quelques semaines après son départ, le jeune Jean-Raoul fait tout pour la retrouver à Paris. A 17 ans, sans rien dire à ses parents, il se rend au BUMIDOM qui vient d’être créé, et il étonne : les candidats au départ sont rarement, à l’époque lycéens. Le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer lui propose une formation d’ouvrier chauffagiste à Paris… l’équivalent d’un billet sans retour. Qu’importe, sa décision est prise. Il informe ses parents de son départ la veille de prendre l’avion. Les dés sont jetés…


Arrivé dan « péi la fré », l’accueil de la réalisatrice ne lui laisse aucune illusion. Il se souvient alors de deux vieilles tantes qui vivent à Albi. Avec ses derniers francs, il prend un billet de train pour Toulouse et est accueilli à bras ouverts par les deux vieilles dames. Il termine sa 1ère par correspondance puis passe le Bac à Toulouse où il fait aussi deux années de Droit. « C’est là que j’ai réalisé ma première opération immobilière, en vendant la maison de mes tantes à Albi et en achetant une nouvelle demeure à Toulouse. »

Direction Paris où il réussit à se faire embaucher en stage dans une banque d’affaires spécialisée dans l’immobilier : la Banque de l’Union Immobilière. « Là, j’ai rencontré le métier pour lequel je me sentais fait. J’aime l’immobilier comme forme de placement. Cela correspond à mon côté réaliste, terrien. Au moment de mon embauche, quand on m’a donné le choix entre un statut de salarié et celui de commercial, j’ai opté sans hésiter pour la deuxième formule : le vrai challenge ! »

A la Banque de l’Union Immobilière, Jean-Raoul Ismaël grimpe rapidement les échelons. Après six mois de formation, il devient conseiller en gestion de patrimoine immobilier. Puis il démissionne au bout de 18 mois pour devenir marchand de biens à Paris. Dans la capitale ou à Bordeaux, à son compte il achète, il vend, il rénove. « J’ai acheté mon premier immeuble à l’ âge de 29 ans dans le 14ème, à Paris, en face de la Tour Montparnasse. L’opération s’est très bien passée, et d’autres ont suivi avec succès. J’ai développé des projets immobiliers de première catégorie destinés à une clientèle haut de gamme. J’ai progressivement constitué un groupe pluridisciplinaire de services immobiliers assurant des prestations de marchand de biens, promoteur, administrateur de biens, syndic de copropriété, maître d’ouvrage. »

Jean-Raoul Ismaël à la une de L’Enjeu Economique (1991)

La crise financière post-Guerre du Golfe et la réforme de la loi Malraux des années 92 le conduisent à revoir le modèle économique et l’organisation de son groupe (JRH), qui comptait alors plus de 100 personnes. Après d’âpres négociations avec les banques, JRH cesse ses activités et il rebondit avec une structure légère composée de quelques salariés et d’un éventail de sous-traitants. « Cette reconfiguration m’a permis de poursuivre mon bonhomme de chemin. »

« Depuis 2012, j’ai réalisé d’importantes opérations immobilières et hôtelières à Paris intra-muros, plus largement en Ile de France, en province et à la Baule, Pays de Loire. J’ai pris le temps de me ressourcer, d’assouvir ma passion secrète pour la lecture, de voyager (avant le Coronavirus) et de continuer à travailler. Je prête davantage attention aux autres et aux rencontres que je fais. »

Son lien avec la Réunion

« J’ai le privilège de me déplacer sur l’île depuis toujours mais les odeurs de la Réunion me manquent. J’habite Paris entouré de meubles de La Compagnie des Indes ramenés ici. » Membre du conseil d’administration de "L’amicale des réunionnais de Paris", ce passionné de football a longtemps été mécène de l’équipe de La Patriote à Saint-Denis. Mais c’est surtout dans l’art qu’il s’est investi ces dernières années en ayant cocréé le Festival de Street Art de La Réunion (2 éditions). « Cette forme d’art nait partout dans les quartiers pauvres, comme à La Réunion : aux Camélias, au Chaudron et à la « Ruelle Pavée », où je suis né. Le premier festival Street Art de La Réunion en 2019, parrainé par l’emblématique Lady Pink, surnommée « la première femme du graffiti », a été un vrai événement. Nous souhaitions faire connaître les artistes locaux, professionnaliser le secteur et favoriser les rencontres internationales dans un contexte culturel stimulant.


Avec mon ami Alain Guinot, associé au sein du Cabinet Deloitte, nous caressons aussi d’autres projets. Notre démarche est totalement spontanée et altruiste. Notre objectif est de rendre à notre île natale ce qu’elle nous a transmis en termes de singularité. Nous voulons être un pont avec la génération des forces vives sur l’île en montant une Fondation de street-art et d’Art contemporain à la Réunion. L’objectif : faire de la Réunion une destination de Street-Art.

Ses « secrets » de réussite.

Jean-Raoul Ismaël : J’ai toujours senti, imaginé et fait les choses avant les autres. Dès de la fin des années 70, j’ai été l’un des premiers à exploiter les possibilités offertes par la Loi Malraux. J’avais imaginé le concept d’Airbnb et mes nombreux clients ont pratiqué la location en meublée dès 1992. Aujourd’hui, j’expérimente le financement immobilier par les Token (monnaie digitale) porteuse de nouvelles opportunités. J’aime me projeter, imaginer et mettre les choses en perspective, pour démultiplier le champ des possibles et construire l’avenir, tout en essayant d’avoir toujours un coup d’avance.


« j’ai travaillé 15 heures par jour. Ce que j’ai, je ne le dois qu’à moi-même. »


Dormant peu, j’ai la chance de pouvoir profiter de longues journées. Je m’impose une hygiène de vie assez stricte pour préserver ma santé et mon équilibre vital : je ne bois pas d’alcool – ma dernière « cuite » remonte à mes 23 ans (rires) -. Depuis plusieurs années, je mange sainement et je pratique la méditation. Mon cigare quotidien demeure mon seul péché. L’écriture est, quant à elle, devenue un véritable rituel quotidien, auquel je m’adonne avec délectation.

Son conseil.

J’ai eu le privilège d’épouser un métier pour lequel j’avais, à priori, des dispositions. Tout est parti de là. J’encourage les jeunes de la Réunion et d’ailleurs à entreprendre, car seule l’entreprise nous permet de nous dépasser. Je conçois difficilement que la Réunion puisse continuer à vivre uniquement de transferts sociaux. Je ne suis pas pessimiste mais je pense qu’un choc psychologique sera nécessaire pour faire bouger les choses. C’est dans les moments difficiles que l’imagination est sollicitée, donne de la force et de l’énergie. La priorité aujourd’hui est d’amener les gens à réfléchir autrement. 


« Ma réussite à Paris serait pour moi un échec si j’oubliais la Réunion »


Ses enfants.

Ma fille Audrey est musicienne, auteur compositeur et scénariste. Elle compose au cinéma et à la télé et doit sa jeune notoriété à la dernière musique du film de Marion Cotillard « Gueule d’Ange ». Elle co-écrit également des scénarios de film, dont le premier, « Equinoxe », fut présenté au « Festival Sopadin ».

Mon fils, Johann, avec qui je partage la passion du ballon rond, a parfaitement réussi son entrée dans la vie active après un brillant parcours universitaire. Diplômé d’HEC, licence de mathématiques à Centrale, Master de Stanford, il a pu faire de belles rencontres lui permettant de travailler chez « Eyegroove », rachetée par Facebook en 2016. Il vient de sortir son premier album vinyle, produit par le Label « Silent Season », spécialiste des sons hypnotiques et atmosphériques propre à la musique électronique se concentrant sur l’exploration du monde naturel. Je demeure bluffé par l’intelligence émotionnelle, la fibre artistique et le caractère bien trempé de mes enfants.

Art et Immobilier.

J’éprouve un plaisir quasi charnel à côtoyer la richesse artistique et architecturale du patrimoine français. Le domaine de l’immobilier me donne la satisfaction quotidienne de côtoyer cette richesse. Je suis passionné par l’art sous différentes formes d’expressions : peinture, sculpture, littérature, cinéma et haute couture depuis peu… Devant la force brute qui se dégage d’une œuvre de Street Art, rappelant le côté viscéral inhérent à l’entrepreneur que je suis, j’ai décidé de constituer ma propre collection.


Dès 1979, j’ai perçu les formidables possibilités offertes par la loi Malraux tant en termes de restauration architecturale, de sauvegarde du patrimoine qu’en termes de mécanique financière au service de l’épargne individuelle. Au-delà de la motivation financière de défiscalisation au service de l’épargne et de l’art, il m’importait de préserver le cœur historique des centres villes. Je redécouvre avec grande fierté l’Hôtel Jean Bart situé au 2-4, rue Chapon, Paris 3ème que je considère comme mon opération de référence. Aujourd’hui, je me positionne sur les appartements de collection offrant des terrasses avec vue imprenable sur la Seine, la Tour Eiffel ou Notre Dame. Ces écrins immobiliers constituent une forme d’art, donnant sens à mon slogan des années 80 « L’art de l’immobilier »…

Marché de l’immobilier et crise du Covid.

Le marché de l’immobilier n’échappera pas aux effets de la crise, mais je ne suis pas inquiet pour l’avenir car c’est un marché de pénurie. L’immobilier répond à un besoin primaire, l’homme ayant deux préoccupations majeures : se nourrir et se loger. En cas de crise, lorsque vous êtes propriétaire d’un bien immobilier, qui est un produit rare et cher, vous pouvez faire le dos rond en attendant que la crise passe et laisse place à des jours meilleurs. Comme le dit Nelson Mandela : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ».


+ d’infos : https://groupejri.com/fr / https://reuniongraffiti.re / www.facebook.com/reuniongraffiti/


A propos du livre :

Comment devenir riche quand on est un gamin de famille nombreuse, débarqué de son île de l’océan Indien et sans un sou en poche ? C’est Jean-René Malési qui nous donne la réponse. Issu d’une fratrie de dix enfants natifs de la Réunion il va, au terme d’un voyage rocambolesque, atterrir en métropole et devenir un magnat de l’immobilier. A force d’opiniâtreté, de courage, de capacité à rebondir et à saisir les opportunités, il va vaincre l’adversité et surmonter les chausse-trappes. Sans diplôme quand il quitte son île, sans appui, sans relations, il va forcer le destin. Une rencontre féminine, alors qu’il est un tout jeune homme, va s’avérer déterminante. Il est vrai que ce Réunionnais a une confiance en lui déroutante et un culot surprenant. La modeste chambre va s’agrandir puis devenir un somptueux appartement, la mobylette laissera la place à une Rolls. Quatre femmes joueront successivement un rôle important dans son parcours. Mais que d’aventures, d’adversités il lui faudra connaître, pour poursuivre la route qu’il s’est tracée. Il s’agit d’une histoire vraie, à peine transposée, celle d’un homme parti de rien, soutenu par une foi en Dieu inébranlable, doté d’un charisme étonnant et d’une intuition hors norme.

Biographie de l’auteur

Jean-Raoul Ismaël, comme son héros, a connu une enfance sans souci dans une famille modeste de dix enfants à Saint-Denis de la Réunion. Une jeune journaliste de télévision de passage le trouve à son goût. Grâce à elle il fait connaissance avec l’art et la culture. Il profite d’une opportunité pour gagner la métropole. De là, il reprendra ses études, effectuera une première opération immobilière, fera ses classes chez un grand professionnel puis décidera de voler de ses propres ailes. Quelques années plus tard, il a plus de cent collaborateurs et roule en Rolls et organise des expositions à Paris. Mais la crise de 1992 balaie son empire. Il doit cesser son activité. Les éléments se liguent contre lui. C’est la déconfiture et il doit repartir de zéro. Ce qu’il fait. Patiemment et en tenant compte des leçons du passé, il rebâtit son empire. Au fil des ans, il consacre une partie de son temps à la peinture et à La Réunion. Il co-crée avec un artiste réunionnais le festival Street-Art dans sa ville natale. Fervent catholique, il effectuera son pèlerinage à Compostelle. Ce sera pour lui l’occasion de nouvelles découvertes humaines qui influeront sur son destin.


Le roman intitulé "Le Paladin du Piton de La Fournaise" sera publié aux éditions LBS - Albin Michel en mai 2022, annoncé déjà sur le site de l’éditeur : www.lbs-editions.fr/lbsromans


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