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Lola Neufcourt, chercheuse à l’Inserm de Toulouse

Publié le 24 novembre 2022

Récompensée par un prix « Talent de l’Outremer », cette épidémiologiste travaille pour l’Institut national de la santé et de la recherche médicale sur les inégalités sociales de santé. Elle envisage de revenir sur l’île et de mettre ses compétences au service de la recherche réunionnaise.


Pouvez-vous vous présenter ?

Lola Neufcourt, 29 ans, originaire de l’Ouest de la Réunion. J’ai grandi à Saint-Gilles-les-Hauts, avec mes parents et mes deux frères. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur en nutrition et d’un doctorat en santé publique, je suis actuellement chercheuse en épidémiologie sociale à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) à Toulouse.

Quel a été votre parcours de mobilité ?

Je suis partie de la Réunion après avoir obtenu mon bac au Lycée Evariste de Parny : direction Paris où j’ai fait mes études d’ingénieur. J’ai eu l’opportunité de voyager en France et à l’étranger pendant mes études (semestre d’études en Espagne, stage de six mois en Australie, séjour de recherche aux Etats-Unis), mais aussi dans le cadre professionnel, pour présenter mes travaux de recherche lors de conférences. J’ai notamment décroché une bourse pour un séjour de recherche à l’Université d’Harvard aux Etats-Unis. Je suis installée à Toulouse depuis deux ans.


Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Ingénieure de Agro Paris Tech, spécialité nutrition, Docteure en santé publique de l’EHESP (Ecole des Hautes Études en Santé Publique) et spécialité épidémiologie, je suis aujourd’hui Chercheure Post Doc à l’INSERM de Toulouse. Mon travail porte sur les mécanismes de construction des inégalités sociales de santé, notamment dans le domaine des maladies cardio-vasculaires. J’aime vivre à Toulouse, une ville colorée, dynamique et chaleureuse où les gens sont accueillants. Proche à la fois des Pyrénées pour aller randonner, et de la mer Méditerranée, elle me fait parfois penser à la Réunion. D’ailleurs, le rougail saucisse aux saucisses de Toulouse vaut le détour !

Quels sont vos projets ?

Poursuivre ma carrière dans la recherche et, qui sait, un jour revenir vivre à la Réunion ! Je suis persuadée qu’il y a des choses à faire pour améliorer la santé des Réunionnais et j’aimerais mettre mes compétences à profit dans cette direction. Malheureusement, les postes de chercheur ne sont pas nombreux…

Remise d’un prix de l’Académie des sciences de Toulouse

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

J’ai rencontré beaucoup de Réunionnais au cours de mes années de mobilité, et je prends toujours plaisir à partager des moments conviviaux et des anecdotes de nos moments passés sur l’île. La communauté réunionnaise est importante à Toulouse et dans la région et j’ai hâte de mieux la connaître !

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

La Réunion a une image très positive et suscite toujours beaucoup d’intérêt. Souvent, les gens connaissent quelqu’un qui y est allé ou y sont eux-mêmes allés pour des vacances, un stage ou pour y travailler quelques années. Ils ont en tête les paysages magnifiques, les randonnées et la nourriture mais les compétences et savoir-faire locaux sont moins reconnus. En cela, je pense que le Réseau des Talents de l’Outremer contribue à donner plus de visibilité à ce dont les réunionnais, et plus largement les ultra-marins, sont capables.


Avec le recul, que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

Quitter son île et sa famille à 17 ans n’a pas été facile, mais la mobilité m’a rendue rapidement autonome, ouverte au monde et m’a permis de faire de belles rencontres. Venir de la Réunion où cohabitent différentes cultures et traditions est un avantage pour s’adapter facilement dans un nouvel environnement. Surtout, je ne serais pas arrivée là si je n’avais pas eu la chance de pouvoir compter sur le soutien sans faille de mes parents et de mes frères qui sont à mes côtés dans toutes les étapes de ma vie.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

A vrai dire, presque tout me manque ! Mais surtout ma famille, les couleurs et les contrastes des paysages, le sandwich bouchon gratiné, le gâteau patate de mon Papa et la daube chouchou de ma Maman.

"Mon pied de piment zoiseau a bien grandi !"

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Partie avec une seule valise, j’y ai quand même glissé des épices, une boîte à vanille et quelques objets de décoration aux couleurs de la Réunion qui m’ont accompagnée dans tous mes déménagements. J’avais aussi ramené des graines de piment zoiseau du jardin de mes parents pour avoir mon propre pied de piment – qui a bien grandi !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

La Réunion est une île pleine de ressources (climat, paysages, biodiversité). Malheureusement elle est marquée par de fortes inégalités et un taux de chômage important, notamment chez les jeunes, mais aussi par la pollution et l’utilisation massive de la voiture. Développer des secteurs d’avenir tels que les énergies renouvelables et les transports en commun permettrait de redynamiser le marché de l’emploi et d’offrir aux jeunes des opportunités pour revenir à la Réunion.


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