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Julien Ferrère, employé dans une ONG à Londres

Publié le 26 novembre 2020

Je fais partie de la 1ère génération dans ma famille à faire des études dans le supérieur”. Diplômé d’école de commerce et d’un master en relations internationales à la Sorbonne, Julien a enchaîné les voyages et les expériences à l’étranger. Il reste très lié au destin de son île, la Réunion. Portrait.



Pouvez-vous vous présenter ?

Julien Ferrère, 26 ans, originaire de la Bretagne à Saint-Denis. Je suis parti de l’île à 18 ans, le bac en poche, pour commencer mes études de commerce sur le campus niçois de l’EDHEC. Je fais partie de la première génération dans ma famille à poursuivre des études dans le supérieur, et j’ai eu la chance de partir en même temps que mon grand frère, Etienne, qui allait lui poursuivre ses études à Montpellier. Pour la petite histoire, le jour de notre départ de la Réunion, on a pris trop de temps pour dire au revoir aux taties, tontons, mamies, papy… Résultat on est arrivé à l’aéroport après la fin de l’enregistrement... Heureusement la compagnie aérienne nous a fait une faveur pour qu’on ne rate pas notre avion !

Racontez-nous vos études.

En tant que boursier, j’ai pu bénéficier des aides de la Région et du Département pour financer mon billet d’avion et les frais d’inscription, qui restent élevés pour les écoles de commerce. En deuxième année j’ai pu effectuer un échange universitaire au Canada, à Kingston dans l’Ontario, puis, en troisième année, j’ai déménagé à Londres pour un stage de six mois. Un an plus tard, je me suis envolé pour New-York, où j’ai rejoint l’entreprise Kusmi Tea pour un stage d’un an. Après mon bachelor de commerce à l’EDHEC, j’ai effectué un master en relations internationales en alternance à la Sorbonne. J’ai pu travailler au sein du département de coopération internationale à la Région Ile-de-France pendant un an…


Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je vis et travaille depuis deux ans à Londres pour l’ONG One Young World, qui promeut la nouvelle génération de leaders, qu’ils évoluent dans le monde corporatif, associatif ou gouvernemental. Mon rôle consiste à développer des partenariats avec des multinationales (Microsoft, LVMH, Sanofi, Air France-KLM...) pour qu’elles investissent dans les générations Y et Z et leur donnent les moyens d’avoir l’impact social positif que ces générations souhaitent avoir.

Comment vous sentez-vous à Londres ?

Londres est très multiculturelle et on y retrouve des groupes d’amis aussi divers que ceux que l’on pourrait croiser à la Réunion. Beaucoup de Britanniques apprécient les musiques caribéennes et ont un intérêt pour ces cultures transportées au Royaume-Uni par les populations immigrées. C’est toujours un plus pour trouver des endroits où danser ! Le bémol c’est le temps ; on ne nous a pas menti... il pleut tout le temps à Londres !


Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

L’ouverture sur le monde… J’ai pu tisser des liens très forts avec des personnes qui viennent de tous les continents. Je suis d’ailleurs en couple avec quelqu’un rencontré pendant mon stage de fin d’année aux Etats-Unis. Du point de vue de ma carrière, j’ai aussi pu apprendre à travailler avec des personnes qui ont des cultures très différentes et à m’adapter à différents environnements professionnels.

En quoi venir de la Réunion a joué dans votre parcours ?

Je pense que lorsqu’on vient de la Réunion, on a une culture du travail qui privilégie un équilibre avec la vie privée, ce qui m’a toujours incité à travailler de façon efficace pour pouvoir apprécier mon temps personnel. D’ailleurs dans toutes les multinationales avec lesquelles je bosse, cet équilibre est de plus en plus promu pour attirer des jeunes qui ne veulent plus sacrifier leur vie privée pour un salaire.


Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Oui, j’ai mon groupe de dalons et dalones à Paris avec qui je discute en continu et que j’essaie de voir régulièrement. J’ai aussi rejoint l’association De La Réunion Aux Grandes Écoles” pour accompagner des lycéens dans la construction de leur projet d’études, faire connaître les filières d’excellence et les inciter à ne pas s’auto-censurer. Beaucoup trop de Réunionnais ne connaissent pas toutes les options qui se présentent à eux. L’association, en plus de faire ce travail de sensibilisation, se penche aussi sur les questions du retour au péi pour qu’une fois les études terminées, nos jeunes puissent rentrer pour participer activement au développement de notre île.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Le jour où j’aurai des enfants, je pense que le cadre de vie qu’offre la Réunion est imbattable ! Depuis le collège je m’étais mis en tête que je rejoindrais l’Hexagone pour mes études. Comme beaucoup de Réunionnais, j’ai grandi en entendant autour de moi qu’il n’y avait pas de futur pour moi sur l’île (ce qui est faux). J’aimerais pouvoir rapidement investir dans une ou plusieurs start-up réunionnaises. Beaucoup de nos talents locaux ont besoin d’un coup de pouce et je pense qu’il est primordial pour le développement de l’île, que la population investisse dans des projets d’énergies renouvelables ou d’innovation sociale entrepris par des Réunionnais.


Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

On doit prendre notre destin en main. Malheureusement beaucoup continuent d’espérer que tout vienne de Paris. Si mon expérience en France m’a appris une chose, c’est que les Français de l’Hexagone n’ont ni les connaissances, ni l’intérêt nécessaires au développement de l’Outre-Mer. Lorsque j’ai travaillé à la Région Ile-de-France, j’ai pu voir qu’il y avait une vision sur plusieurs années avec des objectifs clairs (investissements dans l’intelligence artificielle, dans les transports en commun etc.), ce que je ne retrouve pas chez nous. Il faut que l’on soit ambitieux pour notre territoire et que l’on identifie nos propres opportunités de développement, qui sont différentes de celles de l’Hexagone. L’Océan Indien, c’est l’Afrique Australe et de l’Est, c’est la péninsule arabique, c’est l’Inde... il est temps que nous voyions notre insularité et notre position géographique comme une force.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ma famille, le mélange et le respect mutuel des communautés, un bon carry, la nature partout, tout le temps… J’ai partout avec moi des dessins que je peux facilement transporter dans mes deux valises et une recharge de sauce citron de ma mamie que je ramène après chaque visite sur l’île. J’ai aussi une paire de savates 2 doigts que j’affectionne !

+ d’infos sur www.delareunionauxgrandesecoles.fr / www.facebook.com/DRGE974 / Contact : [email protected]


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