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Kriss Souprayenmestry : l’immobilier en mode startup

Publié le 28 novembre 2023

« Après avoir parcouru le chemin tout tracé (prépa, grande école, grosses boîtes parisiennes), j’ai ressenti à un moment donné le besoin du retour aux sources ». Créateur de Lakaz Société Immobilière, ce jeune diplômé a fait le choix du retour après un parcours international qui lui a permis de maîtriser plusieurs langues étrangères. Il nous raconte son parcours.


Pouvez-vous vous présenter ?

Kriss Souprayenmestry, 26 ans, je suis originaire de la Possession. Après avoir suivi une prépa, un cursus en école de commerce, et travaillé au sein d’entreprises du CAC40, tant à Paris qu’à l’étranger, j’ai choisi de revenir à la Réunion pour entreprendre. Actuellement, je suis à la tête de Lakaz Société Immobilière, une société spécialisée dans le conseil immobilier que j’ai fondé il y a maintenant 10 mois.

Racontez-nous votre parcours.

Après un baccalauréat scientifique au Lycée Levavasseur, je prends mon envol à l’âge de 17 ans pour suivre une classe préparatoire HEC à l’institut Saint-Jean de Douai. À la suite de trois années de préparation intensive, j’intègre l’EDHEC en programme grande école en 2018, où j’obtiens un double master en Sciences et en Corporate Finance. Durant cette période, je saisis l’opportunité d’un échange académique au Brésil, puis complète ma formation par une expérience professionnelle dans le secteur immobilier au Mexique. Ces expériences culturelles me permettent de maîtriser aujourd’hui cinq langues couramment.


Et ensuite ?

Mon parcours professionnel a débuté à Paris, où j’ai occupé le poste d’analyste financier au siège du groupe Accor à Issy-les-Moulineaux. Par la suite, j’ai rejoint la Société Générale dans la Division Banque d’Investissement, approfondissant ma compréhension de la finance et développant une expertise en gestion d’entreprise En 2021, j’ai eu l’honneur d’être élu Lauréat des Talents de l’Outre-Mer.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?

Après avoir parcouru le chemin tout tracé (prépa, grande école, finance, grosse boîte), j’ai ressenti à un moment donné le besoin de m’émanciper. Ayant grandi dans le monde des affaires et ayant été témoin de la liquidation de plusieurs sociétés familiales dès mon plus jeune âge, j’ai réalisé que le salariat traditionnel n’était pas fait pour moi. Enfin, un engagement profond me poussait à mettre à profit mon expérience acquise à l’international pour contribuer au développement de l’économie locale à mon niveau. Bref, j’éprouvais le besoin de prendre du recul, conscient que je souhaitais entreprendre sans toutefois avoir défini le domaine précis. Le retour au pays s’est présenté comme une évidence, une étape nécessaire pour me ressourcer, être proche de ma famille et prendre le temps nécessaire pour réfléchir.

Remise des prix Talents de l’Outremer au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris

Comment avez-vous préparé ce changement de vie ?

Mon retour à la Réunion s’est fait de façon assez spontané, reflétant ma philosophie de vie axée sur la foi dans le destin, les rencontres et le hasard. J’ai toujours cru que les circonstances de la vie peuvent guider nos choix de manière inattendue. J’ai décidé de démissionner de mon poste à Paris, optant pour un retour au bercail qui allait non seulement me permettre de me reconnecter à mes racines, mais également de trouver l’inspiration nécessaire pour la prochaine étape de ma vie professionnelle.

Avez-vous eu des difficultés à vous réinstaller ?

Bien que la Réunion soit un paradis sur terre, il est assez dur de revenir définitivement après un parcours de mobilité international. Lorsqu’on a la bougeotte, le calme et la tranquillité ne sont pas ce qu’on recherche. Le contraste entre l’habitude de l’effervescence et le rythme plus calme de la vie réunionnaise a été palpable. Dans le cadre professionnel, où j’apprécie la rapidité des processus, l’ajustement à un système parfois plus lent a demandé une période d’adaptation. Cela dit, ce changement de rythme a également permis une réflexion positive. Il permet de préserver le caractère unique de notre territoire, le protégeant de la densification rapide que connaissent d’autres régions.

Les bureaux de Lakaz Société Immobilière à Saint-Paul

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Mon projet principal est le développement de ma nouvelle structure, Lakaz Société Immobilière. En seulement 10 mois, l’entreprise compte déjà trois collaborateurs. Notre objectif est d’accompagner nos clients à toutes les étapes de la vie de leur bien immobilier : de l’estimation à la gestion en passant par le financement, la transaction, la mise en location, et les conseils. Nous adoptons une approche startup en intégrant des outils technologiques innovants dans notre quotidien professionnel. En parallèle, mon engagement associatif a toujours occupé une part importante de ma vie. Je suis membre de la Réunion aux Grandes Écoles et Administrateur de la Fédération Nationale de l’Immobilier Océan Indien (FNAIM OI). Je veille à maintenir un équilibre de vie, tant sur le plan spirituel que sportif. J’aime relever des défis qui contribuent à nourrir mon énergie et ma créativité dans le domaine professionnel. En ce moment, je me cultive également beaucoup sur l’histoire des engagés indiens et leur implication dans la sphère économique réunionnaise.

Quel est votre regard sur la situation économique à la Réunion ?

Le marché à la Réunion est très paradoxal. À mon retour, j’ai constaté que l’atmosphère et l’état d’esprit de l’île étaient restés inchangés. Cette stabilité contribue à préserver le caractère unique de notre petit paradis. Mais en même temps, le marché est dynamique, il y a une liberté d’entreprendre que je pourrais même comparer à celle des Etats-Unis des années 1890. Tout le monde peut tenter sa chance à la Réunion et beaucoup de choses restent encore à faire. Néanmoins, les monopoles sont bien trop présents, et il est temps de faire bouger les lignes.


La Réunion fait face à des défis majeurs, notamment en matière de mobilité, d’écologie et de logement. Ces enjeux appellent à une évolution nécessaire pour répondre aux besoins actuels et futurs de la population réunionnaise. On observe aussi un changement démographique avec une augmentation significative du nombre de personnes venant s’installer sur l’île, qu’il s’agisse de Mauriciens, de Malgaches ou de Métropolitains. Cette diversification de la population apporte indéniablement une nouvelle dynamique à la Réunion... lorsque ces derniers y contribuent positivement.

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ?

C’est la meilleure expérience que je recommanderais à tout Réunionnais. Si on ne part pas, on ne se rend pas compte à quel point la Réunion est formidable. Le voyage et la mobilité nous forment à l’adaptabilité, à l’ouverture d’esprit, et surtout la remise en question. Mes expériences m’ont permis de tisser des amitiés internationales, des amis qui m’accueillent chaleureusement à chaque voyage et qui nourrissent mon envie de découvrir le monde. Je suis tombé amoureux du Brésil, ainsi que du continent Sud-Américain, qui est très comparable à la Réunion. Mais surtout, cette mobilité m’a enseigné que le monde entier est un univers de possibilités qu’il faut saisir. Rentrer à la Réunion, c’est un bon plan, mais on peut aussi s’épanouir en tant qu’ambassadeur réunionnais à l’étranger.


Quels conseils donneriez-vous aux Réunionnais qui comme vous souhaiteraient rentrer sur l’île ?

Je conseillerais à tous les Réunionnais qui envisagent de revenir sur l’île de profiter pleinement de leur période de mobilité en s’armant d’expériences variées. Une fois de retour à la Réunion, les déplacements à l’étranger deviennent plus complexes et coûteux. L’enrichissement en idées et en compétences pendant cette période est essentiel pour apporter une véritable plus-value au développement de la Réunion. Il est crucial de ne pas s’autocensurer, d’oser l’aventure, et de dépasser ses propres limites. Chaque expérience à l’étranger est une occasion d’apprentissage et de croissance personnelle qui peut être précieuse pour contribuer au progrès collectif de notre île, ainsi qu’à notre développement individuel.


+ d’infos sur : www.lakaz-societe-immobiliere.com / Voir le profil de Kriss Souprayenmestry / Lire aussi : 11 Réunionnais primés aux Talents de l’Outre-mer


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