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Kevin Crozet, créateur de l’entreprise Navette Ski Montréal

Publié le 14 octobre 2015

A 26 ans, ce Dionysien a une double casquette : développeur d’affaires pour des entreprises françaises au Canada et créateur de la compagnie Navette Ski Montréal, qui a pour but d’amener les Québecois aux sports d’hivers en bus à des prix abordables ! Il nous parle de ses projets et de sa vie au Québec.


Racontez-nous votre parcours.

Originaire de la Bretagne dans les hauts de Saint-Denis. Mon père est responsable logistique de l’antenne de la CAF à Saint-Benoit et ma mère est sans emploi fixe car elle a fait le choix de s’occuper de mon petit frère et moi depuis notre naissance. J’ai quitté l’île pour poursuivre mes études. Après avoir passé deux années à l’Université de la Réunion, ma spécialité Physique Mécanique n’était pas disponible. J’ai donc postulé à l’université Pierre et Marie Curie, Paris 6.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Une marmite à riz, des serviettes brodées et quelques photos de la famille (ces objets sont toujours avec moi aujourd’hui, même la marmite à riz !). J’ai emménagé à la Maison des Provinces de France, sur le campus de la Cité Universitaire de Paris en septembre 2008, où je suis resté jusqu’à l’été 2011. En parallèle de mes études j’ai donné des cours à des lycéens de Paris et j’ai été responsable événementiel à la Maison des Provinces de France.

Et ensuite ?

En 2010 j’ai effectué un stage de recherche de six mois pour Bombardier à Montréal, au Canada. C’est mon premier contact avec le Québec ! J’ai ensuite poursuivi mon parcours en France. J’ai travaillé pendant un an et demi à la SNCF sur un projet d’homologation de trains, ce qui m’a amené à voyager partout en France et en Angleterre. Pas franchement emballé par le travail d’ingénieur, je suis retourné sur les bancs de l’école pour passer un Master en Commerce International avec pour objectif d’avoir un emploi orienté commerce et stratégie de développement dans un pays autre que la France. Il se trouve que c’est le Canada !


Pourquoi avez-vous choisi de vivre au Québec ?

J’aime l’environnement de Montréal et l’ambiance de travail différente de ce qu’on connaît en France. Il n’y a pas le même rapport à la hiérarchie. Il n’est pas rare de croiser et de sympathiser avec des directeurs de départements, voire des personnes plus haut placées. J’aime aussi (et c’est un point commun avec la Réunion) la proximité avec la nature. En 30 minutes de route je peux être au bord d’une rivière, dans une forêt, au milieu de mini montagnes. Par contre la différence de températures est là : -40° en janvier !

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je possède un Master en Aérodynamique et un Master spécialisé en Commerce international. Aujourd’hui je vis à Montréal, j’ai deux casquettes. Je suis d’une part développeur d’affaires pour le compte de trois entreprises françaises qui souhaitent s’installer ou développer leur réseau de vente au Canada / USA. D’autre part, j’ai créé et développe aujourd’hui une entreprise dont l’activité principale sera d’amener des Montréalais au ski, histoire de passer un hiver moins monotone !

Parlez-nous de « Navette Ski Montréal ».

J’ai créé cette entreprise avec l’aide de ma conjointe, Amandine Dalleau. Navette Ski Montréal transportera (idéalement ?) des milliers de Montréalais vers les stations de ski proches de la ville. L’objectif est simple : devenir LA compagnie de transport Montréalaise dédiée aux sports d’hiver. Nous offrons des trajets aller-retour dans la même journée depuis Montréal à la fois vers les stations de ski des Laurentides et des Cantons de l’Est. Au programme de décembre à avril : du soleil, des températures bien de chez nous, de la neige en masse, des prix malades… et une réservation facile en ligne !


Le site http://navette-ski-montreal.ca / La page Facebook


Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

L’expérience de la mobilité est importante pour moi. Principalement car elle me sort de ma zone de confort et m’aide à toujours me bouger pour aller plus loin. Je suis assez paresseux, et rester dans un même environnement trop longtemps me pousse dans une routine dont je peux avoir du mal à sortir ! De plus le côté « explorateur moderne » me plaît, la découverte d’autres paysages, cultures et bien sur le challenge que représente la réussite d’une entreprise et de l’intégration dans un environnement inconnu.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Comme en France, il y a un gros dédain pour les travaux manuels et pénibles ou peu qualifiés (filières BTS ou technologiques). La jeunesse sans travail est « séduite » par des images bling bling que véhiculent la télévision et internet. C’est un cercle vicieux stupide, un éboueur est aussi essentiel et son boulot est aussi louable qu’un agriculteur ou un directeur d’entreprise. Le problème quand j’entends les jeunes (même des amis restés sur l’île) manifester pour avoir du boulot, est que beaucoup d’entre eux (je n’ai pas dit une majorité !) ne veulent pas un travail, ils veulent juste de l’argent… Et puis il y a ceux qui ne veulent pas où ne peuvent pas quitter l’île alors qu’ils auraient du potentiel ailleurs. Il faut accélérer la mobilité chez les jeunes et leur montrer, ainsi qu’à leur famille, que c’est accessible même aux revenus modestes ! Car c’est une réalité, l’île ne génère pas assez de travail pour tous.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

La famille… Je ne suis pas bon pour garder contact et souvent trop occupé alors j’ai des nouvelles limités, parfois ça manque. Autrement, la vue permanente sur les montagnes et les randonnées !


Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Au Canada, ils voient ça comme une belle destination vacances, mais trop chère. L’île est relativement connue du côté francophone, moins du côté anglophone. Beaucoup sont intrigués et intéressés car ils sont très « plein air », et l’île intense a sa réputation !

Vous-même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Les gens au Québec sont un peu semblables à ceux de la Réunion et différents des Canadiens Anglophones. Ils ont globalement peu voyagé et ont entretenu une forte identité. Comme la culture Réunionnaise, la culture Québécoise est forte et intéressante, marquée par l’histoire. L’île et la province ont en commun une bataille pour leur identité et un amour pour leur coin. Beaucoup de Québécois ne se voient pas quitter leur endroit. Le Québécois comme le Réunionnais est souvent très solidaire et volontaire…

Que pensez-vous du site reunionnaisdumonde.com ?

J’aime bien le site et les infos qu’il diffuse sur Facebook : des belles petites nouvelles de gens qui réussissent chacun à leur façon, des anecdotes sur la Réunion, les photos lontan…. Très belle communication et surtout du contenu vraiment bon pour entretenir notre partie du cœur resté sur l’île !


Le site http://navette-ski-montreal.ca / La page Facebook

Portrait repris dans le JiR - janvier 2016
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