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Loïc Wei Yu Neng, chef de projet chez Google en Californie

Publié le 28 mars 2022

Installé en famille dans la Silicon Valley, ce Saint-Pierrois diplômé ingénieur s’est adapté au contexte américain. Titulaire d’une “green card”, il ne se voit pas rentrer à la Réunion pour le moment… « à moins d’une énorme opportunité professionnelle ».


Pouvez-vous vous présenter ?

Loic Wei Yu Neng, 42 ans. Je suis né à la Réunion et j’ai vécu à Saint Pierre toute mon enfance jusqu’au bac. J’ai commencé à travailler en 2003 suite à un DESS en Télécom et Réseaux à Toulouse. Je vis dans la Silicon Valley depuis quatre ans. Je suis actuellement chef de projet chez Google, je travaille sur les Chromebooks.

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

J’ai quitté l’île après le Bac à 18 ans, en 1998. Direction Toulouse pour avoir un maximum d’opportunités dans les universités et écoles d’ingénieurs avec prépa intégrée. Je savais que je voulais être ingénieur. L’arrivée en métropole a été un choc climatique et culturel pour moi. Je me rappelle de mon premier hiver. J’ai eu une bonne déprime et me demandais ce que je faisais loin de ma famille dans le froid et la grisaille hivernale.


J’ai vécu le même choc culturel en arrivant aux Etat Unis en 2017, à 37 ans. J’etais en famille avec ma femme et mes deux enfants. Le climat est beaucoup plus sympa en Californie qu’à Toulouse mais le travail et la culture des Etats Unis sont vraiment différents de ceux de la France. Nous avions huit valises en tout et pour tout dans notre déménagement. Nous étions dans l’optique “on y va pour voir” sans vraiment lâcher notre maison en France.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Ma femme et moi avons maintenant notre “green card” en poche. Elle nous permet de vivre sans limitation aux Etats-Unis. Nous avons trouvé chacun un boulot dans l’industrie de la tech : Google et Facebook, et nous nous projetons de rester encore un bon moment ici. C’est un endroit magique pour tous ceux qui veulent travailler dans les nouvelles technologies parce que les GAFAs (Google Apple Facebook Amazon …) et des startups très dynamiques sont implantées ici et s’arrachent les ingénieurs.


Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Je suis globalement admiratif de la puissance économique et militaire des Etats Unis. C’est un pays continent immense qui s’est créé avec l’immigration de peuples venant du monde entier et a réussi à inventer une histoire commune et un lien entre ses citoyens. Chaque état des Etats Unis est très différent. La Californie est particulière par sa diversité, son dynamisme et sa culture. J’adore discuter et échanger avec les gens de la Silicon Valley parce que c’est la plupart du temps des gens qui viennent d’ailleurs et c’est intéressant de connaître leurs parcours.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

C’est une très bonne question. Je n’ai pas pour projet de retourner sur l’Île à cause du marché de l’emplois trop restreint pour ma femme et moi. Et puis mes enfants sont dans le système éducatif américain maintenant. Pour répondre à la question, une énorme opportunité professionnelle pourrait me faire revenir à la Réunion.


Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Mon voisin américain qui a suivi le crash du vol MH370, avait entendu parler de de l’île par rapport à la découverte des fragments d’avion. Mais les Américains ne sont globalement pas très forts en géographie. A part les grandes villes comme Paris, Londres, Barcelone, ils ne connaissent pas grand-chose de l’Europe. Je leur explique que la Réunion se rapproche de Hawaï.

Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

J’ai appris à m’adapter à mes nouveaux environnements. A Toulouse, j’ai appris à me protéger du froid en hiver et j’ai souvent dû faire le premier pas pour m’intégrer dans des groupes de personnes qui se connaissaient déjà. Aux Etats-Unis, j’ai appris à travailler différemment pour m’intégrer dans les équipes américaines. Les Californiens sont toujours très positifs, excités par les projets et fiers de présenter leur travail. La communication en public est une compétence travaillée dès le plus jeune âge aux Etats Unis.


Quels ont été les avantages et inconvénients du fait de venir de la Réunion ?

Notre avantage en tant que Réunionnais est probablement notre respect de la diversité, notre émerveillement face aux grandes villes ultra modernes, notre soif de voir comment les gens vivent ailleurs et notre envie de créer de nouvelles expériences humaines. L’inconvénient, c’est l’isolement géographique de l’île pour retrouver mes proches. C’est loin de l’Europe... et encore plus loin de l’Amérique.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ce qui me manque le plus c’est ma famille et mes amis, mais aussi cette joie et cette simplicité de vivre tous ensemble qu’on ressent sur l’île. Heureusement je garde contact avec mes parents qui vivent à la Réunion. On se fait des whatsapp régulièrement. Je discute aussi via les réseaux sociaux avec mes camarades de collège et lycée de Saint Pierre. C’est intéressant de voir nos différents parcours depuis le lycée ; certains sont au Canada, en France mais la plupart sont à la Réunion.


Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Il y aurait beaucoup de choses à dire. Je trouve que l’île est globalement plutôt bien développée économiquement par rapport à son isolement géographique. Merci aux financements métropolitains pour ça. Ce que je trouve dommage, c’est le manque de rayonnement régional avec les pays voisins (Afrique du Sud, Inde, Australie, …). L’île Maurice est à mon avis plus en avance là-dessus.

Je ne serais pas arrivé là si je n’avais pas eu : l’ambition de progresser dans ma carrière et ma vie en travaillant sans compter. Le courage de partir à l’aventure et de prendre des risques sans connaître précisément le chemin à parcourir. La curiosité de découvrir d’autre horizons, d’autres façons de vivre, de nouvelles expériences…


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