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Jeanne Gourdé : retour d’une cuisinière de talent sur son île

Publié le 27 juillet 2021

Après un beau parcours dans l’Hexagone qui l’a mené des fast-foods aux restaurants de palaces étoilés, Jeanne est rentrée à la Réunion où elle a décroché un poste de Chef et anime un blog culinaire à succès. Récemment intronisée au sein des Toques Françaises, elle nous raconte son parcours et ses ambitions.


Remerciements interview : Laurence Akossi / En fin d’article : 6 Chefs réunionnais intronisés par les Toques Françaises : Sébastien Ramassamy, Billy Amourgom, Jeanne Gourdé, Mathieu Géréone, Marie-France Grain Gallet, Julien Darty


Nous avions laissé Jeanne Gourdé en 2015 alors cuisinière à domicile en région parisienne.


Pouvez-vous vous présenter ?

Originaire de Saint-André, le goût de cuisiner m’est venu à l’âge de 9 ans grâce à ma grand mère qui m’a appris la cuisine longtemps. Depuis l’âge de 17 ans et un CAP au Centhor, je fais ce métier qui pour moi est une passion. J’ai travaillé dans de nombreux restaurants à la Réunion : La Cabane à Saint-Paul, le Gil’s et le Cantonnais à Saint-André, le Labourdonnais à Saint-Denis, ce qui me fait une belle expérience dans plusieurs spécialités : métro, créole, chinois, etc.

Dans quelles conditions avez-vous quitté l’île ?

A 21 ans, je me suis envolée pour la métropole avec l’objectif de me perfectionner en gastronomie et d’adapter les produits de la Réunion aux goûts du jour et tendances. Au début, j’ai travaillé dans des fast-foods et maisons retraite pour gagner ma vie, mais ce n’était pas ce dont je rêvais. J’ai travaillé un an en Haute Savoie chez Buffalo Grill entant que « grillardine ». J’ai enchainé dans des cuisines de restaurants japonais, mexicain, antillais... en métropole et en Suisse.

Au restaurant "La Capeline"

Et ensuite ?

C’est alors que la tradition m’a rattrapé et j’ai pris les rênes d’un restaurant réunionnais en région parisienne, où j’ai eu la chance de passer dans l’émission 100 %Mag sur M6 intitulée "Ils ont quitté leur île ensoleillée pour la grisaille parisienne". L’aventure a duré quatre ans puis je me suis lancée dans l’entreprenariat en tant que chef à domicile. Cela a eu un franc succès. Je me suis formée en gastronomie française et j’ai eu la chance de travailler dans un palace parisien, le Ritz, mais aussi des hôtels, restaurants 4 étoiles tels que le Buddah-Bar et d’autres encore... Avant d’être intronisée aux Toques Françaises.

Dans quelles conditions s’est passé votre retour à la Réunion ?

Je suis rentrée pour des raisons personnelles et de façon précipitée. J’ai dû abandonner beaucoup de matériel professionnel dans lequel j’avais investi mais aussi mes activités bénévoles pour l’association la Ligue contre le cancer.

En compagnie de ses deux marraines des Toques Françaises

Décrivez nous votre état d’esprit à l’atterrissage à Gillot.

J’étais très heureuse à l’arrivée à la Réunion, de revoir ma famille, les beaux paysages, re goûter à toute cette richesse culinaire… Un bon ti carri feu de bois sa lé gaillard ! J’avais aussi un pincement au cœur car en métropole ma carrière était en pleine expansion et mon retour risqué et sans garantie. D’ailleurs j’ai eu pas mal de difficultés à m’installer. Tout redémarrer à zéro n’est pas chose facile, le marché du travail très concurrentiel. Malgré mon expérience, j’ai mis du temps à trouver un emploi stable et plaisant

Qu’avez-vous trouvé de changé à votre retour à la Réunion ?

Les routes, les nouveaux centres commerciaux, de plus en plus d’entreprises se sont créées. C’est triste car les petites cases créoles laissent place aux immeubles et les ti boutik chinois lontan ont quasiment disparu. Je suis aussi surprise de voir de nombreuses salles de sports et toutes ces personnes qui courent après une vie saine. Aussi beaucoup de jeunes réunionnais veulent entreprendre ou oeuvrent dans la solidarité et l’humanitaire.


Avec le recul, quel bilan tirez-vous de votre expérience de mobilité ?

D’abord je ne serais pas arrivée là si je n’avais pas eu l’audace de quitter mon île. Mon expérience de mobilité a été très enrichissante. Elle a forgé mon caractère et m’a donné un bon bagage professionnel. Mairs après toutes ces années d’effort et de travail, la vie m’a ramené à la raison : la réussite, c’est aussi l’amour, la santé, la foi et le bien autour de soi.

Aujourd’hui quels sont vos projets.

Ma tête s’illumine de projets mais la vie m’a appris à garder le silence. J’ai réussi ailleurs, j’espère un jour réussir ici, à la Réunion, sur la terre de mes ancêtres car au final je me sens bien sur ce petit paradis. J’espère juste qu’on saura garder notre patrimoine culinaire après l’ouverture de tout ces fast-foods.


Découvrir la page : www.facebook.com/creolefoodtrotter


Six chefs de la Réunion (Sébastien Ramassamy, Billy Amourgom, Jeanne Gourdé, Mathieu Géréone, Marie-France Grain Gallet, Julien Darty) et une cheffe guadeloupéenne Lydia Bangou sont désormais intronisés au sein de l’Association des Toques françaises. 


La cérémonie a eu lieu mercredi 23 juin 2021 à Toulon, sur le porte hélicoptère amphibie le Dixmude.


La Marine Nationale a accueilli les Toques françaises afin de célébrer les 20 ans de l’association.


Cette distinction récompense leur savoir-faire, leur amour du travail bien fait et leur sens de la transmission.


Plus d’infos sur la Cuisine réunionnaise / 600 adresses où trouver des produits réunionnais hors de l’île / Les portraits "Spécial Retour"

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