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Loïc Abmont : il crée l’événement rap 974 à Paris

Publié le 13 février 2024

C’est une nouvelle figure du milieu artistique réunionnais à Paris. Avec l’événement « La Fournaise en janvier 2024, il a réuni les étoiles montantes de la scène rap péi devant 250 spectateurs. « L’objectif était de rassembler les Réunionnais de l’Hexagone, et faire un grand kabar festif avec des concerts de R2BZ, Cruz, Diff-Men, Hidem, Joe Rem, Nairod, Tidem… Le résultat prouve que lé possib mèt en lèr la misik lokal mèm lot’ koté la mer. » En attendant de vivre de ses projets artistiques, Loïc nous détaille sa vie parisienne et ses ambitions.



Pouvez-vous vous présenter ?

Loïc Abmont, 26 ans. Je suis originaire de l’Etang-Salé où j’ai vécu une enfance paisible entouré de ma famille. J’ai quitté l’île pour rejoindre une école d’ingénieurs parisienne après une classe préparatoire au Lycée Leconte de Lisle. Pendant mes études, je rentrais tous les ans à La Réunion pour les vacances scolaires. Durant la pandémie, j’ai pu faire un semestre entier à La Réunion car les cours étaient à distance.

Et ensuite ?

Après ce cursus d’ingénieur, j’ai fait une licence de Médiation Culturelle spécialité musique à la Sorbonne Nouvelle. Je travaille actuellement en tant qu’AESH auprès de collégiens autistes à Paris. Je suis également cofondateur, DJ et coordinateur de projets d’Othala Radio. Le collectif a pour vocation de concevoir, de produire et de diffuser des projets artistiques en lien avec la culture hip-hop. Par ailleurs, je fais le montage audio du podcast Bat’ Karé sur l’identité réunionnaise et je développe mes activités de DJ et rappeur sous le pseudonyme Haizhe.


Quels sont vos projets ?

Avec Othala Radio nous sommes en train de clôturer "l’era réunionnaise" marquée par la sortie de La Draft 5 et l’événement « La Fournaise ». Le 20 décembre dernier nous diffusions sur YouTube La Draft 5 (session freestyle de rap). Ce 5ème épisode a été tourné à La Réunion, à La Pépinière de La Chapelle, et met à l’honneur Raba410, Pablo et R2BZ. Dans la continuité de cette aventure réunionnaise, nous avons organisé La Fournaise, un grand kabar festif rassemblant les Réunionnais de l’hexagone. L’événement qui a eu lieu à Mains d’Œuvres (Saint-Ouen) a été un franc succès : la salle de 250 places affichait complet.

Quel était le but de cet événement ?

La Fournaise était d’abord l’occasion de faire une projection de la Draft 5. C’était également un prétexte pour réunir de nombreux talents de l’île, tels que Luka Aesthetics, qui a illustré l’affiche de l’événement et qui figurait parmi les invités du talk présenté par Bat Karé. La discussion, qui est d’ailleurs visionnable sur YouTube, portait sur le sujet de la place des artistes réunionnais en hexagone. La DJ Mariad et le rappeur et percussionniste Diff-Men ont aussi pu répondre aux questions de Mathieu Abmont ; ils se sont ensuite produits lors de la soirée. Enfin, des concerts se sont enchaînés toute la seconde partie de la soirée avec les rappeurs suivants : Hidem, Tidem, Joe Rem, Nairod, Cruz, R2BZ et Diff-Men. Nous avons alors fini en beauté avec le kabar maloya animé par Diff, Nathalie Morel, Loran Marianne, Gerson Gendron et bien d’autres. Le résultat est plus qu’encourageant car il prouve que lé possib mèt en lèr la misik lokal mèm lot’ koté la mer


Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

Partir étudier m’a permis de faire de nouvelles rencontres et de découvrir d’autres cultures comme en hexagone ou au Mexique. Depuis quelques temps, cette sorte de double vie entre l’hexagone et l’île me permet de vivre dans une année, à la fois l’effervescence de Paris et tous ses événements, mais aussi le calme de La Réunion où je retrouve ma famille et la nature. Je ne serais pas arrivé là si ma famille ne m’avait pas autant soutenu et si je n’avais pas rencontré mes collègues et amis actuels : ce sont toutes ces personnes qui me donneront toujours la force d’oser. Je ne vis pas encore de mes projets artistiques mais ceux-ci progressent relativement bien, ce qui me permet de garder espoir.

Quel est votre regard sur Paris ?

Paris est une ville intense, de jour comme de nuit. Elle regorge de surprises et parfois de dangers. Depuis que j’ai réellement saisi ce que j’aimais faire dans la vie, la ville s’est transformée en un vivier de personnes passionnées et talentueuses qui ne cherchent qu’à exprimer leur art. La Ville-Lumière et ses habitants sont en fait pour moi une source inépuisable d’inspiration. Après six ans de vie en dehors de l’île je me sens enfin bien installé. J’ai aujourd’hui plein de repères en région parisienne et beaucoup de personnes essentielles à ma vie s’y trouvent. Tout de même, j’ai l’impression qu’au bout du compte je ne pourrais jamais être aussi bien qu’à La Réunion. 

Médiation au Domaine de Saint-Cloud

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ce qui me manque le plus c’est mes parents et mon pépé. C’est aussi le fait de pouvoir accéder facilement à la nature, de pouvoir aller à la plage ou à la montagne en quelques minutes. Je sais déjà que j’aimerais retourner habiter à La Réunion dans quelques années, je me laisse d’abord le temps de bien m’établir professionnellement à Paris. Cela va aussi dépendre de ma précieuse conjointe, qui je l’espère fera le choix de m’accompagner.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Mes frères et une grande partie de mes amis d’enfance sont aussi à Paris. Depuis les projets récents, j’ai également des contacts professionnels avec des artistes réunionnais. La Réunion est très présente dans ma vie. J’ai pu ramener ici un pilon et un aloalo hérité de ma famille malgache. Aujourd’hui, j’essaie toujours de revenir avec un pot d’achard citron ou en demander à un proche de retour de voyage.

Draft 4 - Tournage

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Il y a encore trop d’inégalités socio-économiques avec l’hexagone mais aussi au sein de la population réunionnaise elle-même. Je regrette qu’il y ait autant de chômage à la Réunion et notamment chez les jeunes. D’un autre côté, notre île connaît une véritable fuite des cerveaux vers l’hexagone et les pays occidentaux, en témoigne par exemple le système de classes préparatoires. Le voyage est une chance exceptionnelle de connaître le monde et je pense qu’il y a aujourd’hui des cartes à jouer aussi dans les pays de l’océan indien. En somme, je dirais que je suis favorable à la déconstruction du paradigme unilatéral entre les DROM et l’hexagone. Je ne suis pas insensible aux questions de préférence régionale et réunionnaise. De même, je trouve que les retours mériteraient d’être beaucoup plus soutenus.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Encore beaucoup de personnes ne sauraient situer La Réunion sur une carte. Les gens n’ont pas forcément connaissance des points communs et des différences réelles qui existent entre La Réunion et l’hexagone ou les Antilles. Cela m’apporte beaucoup de satisfaction lorsque les gens s’intéressent à l’île et qu’ils se rendent compte des richesses dont elle regorge.


Plus d’infos : www.youtube.com/@othalaradio / www.instagram.com/othala_radio / www.reunionnaisdumonde.com/membre/loic-abmont

Othala Radio


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