Le Chef Patrick Vitry lance un resto réunionnais à Maurice

Publié le 15 mai 2022

Le restaurant Au Fil de l’Eau à Grand Baie mise sur une nouvelle carte réunionnaise et sur son chef, Patrick Vitry. Interview de ce personnage devenu incontournable sur la scène de cuisine et médiatique mauricienne.

Pouvez-vous vous présenter ?

Paul Patrick Vitry, 60 ans. Originaire de Saint-Joseph, d’une famille de boulanger-pâtissier, je me suis rapidement tourné vers les métiers de bouche aux côtés de mon père Paul James Vitry, boulanger saint-joséphois. Je suis actuellement Chef de cuisine et consultant pour les métiers de bouche. Membre des Toques françaises et président de l’Académie internationale des Chefs, je suis entièrement mobilisé par la gastronomie.

Racontez-nous votre parcours.

J’ai d’abord quitté la Réunion à l’adolescence, pour la Grande-Motte dans le sud de la métropole. Mes parents ont créé là-bas une boulangerie pâtisserie, "le Friand", dans laquelle j’ai rapidement travaillé aux côtés de mon défunt frère. Notre famille était un point de rassemblement autour des produits de la Réunion comme les samoussas, les bonbons piments ou encore le fameux Zembrocal de ma mère.

Parlez-nous de votre carrière en cuisine.

J’ai toujours voulu me confronter aux meilleurs du métier, ce qui m’amena à être élu à la chambre de commerce de Montpellier et à être lauréat au concours de l’excellence de la chambre des métiers de Montpellier. J’ai également été lauréat du Grand Prix de la créativité boulangère des prestigieux grands moulins de Paris ou encore distingué au Gault & Millau entre autres. Ma passion m’a amené à cuisinier pour Li Peng, Ancien premier ministre de la république populaire de Chine, Boutros Boutros-Ghali, Ancien secrétaire général de l’ONU, Larry Hagman allias JR Ewing dans Dallas, ou encore le célèbre chanteur français Pascal Obispo.

Et ensuite ?

Il y a 20 ans, je me suis rapproché de la Réunion, en allant vivre à Maurice, d’où est originaire mon épouse. La Réunion dans mon projet professionnel, ça a toujours été un peu comme la cerise sur le gâteau, cette touche d’exotisme qui a fait et fait toujours voyager les personnes que je côtoie.

: Le restaurant Au fil de l’eau à Grand Baie

Jusqu’à être à l’initiative du lancement de cette carte réunionnaise Kosalafé à Grand-Baie ?

Le propriétaire du restaurant Au Fil de l’Eau, Jérôme Callet, m’a confié le lancement de ce nouveau concept le 15 mars 2022. Dans un cadre idyllique (on mange littéralement sur l’eau), la carte a fait peau neuve pour faire goûter à la cuisine réunionnaise ici à Grand Baie. L’ambition est de devenir Le restaurant réunionnais à Maurice.

Comment êtes-vous parvenu à devenir une référence en matière d’événements culinaires à l’île Maurice ?

Après plus de 30 ans de carrière en cuisine, je collabore aujourd’hui avec des groupes comme Dior, Nestlé, Air France, Four Seasons, Cenizaro hotels aux Maldives entre autres. Pouvant compter sur le soutien de ses amis Norbert Tarayre de l’émission Top Chef sur M6 et David Rathgeber collaborateur d’Alain Ducasse, je suis devenu Président de l’académie internationale des chefs et membre de la prestigieuse institution des Toques françaises.

Quels sont vos autres projets ?

J’approche de la retraite, donc mes projets sont plus derrière moi que devant moi. Cependant, je tiens à me battre pour une cause qui me tient à cœur : l’insertion sociale à travers les métiers de bouche, pour accompagner notamment celles et ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir pénétrer facilement ce secteur. Je garde pour objectif la valorisation des produits des îles que j’aime tant comme le curcuma, le piment ou encore la bonne charcuterie réunionnaise. C’est dans cette perspective que j’ai été reçu à l’Élysée par le Président de la République avec son ancien chef Guillaume Gomez.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Oui, avec ma famille qui est encore là-bas, de Saint-Joseph à Saint-Denis. Et puis des liens se forment et des amitiés naissent. Je pense à un couple d’amis de Saint-Joseph ou encore un couple d’amis de Sainte-Marie avec qui nous essayons de mener de beau projet en faveur de l’insertion sociale des jeunes réunionnais. J’ai un regard optimiste sur la situation socio-économique de la Réunion. Malgré le Covid, la montée des prix, je suis persuadé que le sentiment de résilience présent chez nous tous sera la solution à cette sortie de crise.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Il n’y a pas quelque chose en particulier qui me manque. Je suis plus nostalgique d’une époque douce et heureuse où l’insouciance régnait encore en maitre. Je pense à des moments en famille au bord de la rivière Langevin ou encore nos randonnées au volcan.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Je suis déjà déjà convaincu. Je viens de terminer un livre, "Retour", d’Alfred de Musset. Ce dernier dit : "comme le cœur bondit quand la terre natale, au moment du retour commence à s’approcher". Vous comprendrez l’allusion.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

C’est une excellente question. Je voyage toujours avec un galet qui m’a été offert par mes enfants, une sorte de porte bonheur. Mais il y a aussi le bon pot de piment péi qui me suit dans tous mes repas, où que je sois.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

L’île Maurice m’a adopté comme je l’ai adopté. Je porte un regard sincère et attentif sur cette île et son peuple qui m’a accueilli comme l’un des leurs. On retrouve à Maurice ce que l’on retrouve traditionnellement à la Réunion à savoir le partage et l’amour de son prochain.

Quelle est l’image de la Réunion à Maurice ?

Une image plutôt positive puisque l’on parle de l’île sœur. J’essaye aussi de mon côté de valoriser l’image de notre île par ce qui fait son cœur : sa culture, sa gastronomie, son histoire.

+ d’infos sur : www.patrickvitry.com / www.facebook.com/Patrick-Vitry-103609817693783 / www.facebook.com/bistrotaufildeleau