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Laurent Fontaine, analyste financier à New-York

Publié le 26 février 2024

Formé à l’université et à l’IAE de la Réunion, Laurent a révolutionné sa carrière en prenant un jour la direction des Etats-Unis. Recruté par le Groupe McCourt, propriétaire de l’Olympique de Marseille, après être retourné à l’école pour se former en comptabilité américaine, il nous raconte comment il a accompli sa transition professionnelle.


Pouvez-vous vous présenter ?

Laurent fontaine, 42 ans. J’ai grandi à sainte Suzanne mais j’ai fait toute ma scolarité à Saint Denis d’où est originaire la famille de ma mère. Mon père, quant à lui, est originaire du Tampon. Après des années de service au sein de la fonction publique, mes parents ont fait le choix de cette ville pour y passer leur retraite bien méritée. Mon père a travaillé en tant que rédacteur au sein du Conseil Général, tandis que ma mère était infirmière au CHD de Bellepierre.

Racontez-nous votre parcours.

Mon parcours scolaire et universitaire a été 100% « pei » . Après un baccalauréat en Économie au Lycée de Bellepierre, j’ai choisi de poursuivre mes études à l’université de La Réunion. Là-bas, j’ai décroché un DEUG en Économie, puis une licence et une maîtrise en Économie Internationale. Par la suite, j’ai complété mon parcours en obtenant un DESS en Finance et Fiscalité à l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE) de La Réunion.

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

Mon départ s’est fait en 2009, un peu par hasard après avoir rencontré mon compagnon de l’époque, originaire des États-Unis, qui venait régulièrement en France pour son travail. Après une année de réflexion et plusieurs séjours aux USA, j’ai décidé de tenter l’aventure américaine. Les débuts ont été particulièrement difficiles : la barrière de la langue, une culture différente, et surtout le fait que je n’avais pas de travail... J’ai Il a fallu tout recommencer depuis le début étape par étape.


Qu’avez-vous fait ?

D’abord je suis retourné à l’école pour obtenir une certification en comptabilité américaine, dans le but d’améliorer mon anglais professionnel. En parallèle, j’ai effectué des volontariats auprès d’associations locales et passé l’examen IELTS pour prouver mon niveau d’anglais et renforcer mon CV. Pour subvenir à mes besoins, j’ai enchaîné les petits boulots : réceptionniste, assistant personnel, etc. Au final, il m’a fallu environ un an et demi pour m’organiser, commencer à me sentir à l’aise en anglais et enfin décrocher mon premier vrai travail aux États-Unis. Au cours des 15 dernières années, j’ai eu l’opportunité d’approfondir mes compétences en finance et en gestion comptable dans divers secteurs d’activité. Mon parcours professionnel m’a conduit à travailler dans des domaines variés tels que l’immobilier, la distribution de luxe et les cabinets de conseil en management.

Où en êtes vous aujourd’hui ?

J’occupe un poste de Manager financier et comptable senior au sein du Groupe McCourt, une société d’investissement basée principalement à New York. McCourt Global se distingue par ses investissements diversifiés, notamment dans l’immobilier, le sport, et plus récemment, les nouvelles technologies. En France, le Groupe McCourt est surtout connu en tant que propriétaire de l’Olympique de Marseille. Cela fait six ans que je travaille au sein de ce groupe et j’ai même eu l’honneur tout récemment d’avoir reçu la prix McCourt 1893. Ce prix, décerné chaque année, est un témoignage de reconnaissance envers un membre du personnel qui incarne au mieux les valeurs fondamentales du groupe : entrepreneuriat, adaptabilité, audace, humilité, orientation vers les résultats et générosité. Mes projets pour la suite sont de continuer à m’épanouir professionnellement, toujours New York. Je vais également continuer à voyager et découvrir le monde. Même si j’éprouve beaucoup de plaisir à y revenir en vacances, je ne me vois pas rentrer définitivement à la Réunion.


Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Même si au début ça n’a pas toujours été facile, je dois avouer que New York m’a accueilli les bras ouverts. Les New-yorkais ont l’habitude de côtoyer des personnes aux origines aussi diverses que variées mais cette ville n’est pas vraiment représentative du reste des Etats-Unis qui est encore très conservateur. Par exemple, le fait que la problématique des armes à feu soit ici un vrai sujet de société me choquera toujours.

Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

Je ne serais pas arrivé là si j’avais continué à suivre les sentiers battus, la mobilité ne m’a apporté que des bénéfices. Elle m’a permis d’élargir mes horizons et d’acquérir de nouvelles compétences, permettant à la fois mon développement professionnel et personnel. Venant de la Réunion, j’ai rencontré des défis, notamment lors de mes candidatures auprès de grands groupes français établis aux États-Unis. Ces entreprises étaient davantage intéressées par des profils provenant de grandes écoles parisiennes. Au fil du temps, j’ai appris à considérer mon origine réunionnaise comme un atout. Cette particularité suscite l’étonnement et capte immédiatement l’attention. C’est devenu un moyen efficace de me démarquer.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Très peu d’Américains connaissent la Réunion donc c’est toujours amusant de voir leur réaction lorsque je leur explique qu’il y a effectivement un petit de bout de France et d’Europe au milieu de l’océan Indien. Il faut leur donner des points de comparaison, je leur explique que la situation de la Réunion est similaire à celle d’Hawaïi, séparée géographiquement mais pas administrativement du reste du pays. Le fait qu’Hawaï soit également une ile tropicale volcanique aide aussi à leur donner une idée des paysages.


Quels liens gardez-vous avec la Réunion ?

Maintenir le lien avec ma famille est important pour moi. Les réseaux sociaux sont devenus un outil précieux pour cela. Avec les photos, les messages et les vidéos partagées, je reste connecté à leur quotidien sans pour autant devoir décrocher mon téléphone tous les jours. C’est un moyen pratique de partager des moments forts, malgré la distance, et de se sentir toujours présents les uns pour les autres. En parallèle, je garde un œil sur l’actualité locale en consultant régulièrement les sites d’information.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Je dois avouer que j’ai un regard assez mitigé sur la situation économique de la Réunion. D’un côté nous avons une ile magnifique qui a énormément à offrir en termes de saveurs et de paysages. De l’autre il y a aussi une Réunion qui peine à offrir des opportunités a ses jeunes et qui a du mal à sortir de ses mauvaises habitudes comme le « tout automobile » pour ne donner qu’un exemple.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Sans hésitation : La cuisine réunionnaise ! Même si on trouve pas mal d’ingrédients ici, ce n’est pas tout à fait la même chose… A chaque retour à la Réunion, je ramène de la confiture de papaye et si j’ai de la place dans la valise du boucané !

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