Johan Derfla, chef de piste hélicoptère dans l’armée
Après 17 ans dans l’aéronautique militaire, Johan entame sa reconversion avec l’objectif de rentrer à la Réunion avec sa famille.
Pouvez-vous vous présenter ?
Johan Derfla, 37 ans. Je viens du village de Grand Bois à Saint-Pierre. Formé à l’École Nationale des sous-officiers de l’armée de Terre, j’ai un diplôme de technicien aéronautique de l’École Militaire de Bourges. Je suis chef de piste d’hélicoptère Gazelle aux 5e régiment d’hélicoptères de combat à Pau.
Racontez-nous votre parcours.
Après mon Bac, je voulais me spécialiser en maintenance aéronautique à La Réunion, mais il n’y avait pas encore de formation sur place. Le lycée de Stella n’avait pas encore de section aéro et seule les armées de Terre et de L’Air proposaient ce type de diplôme en 2002. J’ai donc fait une année de BTS et je me suis engagé en 2003 en tant que sous-officier dans l’armée de terre pour travailler dans l’aéronautique militaire. J’ai quitté l’île pour faire ce métier qui me tenait à coeur.
Comment s’est passée votre arrivée ?
Arrivé à l’école, on se serait cru dans le film « Full metal jacket » : coiffure boule à zéro à la chaîne et la perception de paquetage… Moi, j’étais musicien dans le groupe « Tambours sacrés » à la Réunion, alors le monde militaire c’était un grand bouleversement !
Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?
L’autonomie, le sens des responsabilités, la confiance en soi et la prise de conscience de nos valeurs réunionnaises… Les inconvénients, c’est qu’on se retrouve seul en métropole sans ami ni famille, les différences de mentalités et culinaires (plus de pains bouchon et de carri bichique...)
Quel est votre regard sur la région où vous vivez ?
À Pau dans les Pyrénées Atlantique, on peut profiter de la montagne et de l’océan. C’est un petit coin de France rempli de culture, entre le Pays Basque et le Béarn. Les habitants sont fiers de leur région et y sont très attaché.
Quels sont vos projets ?
Mon projet aujourd’hui est de rentrer à la Réunion pour travailler dans l’aéronautique en tant que technicien, contribuer à l’expansion économique de l’île et y faire grandir mes enfants. Ma femme et moi sommes tous deux réunionnais. Je suis impatient de retrouver mes racines et de redécouvrir la beauté de La Réunion.
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Comment se passe la reconversion après une carrière dans l’armée ?
Grâce aux conventions de reconversion, je peux bénéficier de passerelles qui permettent aux entreprises de m’employer avec une période d’adaptation et très peu de contraintes financières. Je resterai sous la gestion militaire pour une période pouvant aller jusqu’à six mois (renouvelable une fois). De plus, je peux bénéficier d’une formation technique, toujours financée par l’armée, pour une meilleure intégration dans l’entreprise.
Qu’est ce qui vous manque de la Réunion ?
La nature, cette proximité de la mer et de la montagne, la culture et la mixité de notre île. Quand j’ai quitté l’île, j’ai amené avec moi une petite tortue en bois et un peu de sable de Grand Anse… pour me souvenir.
Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?
Je trouve que les produits réunionnais ne sont pas assez mis en avant et diversifiés sur l’île. Beaucoup de jeunes créoles partent dans l’hexagone pour avoir un avenir professionnel, alors qu’ils pourraient s’épanouir davantage sur l’île si le marché de l’emploi le permettait.
Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?
La Réunion est vue comme un petit coin de paradis, riche culturellement, connue aussi pour la mythique course du Grand Raid.
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