Publicité

Loïc Aure, l’ultra-trail pour passion

Publié le 8 octobre 2018

Originaire de Trois-bassins, il s’est engagé dans l’armée de terre il y a trois ans. Un choix payant pour ce sportif de 28 ans, ex footballeur de l’élite locale, qui bénéficie du soutien de son régiment de Canjuers (Var) et de la possibilité de participer aux plus grands ultra-trails mondiaux.


Dans quelles conditions avez vous quitté la Réunion ?

J’ai quitté l’île le 1er octobre 2015. A l’époque j’avais une bonne situation, mais je commençais à tourner en rond. J’ai tout plaqué, démissionné de mon CDI, vendu ma voiture, arrêté le foot... pour partir à l’aventure et voir autre chose. C’était un pari « fou ». J’ai choisi l’armée avant tout pour la sûreté d’emploi, j’ai été encouragé par ma mère ! Entre la création de mon dossier, les tests d’admission et à la date de mon départ, j’ai mis quatre mois pour partir. C’était assez rapide.

Racontez-nous vos débuts.

J’ai été affecté dans un régiment de parachutiste en Midi Pyrénées, où j’ai fait mes « Classes ». Puis j’ai été muté en juin 2016 dans le Sud-est de la France, à Canjuers dans le Haut Var. Je travaille à l’administration des Ressources humaine de l’Armée de terre. Là, une autre aventure a commencé, liée à ma passion pour le sport… Après avoir arrêté le foot, je ne pouvais pas rester sans faire de sport. J’ai toujours apprécié le Trail. Mon nouveau régiment, le 1er Régiment de chasseurs d’Afrique, est situé sur les hauteurs du Var dans les collines aux paysages pré-alpins. Idéal pour les sorties running... À partir de là, je me suis fixé des objectifs en 2017 , notamment participer à la Diagonale des fous... mon rêve depuis petit !


Avez-vous réalisé votre rêve ?

J’ai eu la chance d’être tiré au sort pour l’édition 2017. Pour me préparer à cet événement, je me suis programmé de multiples entraînements afin d’être prêt le Jour J. N’ayant aucune expérience en Trail et sachant qu’il faut au moins deux ans de pratique pour faire une épreuve comme celle-là, c’était un pari un peu fou de se préparer en dix mois.

Parlez-nous de votre préparation.

J’ai participé à des courses pour avoir les points nécessaires pour valider mon inscription au Grand Raid : la TransGranCanaria aux Îles Canaries : 80 km 4 00+, l’ultra trail vulcain en Auvergne : 73 km 3 000+ et l’ultra trail Di Corsica, en Corse : 110 km 7 000+. Puis j’ai fait un tour d’Europe en dix jours pour faire des ascensions et travailler en altitude, seul et sans assistance. J’ai enchaîné les sommets : Le Mont Olympe en Grèce, le Trolltunga en Norvège, le 3ème plus haut volcan du monde le Teide aux Îles Canaries, 3 700 mètres d’altitude et le Corno Grande, le plus haut sommet des Alpes italiennes. Un mois avant le Grand Raid j’ai terminé ma préparation aux États-Unis, en Arizona dans le grand canyon. J’ai effectué différents parcours en longeant le Colorado river.


Comment s’est passé le Grand Raid 2017 ?

J’ai terminé 555e sur 2600 coureurs, en 44 heures. À l’arrivée, l’émotion était tellement forte que j’ai fondu en larmes, en repensant à tous les voyages et les efforts que j’avais fait pour réussir à traverser mon île. Je remercie énormément ma famille de m’avoir suivi et soutenu durant toute la course.

Et 2018 ?

Mon parcours 2017 n’a pas laissé indifférent mon régiment actuel. Pour l’année 2018, ils m’ont de nouveau soutenu et sponsorisé pour représenter le régiment dans le monde. Ils m’ont donné l’opportunité de participer à des courses prestigieuses du calendrier Ultra Trail World Tour, qui est la référence dans le monde de l’ultra Trail : Madeira Ultra Trail à l’île de Madère au Portugal 115 km 7000+, Ultra Trail Australia 100 Km 4000+, Eiger Ultra Trail en Suisse 100 km 6 000+, Cappadocia Ultra Trail en Turquie 120 km 3 500+ et Ultra Trail Cape Town en Afrique du Sud 100 km 4000+.


Quels sont vos projets ?

Evoluer dans mon travail et monter en grade. Je vais prochainement intégrer l’école de sous-officiers. En ce qui concerne le sport je vais continuer à faire de l’ultra Trail et progresser. Dans un futur proche, j’aimerais faire de multiples ascensions sur les plus belles montagnes du monde : le Mont Blanc en France, le Kilimandjaro en Tanzanie, l’Aconcagua en Argentine… Pour les courses, mes objectifs sont la Tarawera Ultra Trail en Nouvelle Zélande, l’Ultra-Trail Mont Fuji au Japon, le Western States Endurance aux États-Unis. Et bien sûr, refaire la Diagonale des fous !

Quel est votre regard sur l’endroit où vous vivez ?

Je vis dans le département du Var. Un endroit entre soleil, mer et montagne qui n’est pas sans me rappeler la Réunion. Je ne suis pas vraiment dépaysé ici. Les gens sont cool, l’hiver est court et l’été est long. J’aime beaucoup ma nouvelle région et ma nouvelle vie, en plus d’être épanoui dans mon travail. Cela pèse beaucoup dans le fait de rester en métropole.


Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

Je suis quelqu’un d’organisé. Pour moi, partir à l’étranger n’est pas vraiment un problème. Je suis du genre à partir vers l’inconnu et improviser. L’armée offre beaucoup d’opportunités et soutient les soldats sportifs. J’ai la chance de beaucoup voyager, de découvrir différentes cultures, mentalités, différents paysages. Cela m’enrichit énormément. Jamais je n’aurais pu faire tout cela en restant sur mon île...

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Bien sûr ma famille, l’ambiance de la Réunion, les paysages… A travers mes voyages, je retrouve un peu de notre île dans d’autres endroits, que ce soit pour la culture, les paysages... Cela montre que la Réunion est une île complète !


« Dans mon travail au sein de l’armée et dans les centres de recrutement, les Réunionnais sont souvent bien vus, car on a une bonne mentalité et on est de bons sportifs pour la plupart.  » 

+ d’infos : www.facebook.com/Loic-Aure-1661798057249267 / + d’articles SPORT


« Non, courir n’est pas un art ! Il suffit de se lever de son canapé, jeter un pied devant l’autre et avancer plus vite qu’en marchant ! Par contre, trouver la force de se motiver quand il pleut et quand il fait froid, repousser ses limites sur des kilomètres, avoir le courage de passer sa porte les baskets aux pieds malgré sa fatigue, vivre les défis les plus fous et survivre aux blessures les plus dures… Ça, c’est vraiment un art ! »



Publicité