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Jimmy Wan, 34 ans, coach d’entreprise à Barcelone en Espagne

Publié le 25 juin 2007

Après un Bac C au Lycée Roland Garros et une Math Sup à Leconte de l’île, Jimmy poursuit des études dans une grande école d’ingénieur. Après un début de carrière international, il est aujourd’hui membre associé d’un cabinet d’« Executive Coaching » à Barcelone.

Jimmy Wan
"A mon arrivée en métropole après le bac, mon premier choc fut d’être dans une classe de 50 élèves tous "blancs". Rien à voir avec ce qui pour moi était "normal" : avoir des copains créoles, chinois, cafres, zoreils, malbars, ti-blanc… le paysage habituel de la Réunion. Bien vite on se rend compte que ce qui est normal pour un Réunionnais ne l’est pas au reste du monde. Enfin presque 100% blanc car mon regard fur très vite dirigé vers un "autre comme moi" qui avait aussi la peau bien bronzée : un Tahitien. Du coup on nous surnomma « Réunion » et « Tahiti », les « Dom Tom » de la classe".

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Je suis originaire de St Pierre, d’un milieu très modeste. Comme beaucoup de mes compatriotes de cette époque, je n’ai pas vécu dans l’excès je dirais. Mes plus beaux souvenirs sont ceux de la maison du 42 rue de Suffren, en plein centre de St Pierre. Aujourd’hui la maison n’existe plus, elle a été remplacée par un parking ouvert. La vie se vivait dans la rue, à la plage, marquée par une très grande liberté d’action. Depuis tout petit j’ai été livré à moi-même. Aujourd’hui je réalise que cela m’a permis d’acquérir très vite la notion de responsabilité et de prendre en charge de mon avenir".

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

"J’ai quitté l’île pour poursuivre mes études d’école préparatoire à Valence (Mathématiques Spéciales). En 1991, le lycée Leconte de Lisle dispensait la première année de Mathématique Supérieures, et seulement 11 élèves étaient admis à partir en France… J’étais le 11e de cette liste. Ce fut une époque difficile, ces 2 années de préparation".

Quel a été votre parcours ?

"Après la Math Spé, j’ai intégré une école d’ingénieur au Mans pendant trois ans. En 1996, j’ai commencé à travailler chez General Electric aux Pays Bas. En 1997 je réalise mon service militaire sous forme de VSNE à Madrid chez Mécaplast, l’équipementier automobile. Puis je rejoinsMagna, groupe international jusqu’à 2005. J’occupe les postes de chef de projet puis de directeur des achats".

Votre carrière s’est très vite orientée vers l’international.

"Après mon école d’ingénieur tout est allé très vite et je suis attiré par l’International. Pays Bas, Suède, Angleterre, Slovaquie, Canada, Espagne sont les pays où j’ai réalisé des missions diverses. Je décide « à la fin » de m’installer en Espagne pour m’enraciner et fonder ma famille actuelle. Depuis 2005 je travaille chez Salywan, cabinet de coaching à Barcelone".

Parlez-nous de votre travail.

"Mon expérience comme coach en entreprise consiste à accompagner les cadres et leurs équipes dans le développement de leurs objectifs de performances. Je réalise des formations « in-company » dans le cadre de programmes de développement. Je réalise aussi des sessions de coaching personnel pour une clientèle privée ici à Barcelone".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Tous ceux qui ont une expérience à l‘étranger vous diront que cela donne une ouverture sur le monde. C’est cette capacité de « comprendre et accepter » les autres qui ne sont pas comme nous qui permet d’être « bon » dans plusieurs domaines. Je suis d’origine chinoise et il est vrai que souvent on aborde les choses d’une manière plus systémique et moins linéaire".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Le simple fait de venir d’une île crée son charme et sa spécificité. Une fois on m’a dit : « Comment se fait-il que tu as décidé de travailler ici en Europe ? Ici les gens travaillent dur pour pouvoir se payer des vacances dans une île comme la tienne. Tu es fou ! » J’ai répondu à l’époque que pour moi, l’exotisme c’était précisément l’Europe…"

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Mon sentiment là-dessus est très mitigé et n’engage que moi. De part notre histoire socioculturelle, la Réunion est encore sous l’influence des conséquences néfastes de l’assistanat. Peu importe la forme que cet assistanat a revêtu (RMI, etc.). Le Réunionnais a une identité propre, mais cette identité n’est pas valorisée comme telle. C’est comme si on avait perdu le lien qui est fondamental pour la survie écologique d’un peuple et son avenir".

Que faire ?
"J’invite tous ceux qui veulent réussir à récupérer cette dignité propre, à reconnaître et promouvoir leurs racines. Je dis « BRAVO » aux Réunionnais du Monde pour leurs efforts à ré-unir les expatriés. C’est ce genre d’action qui donne du sens à « qui on est » et « d’où on vient » pour les générations futures. Je crois aussi que Réunionnais du monde et un très bon outil en terme de réseau".

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