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Karine Touzet, spécialiste en projets hospitaliers au Maroc

Publié le 22 mai 2014

Ex comédienne au Théâtre Vollard et hôtesse de l’air chez Air Liberté, Karine vit depuis deux ans à Rabat où elle travaille avec son mari, consultant hospitalier et son fils de 15 ans.


Karine Touzet, spécialiste en projets hospitaliers au Maroc

Pouvez-vous vous présenter ?

Karine Touzet (épouse Breack). Je suis née à Sainte-Marie mais j’ai grandi à Saint-Denis. Mon père est médecin à La Possession et ma mère retraitée de l’Éducation nationale. Une de mes sœurs est reporter TV à la Réunion, l’autre vit en Australie. Ma scolarité : le collège Juliette Dodu, puis le lycée Leconte de Lisle pour le Bac et le lycée de Saint-Benoît pour un BTS Tourisme obtenu en 1989. Après le BTS, j’ai bénéficié d’une opération de l’ANT, qui a financé des formations PNC (Personnel Navigant Commercial). Quittant la troupe du Théâtre Vollard - avec laquelle j’avais joué en parallèle à mes études dans deux pièces (« Étuves » et « L’esclavage des nègres ») - j’ai entamé à Paris une carrière d’hôtesse de l’air.

Et ensuite ?

En contrat saisonnier avec (feu) Air Liberté, j’ai vécu pour raisons personnelles entre Paris et Hanoï (Vietnam) pendant plusieurs années. C’est là-bas que j’ai rencontré mon futur mari, venu en mission Médecins Du Monde pour la restructuration d’un hôpital. A Paris j’ai commencé à travailler avec lui… et cela dure depuis 20 ans ! Nous avons habité en région toulousaine une douzaine d’années. Et depuis deux ans nous sommes expatriés au Maroc pour suivre de plus près un important projet de clinique, trouver de nouveaux projets sur place, et pour la qualité de vie. Actuellement je suis Responsable administrative pour Breack Maroc Santé (conseil en conception/hygiène hospitalières) à Rabat, et Responsable Développement de www.hospihub.com, un site web dédié à ceux qui travaillent avec et pour l’hôpital. Il couvre la France, le Maghreb et l’Afrique francophone par sa revue de presse et son agenda des salons/expos du secteur hospitalier.

Avez-vous des anecdotes de voyages ?

Avec ce parcours, j’ai augmenté ma réceptivité à l’apprentissage des langues et des accents… J’ai appris le vietnamien avec la vendeuse de la boutique de souvenirs du Temple du lac Hoan Kiem à Hanoï : j’y allais chaque jour, avec un cahier et un livre local calqué sur « Daniel et Valérie ». Le passage par la campagne toulousaine m’a permis d’enregistrer un accent très terroir. Arrivée au Maroc, où j’ai un peu plus de difficulté avec le Darija , l’arabe populaire. Mais j’ai quand même pris l’accent et des façons de parler du style : « la vérité.. » cf Gad El Maleh ! Ce qui fait que j’utilise un répertoire de vocabulaire un peu particulier à la maison dans lequel se mélangent des expressions françaises, vietnamiennes et …créoles bien entendu. Seuls mon mari et notre fils peuvent me comprendre. J’adore faire le clown en changeant d’accent. Mon fils de 15 ans est un peu comme moi : un caméléon linguistique. Même s’il est né en métropole, il manie bien le créole, et maintenant il se débrouille en arabe, grâce à ses copains du lycée français. Lesquels sont aussi d’origine très variée, ayant la francophonie en commun.


Karine Touzet, spécialiste en projets hospitaliers au Maroc

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Depuis 1989, le premier objet auquel je pense qui est toujours dans mes valises est « Le grand livre de la cuisine réunionnaise ». L’indispensable rice-coocker marque National et un bon pilon : ces objets sont bien là. Il y a aussi des paniers en vacoa, des CD de Ziskakan, Bastèr et récemment le DVD des pièces de Vollard ! Le reste, j’ai la chance que mes parents voyagent souvent vers leurs filles et fassent le plein en massalé, vanille, feuilles calou-pilé, combava, etc.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

La mobilité apprend la curiosité, l’ouverture, l’adaptation, la tolérance. Elle ouvre des perspectives que l’on n’avait pas imaginées. Venir de la Réunion n’a présenté que des avantages pour moi. Je suis amenée à en parler souvent, c’est mon identité. Surtout ici, où on me confond avec une marocaine, en me parlant de suite en arabe.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Je suis fidèle en amitié, pour peu que chacun fasse l’effort d’entretenir la relation. Mes amis remontent à l’époque du collège Juliette Dodu et du BTS Tourisme : zoreils ayant grandi à la Réunion ou créoles : ils sont PNC basés à Paris, prof à Bordeaux, ingénieur à l’ESA aux Pays-Bas, ou amis d’enfance restés à la Réunion. A cause de l’éloignement les contacts sont essentiellement par internet : Facebook, mails, Skype. On essaie de se voir le plus souvent possible… surtout on peut compter les uns sur les autres quoiqu’il arrive. Sinon, ici il y a aussi des profs à l’école Française qui ont transité à un moment ou un autre à la Réunion. Alors on se dit « Comment i lé ? ». J’invite pour des repas créoles, avec samoussas et punch.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Les randonnées avec la famille dans nos paysages qui sont vraiment uniques… et la barquette de bouchons avec une bonne Dodo en regardant le coucher du soleil à la Saline.


Karine Touzet, spécialiste en projets hospitaliers au Maroc

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

La Réunion a une très bonne image : ses jolies filles, ses montagnes, son volcan sont connus… les Marocains sont assez curieux. Ma banquière par exemple suit les émissions de France Ô et rêve d’y aller. Quand je raconte que je viens de cette île là, tout au sud, à côté de Madagascar et qui est française, certains se référant à l’époque du Protectorat, disent en rigolant « Alors on était pareil : sous tutelle de la France » !... exactement ce que me disaient des Vietnamiens, qui eux ont eu un empereur exilé à la Réunion.

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Le Maroc ne laisse pas indifférent un Réunionnais : on s’y sent de suite à l’aise, ne serait-ce que par la diversité des visages, des couleurs de peaux, des type de cheveux. Il y a aussi l’accueil chaleureux en général, la cuisine. En revanche, le poids de la religion est parfois difficile à comprendre car elle s’immisce dans les actes quotidiens de façon étonnante. Mais là encore, la tolérance vis-à-vis des étrangers vivant chez eux est grande… sauf pendant le Ramadan. Pas d’écart possible, en tant qu’adulte, surtout si on s’éloigne des grandes villes. Sinon, franchement ça va : la qualité de vie est bien au rendez-vous. Une sacrée surprise a été de trouver dans les rayons de plusieurs supermarchés de Rabat du Rhum Charrette, quasiment au même prix qu’en métropole ! En août, on peut déguster des beaux letchis fraîchement cueillis – produits à 30km d’ici - pas beau ça ? Et dans mon panier bio, il y a des beaux chouchous, des petits paquets de brèdes chou de chine, des mûres de mûriers : celles qu’on mangeait sous l’arbre quand j’étais petite jusqu’à avoir la langue bien noire...

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

Le site est incontournable pour moi aujourd’hui. L’idée est généreuse de fédérer comme ça les Réunionnais d’ailleurs.

Voir le profil de Karine Breack-Touzet et le site www.hospihub.com

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