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Joselito Peigne, 37 ans, leader du groupe Kazenpai à Strasbourg

Publié le 12 décembre 2006

Originaire de la Ravine des Cabris, Josélito est aujourd’hui bien installé en Alsace, où il vit entouré d’une famille nombreuse et des membres du groupe Kazenpai et de l’association Maïdo. Diplômé de l’école des métiers de la sécurité de Montpellier et d’un certificat de capacité des métiers de la protection des personnalités à Bruxelles, il est aujourd’hui agent délégué à la prévention, l’animation et la sécurité de la communauté urbaine de Strasbourg. Joselito participera au 1er village de la diaspora réunionnaise du 14 au 16 octobre 2009 à Saint-Denis.

Joselito Peigne
Josélito et son camarade Roger : "je suis fier de cette expérience de mobilité. Avec de la bonne volonté, il y a de la place pour réussir ici".

Racontez-nous votre parcours.

"J’ai fait toute ma scolarité au collège et lycée Saint-Charles et puis j’ai passé un brevet de technicien agricole, sans grande conviction. C’était une issue de secours parce que le lycée où j’étais me semblait trop bourgeois. Ensuite la galère "chauffe galet, atan factèr". En 1991, j’ai quitté la Réunion avec l’ANT et surtout grâce à Monsieur Strugalla, à qui je dois une fière chandelle et le fait d’être allé à Montpellier".

Comment s’est passée votre arrivée ?

"L’occasion m’était offerte d’intégrer une école formant à un métier que je voulais faire. L’arrivée s’est bien passée, l’organisation était correcte. L’anecdote, c’est quand on a tous pris le bus pour se rendre à notre lieu de résidence... Pour marquer l’arrêt du bus, on a tapé dans la main. Tous les gens nous ont regardé, ils n’ont rien compris, nous non plus d’ailleurs..."

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

"Je voudrais créer une radio associative en métropole, avec diffusion exclusive de la musique et d’informations de l’île de la Réunion".

Joselito Peigne
Les musiciens de Kazenpai à Strasbourg : de gauche à droite Jimmy, Joselito, Alex, Lilian, Roger, Michel et Jacki.

Qu’est ce qui vous manque de la Réunion ?

"La famille évidemment "rougail saucisse, ti jac boucané, gro pois". Ici on en trouve aussi, c’est juste la qualité qui n’est pas la même".

Quels sont les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion pour vous ?

"L’inconvénient c’était de quitter la famille. Jusqu’au dernier moment, ma mère ne voulait pas que je prenne l’avion, mais j’étais prêt et je n’ai pas hésité. L’avantage, c’est que j’ai triomphé de ce risque".

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

"Aujourd’hui avec l’orchestre KAZ’EN PAI et notre association MAIDO, nous sommes en contact permanent comme à la Réunion. Nous sommes une bonne centaine à Strasbourg, voir plus de 500 si j’associe la région et Mulhouse".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"L’image de l’île à Strasbourg est positive, nous le constatons à chaque fois que nous organisons des manifestations à travers la satisfaction de nos invités. L’animation et la gastronomie réunionnaise sont très sollicitées en Alsace. Nous avons déjà animé une foire à Verdun, où l’invité d’honneur était la Réunion (on n’a pas vu beaucoup d’élus). Nous étions chargés de l’animation et de la restauration sur l’ensemble de la foire. Nous avons aussi travaillé pour l’INET et le CNFPT, ainsi que pour le rassemblement annuel des présidents des conseils généraux de France, au Palais des congrès de Strasbourg. Je n’oublie pas toutes les municipalités d’Alsace et de France qui nous ont sollicitées. Mais il n’y a pas que du positif".

A quoi pensez-vous ?

"Ce qui est dommage, c’est que les institutions et les décideurs réunionnais ne s’intéressent pas assez à Strasbourg capitale de l’Europe pour ouvrir la Réunion sur l’Europe et le Monde. Je sais que tous les mois il y a des élus qui viennent au Parlement Européen. A aucun moment nous avons eu une visite. Pourquoi toujours vanter les mérites de l’île à Paris ? Pourquoi nous membres volontaires associatifs, on ne peut "emmener" la Réunion en Belgique, en Suisse et en Allemagne ? Nous sommes disponibles pour cela".

Joselito Peigne
Les danseuses, lors d’un kabar à la fac de Strasbourg en soutien d’une thèse sur la créolité d’une étudiante réunionnaise.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Té dalons, dalones", avant de venir préparez-vous. Ne venez pas par hasard pour fuir le chômage, la morosité, la déception, etc. Faites attention aux belles paroles, ne comptez que sur vous même. Moi je suis pour la mobilité, mais une mobilité préparée. Ici c’est comme à la Réunion, il n’y a pas beaucoup de travail. Alors ne venez pas pour dire "je viens chercher du travail", venez avec une promesse d’embauche ou de formation et très important, un logement déjà prévu. Ne vous focalisez pas sur la question du racisme. Il y en a ici comme partout. Il suffit de se tenir correctement et s’adapter aux modes de vie (pas au racisme). Bonn chans’ prépar a zot bien".

Que pensez-vous du site Réunionnais du Monde ?

"C’est une belle initiative. Je pense qu’il devrait être référencé auprès de nos institutions, pour mieux le faire connaître par tous les Réunionnais. Grâce au site, j’ai retrouvé "troi kamarad lékol". Bon vent à tous !"

Voir le profil de Joselito Peigne

Le site de Kazenpaï.

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