Publicité

Ludovic Ajorque, élève-avocat chez Coca-Cola Irlande

Publié le 4 novembre 2021

« Je crois être le premier Réunionnais en passe de devenir avocat d’affaires à Dublin. Cette singularité aura été mon plus bel atout, mais aussi ma plus grande difficulté… » A 26 ans, le Tamponnais Ludovic Ajorque décrit son parcours, ses motivations et l’attachement qu’il garde avec la Réunion.


Pouvez-vous vous présenter ?

Ludovic Ajorque, 26 ans. Originaire du Tampon, je vis en Irlande depuis plus de six ans. J’ai une Licence en Droit Français et Droit Anglo-Saxon et un Master en Droit des Affaires Internationales et Européennes (LL.M. in International and European Business Law). Je suis depuis juillet dernier élève-avocat chez Coca-Cola Irlande.

Racontez-nous votre parcours.

Après un bac S, j’ai voulu me garder le maximum de portes ouvertes. Je me suis donc envolé pour Toulouse afin d’y préparer une Licence en Droit, avec une dernière année à l’étranger. J’avais le choix entre des universités irlandaises ou britanniques, mais n’ayant pas envie de m’embêter à convertir les monnaies, j’ai opté pour Trinity College Dublin, en Irlande. 

Et ensuite ?

Après ma licence, m’étant fort plu à Dublin, j’ai poursuivi mes études avec un LL.M. (Master en Droit) dans la même université. J’ai par la suite travaillé dans plusieurs cabinets d’avocats de la ville comme juriste en droit des litiges commerciaux, droit immobilier et en droit de l’immigration. Au fil du temps, j’ai voulu devenir avocat dans ce pays et j’ai commencé une prépa en parallèle de mon travail pour passer les huit examens initiaux. J’ai réussi à les avoir du premier coup et, quelques mois plus tard, Coca-Cola Irlande m’embauchait comme élève-avocat. 


Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

Mon expérience à l’étranger a été un accélérateur de vie. Je pense en avoir davantage appris au cours des six dernières années que si j’étais resté à la Réunion ou en Métropole. Je crois être le premier Réunionnais en passe de devenir avocat dans la juridiction irlandaise, et cette singularité aura été mon plus bel atout mais aussi ma plus grande difficulté…

Qu’entendez-vous par là ?

N’ayant pas le même parcours que les Irlandais, me comparer à eux n’avait pas grand sens ; il m’était donc difficile de savoir si j’allais dans la bonne direction, d’autant que je n’avais ni réseau ni connexion. Toutefois, dans un milieu où les candidats sont nombreux et le gâteau à se partager très petit, mon parcours international participe des moyens de me démarquer et d’attirer l’attention des cabinets d’avocats. Il faut donc être patient, avoir une certaine intelligence pour savoir saisir les opportunités au bon moment, et surtout se faire confiance. Je pense aussi que venir de la Réunion a facilité mon insertion dans la vie irlandaise parce que Reunioné i koz un tas, ce qui est un atout pour s’intégrer rapidement. Avoir grandi en entendant parler français et créole rend plus facile l’apprentissage des langues étrangères. 

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Les Irlandais sont à certains égards assez semblables aux Réunionnais dans leur simplicité et leur convivialité. Ils sont accueillants et bienveillants, et c’est sans doute pour ces raisons que je me suis très vite senti chez moi ici… à quelques degrés près ! Je n’oublie pas que l’Irlande et les Irlandais m’ont donné ma chance et j’ai pu ainsi faire mes preuves. J’ignore si mon parcours aurait été possible dans d’autres pays.


Quels sont vos projets ?

Si tout continue de bien se passer, j’aurai la qualification d’avocat d’ici environ deux ans et j’exercerai comme avocat d’affaires chez Coca. Comme je l’ai toujours fait, je ne me ferme aucune porte pour ce qui est de la suite : j’ai le barreau de New-York en tête depuis plusieurs années. Je pourrais tenter ce défi « for the craic » comme on dit ici !

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

L’ouverture d’un cabinet d’avocats international je suppose ! J’ai conscience que mon métier aujourd’hui ne me permet pas d’envisager un retour prochain à la Réunion dans mon domaine d’activité. Mais j’ai plus d’une corde à mon arc, donc je n’exclus pas de revenir un jour quand j’estimerai avoir fait le tour du monde des affaires.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Les fruits, la nourriture, le soleil, la chaleur, les montagnes… Le manque des proches est évidemment des plus significatifs et j’essaye d’en profiter un maximum à chaque fois que je rentre. Ce sont toujours des moments de grande joie qui requinquent pour le reste de l’année. 


Quels objets de la Réunion ramenez-vous dans vos valises ?

J’admets avoir très peu d’objets ou vêtements aux couleurs de la Réunion pour la simple et bonne raison que chaque gramme autorisé dans mes valises quand je rentre est utilisé pour ramener soit du rhum arrangé, soit des bocaux de pâte piment... Je dois avoir encore un ti’ fond de rhum quelque part dans un placard mais il me tarde de revenir faire les stocks !

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

J’ai gardé contact avec des amis d’enfance mais les Réunionnais que j’ai croisés en Irlande dans le cadre de mes études ont quitté le pays par la suite. Je crois être le seul Réunionnais dans la ville où je vis actuellement donc mes contacts sont virtuels pour la plupart. 

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Les chiffres du chômage ne laissent personne indifférent. J’ignore s’il existe une solution toute faite à ce problème, mais mon parcours m’a montré combien les opportunités sont nombreuses pour peu qu’on nous informe qu’elles existent. Peut-être que si l’on expliquait davantage aux jeunes réunionnais le nombre fou de possibilités qu’ils ont pour trouver leur voie et s’épanouir, avec un système d’accompagnement au plus près de leurs besoins et plus individualisé, cela donnerait un souffle positif à la jeunesse qui entraînerait l’ensemble de la population vers un horizon meilleur.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Comme le déplorent tous les Réunionnais expatriés, la Réunion est trop peu connue à l’international. En revanche, je pense contribuer à mon échelle à sa promotion puisque certains Irlandais que je recroise après plusieurs années se souviennent de la Réunion grâce à moi et aimeraient beaucoup la voir de leurs propres yeux !

Je ne serais pas arrivé là si…

j’avais voulu tout contrôler ! Après le bac, il aurait été plus logique de devenir avocat en France plutôt qu’en Irlande. Mais j’ai simplement fait confiance à la vie et je me suis fait confiance à moi-même, fort du soutien de mes proches qui m’ont toujours encouragé et de mon envie de progresser. Si je m’étais mis trop de pression dès le début, je ne pense pas que je serais allé aussi loin, de mon quartier de Trois-Mares aux bureaux de Coca-Cola Irlande. Comme on dit « ti hache i coupe gros bois ! ».


40 infos et contacts réunionnais en Irlande !

Publicité