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Karine Chan-Ou-Teung, 33 ans, "pricing analyst" à Salisbury en Angleterre

Publié le 18 décembre 2007

Fille d’un pharmacien de Saint Louis, Karine a poursuivi de grandes études à Sciences Po et à l’étranger avant de s’installer en Angleterre avec son copain Tom. Elle est aujourd’hui "pricing analyst" dans la division marketing de NMHG, une entreprise de 7000 employés qui fabrique des chariots élévateurs en Grande-Bretagne.

Karine Chan-Ou-Teung
Devant la cathédrale de Salisbury, sa ville d’adoption depuis 2001 : "J’apprécie le sens de l’humour des Anglais et leur capacité à se moquer d’eux-mêmes, un trait qui manque aux Français…"

Racontez-nous votre parcours.

"Je suis née à l’Ile Maurice, mais j’ai toujours vécu à la Réunion. J’ai grandi à Saint-Louis où mon père est pharmacien. Comme beaucoup de Réunionnais, j’ai quitté la Réunion pour les études. Juste après avoir obtenu mon bac D au Lycée Antoine Roussin de Saint Louis en 1992, je suis partie à Marseille, en classe prépa Lettres Sup au Lycée Thiers. Et puis tout s’est enchaîné : Sciences Po à Aix-en-Provence (filière Relations Internationales) et Master en Management à l’Université de Bath (Angleterre)".

Comment se sont passés vos débuts ?

"C’était un peu le choc de quitter le cocon familial et de se retrouver seule dans un appartement, mais tout s’est bien plutôt bien passé pendant cette première année. En classe prépa, la charge de travail est assez importante et peut-être à cause de ça, je n’ai pas eu le temps de me morfondre. Cela dit, c’est sans regret que j’ai quitté la prépa l’année suivante pour entrer à Sciences Po à Aix-en-Provence, ce qui était mon objectif dès le départ".

Parlez-nous de vos études.

"A Sciences Po, il était facile de rencontrer des gens et les études étaient intéressantes. J’ai vraiment apprécié mes quatre ans là-bas, en particulier mon année en Erasmus à l’Université d’Uppsala en Suède. Après Sciences Po, je suis partie un an à Taiwan pour étudier le chinois et faire un stage dans le service culturel de l’Institut Français de Taipei. Là-bas, l’adaptation a été beaucoup plus difficile parce quele dépaysement est total (même si je suis d’origine chinoise). Mais je me suis accrochée et je garde de super souvenirs de mon année là-bas".

Et ensuite ?

"Je suis rentrée à la Réunion. J’ai travaillé à Saint Denis comme chargée d’études pour l’Observatoire du Développement de la Réunion pendant deux ans et demi. En 2000, j’ai décidé de reprendre mes études et j’ai été acceptée dans un Master en Management à l’Université de Bath en Angleterre. C’est là que j’ai rencontré mon copain Tom, un Anglais qui parle français et quelques mots de créole ! J’ai fini par m’installer en Angleterre... En le rencontrant, je n’avais pas idée que sept ans plus tard je serais toujours ici".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Cette expérience m’a permis de rencontrer des gens de cultures différentes et d’élargir mes horizons. Je crois que je ne serais pas la même personne aujourd’hui si j’étais restée à la Réunion. Paradoxalement, je crois que partir nous permet de prendre encore plus conscience (et en aucun cas d’oublier) d’où l’on vient et notre spécificité en tant que Réunionnais".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"La Réunion change très vite. A chaque fois que je rentre, il y a toujours plus de supermarchés et de voitures sur les routes… Mais nous attendons toujours de « vrais » progrès : une baisse significative du chômage et des inégalités sociales, une économie moins dépendante des transferts sociaux et de la métropole…"

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"En général, très peu de personnes ont entendu parler de la Réunion et lorsque je dis d’où je viens, ils imaginent tout de suite des images de carte postale (plage de sable blanc et cocotiers). Je me fais un plaisir de leur expliquer que c’est un peu plus intéressant que ça en réalité".

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"J’aime beaucoup l’Angleterre. C’est sans aucun doute l’un des pays les plus cosmopolites d’Europe et les gens y sont relativement tolérants. J’apprécie aussi le sens de l’humour des Anglais et leur capacité à se moquer d’eux-mêmes, un trait qui manque aux Français".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Si vous avez la chance de partir, il faut absolument en profiter. C’est difficile de quitter sa famille et ses amis, mais ça vaut vraiment la peine !"

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

"Je trouve que c’est vraiment une bonne idée. Pour nous qui vivons à l’étranger, c’est super de se savoir qu’il y a des compatriotes dans le coin. Et pour ceux qui sont au pays et hésitent à sauter le pas, ça peut les aider !"

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