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Ludovic Rivière : tout lâcher pour partir vivre en Asie

Publié le 26 avril 2022

Il a démissionné d’un poste en banque sur l’île et vit aujourd’hui à Séoul en Corée, après avoir vécu en Inde, en Chine et au Japon. Formateur, professeur de français, auteur et entrepreneur, découvrez comment Ludovic s’est donné les moyens de changer de vie.


Pouvez-vous vous présenter ?

Ludovic Rivière, 40 ans, originaire de Bras-Panon. De formation initiale Banque-Assurances, j’ai été employé bancaire pendant une dizaine d’années. Mon frère Cédric et moi bossions tout en développant une activité d’animation de soirées Karaoké : « Les Goldens Voy’Z » depuis 2002.

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

Après une dizaine d’années dans le secteur bancaire, avec les conséquences de la crise financière de 2008, je ne m’imaginais pas demeurer ainsi jusqu’à la retraite, cinq ans ou même encore un mois de plus. C’est une chose de savoir ce qu’on ne veut pas, mais l’inverse est beaucoup plus difficile à mettre en lumière. Dans mon cas, deux mots ressortaient : enseigner et voyager.

A l’époque des "Goldens Voy’Z" sur l’île

Une telle reconversion signifiait reprendre des études (et les examens !), quitter son quotidien douillet et prendre des risques. J’étais déterminé mais évidemment le doute était présent et seules quelques rares personnes m’ont réellement soutenu. Par exemple, il n’a pas tant été difficile de dire au revoir à mon employeur que de faire accepter à mes parents ma décision de suivre ma réelle voie. Mais ma famille a fini par l’accepter et en est fière aujourd’hui.

Qu’avez-vous fait ?

Ma première étape a été l’obtention d’un titre de formateur pour adultes à l’AFPAR (qui m’a beaucoup appris) ainsi que le diplôme de licence me permettant d’enseigner. Souhaitant voyager (et enseigner), le parcours FLE (Français Langue Etrangère) était l’idéal pour lier mes deux objectifs. Ce premier succès m’a encouragé à continuer. Il restait à trouver la première véritable expérience professionnelle… Cette première expérience (de stage !) s’est déroulée dans une Alliance française en Inde en 2014. Passer du statut d’employé bancaire dans une île paradisiaque à celui de stagiaire là où les besoins primaires sont mis à mal dans une ville bruyante et sale aura été une de mes expériences les plus dures. Imaginez un peu l’angoisse : passer d’un salaire mensuel de près de 2000 euros nets à une rémunération horaire de… 2 euros !


Et ensuite ?

Cette première expérience très difficile m’a toutefois ouvert les portes de la Chine. Après deux années à enseigner dans un centre privé, j’ai pu obtenir un poste de responsable pédagogique dans une des plus grandes universités du Sud de la Chine. Une reconnaissance bien au-delà de celle que je pouvais espérer à la Réunion… J’ai également écrit un bouquin disponible sur Amazon (et je lance un appel à un éditeur éventuel pour le distribuer sur l’île). Il a pour titre : «  Tout le monde n’a pas eu la chance de démissionner » Il retrace mon parcours, les difficultés et surtout les réussites. La seconde partie se concentre beaucoup plus sur le lecteur pour tenter de raviver la flamme d’une liberté financière ! Pour moi, la prochaine étape de mon projet est de me poser et d’avoir un enfant.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez aujourd’hui et ses habitants ?

Le premier mot qui me vient quand on parle de la société coréenne est le respect des règles et des décisions gouvernementales (un peu trop ?). Par contre, quel plaisir de pouvoir se balader le soir sans être embêté, de ne pas devenir fou si on a oublié son sac dans un café. La sécurité est donc un élément important du bien-être (relatif) des habitants. Séoul est une ville où la concurrence est très féroce et les gens peu amicaux au premier abord. Tandis qu’à Osaka ou à Chongqing tout est centré sur la nourriture et il est plus facile de se faire des amis autour d’un bon repas. Beaucoup de choses seraient encore à partager mais je vais aborder une question que beaucoup d’entre vous se posent : « Oui, mais Ludo, où sont les plus jolies femmes ? En Chine ? Au Japon ? En Corée ? » Bande de petits canaillous. Je vous invite à venir voir par vous-même !


Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Partir pour mieux se découvrir. Se confronter à d’autres cultures pour mieux comprendre la sienne. Bouger, sortir, rencontrer du monde de nationalités et d’histoires différentes dans laquelle on finit par s’inscrire. C’est cela, entre autres, que m’aura apporté cette mobilité. Et honnêtement marmailles, on a autant, voire plus, de qualités que les métropolitains ou les américains. En tant que réunionnais, le vivre ensemble, le respect, la capacité d’acceptation de différentes cultures, religions font que l’on se concentre sur ce qui compte le plus au final : l’Humain. Et là, les découvertes sont infinies.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion ?

Depuis l’international, on s’aperçoit que malheureusement les créoles sont plutôt isolés, pas ou peu (in)formés sur les programmes d’échanges ou les dispositifs comme le VIE ou le PVT. C’est un peu comme ci « on » nous faisait croire que les places étaient réservées aux grandes écoles parisiennes. Donc notre situation insulaire est de facto une première difficulté mais il faut oser y croire et je suis ravi de voir que ça commence à changer ces dernières années.


Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

99,9%, des coréens et japonais ne connaissent pas la Réunion. Mais une fois les photos dévoilées, ils en rêvent tous… Pour des vacances bien que très loin et assez mal desservi.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Le gigot d’agneau de maman avec des flageolets et une coupe de champagne. C’est tellement cruel quand on a le goût d’un bon rougail saucisses dans la bouche et ne pas pouvoir satisfaire nos papilles. Ici, j’ai amené un petit punch pays pour les soirées hivernales, un calendrier Serge Gélabert mais surtout une paire de savates achetées à Saint-Gilles. Ces dernières foulent encore aujourd’hui avec moi des terres lointaines que je souhaite à tout créole de visiter au moins une fois.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Mes parents et mon frère bien sûr, dont je félicite le courage de soutenir une tête rêveuse et pourtant ambitieuse comme la mienne. Je me suis lié également d’amitié avec un autre réunionnais lors de mon expérience à Chongqing en Chine. Salut à toi Raf !


Pour finir, en quoi avez-vous changé ?

Si je n’avais pas eu la chance de réussir à l’étranger je ne me serais jamais rendu compte de cela : avant je me plaignais beaucoup trop. Je suivais ce que je voyais, j’allais là où d’autres voulaient que je sois. J’étais trop passif, sans ambition, sans réel modèle, je donnais trop d’importance à ce que nous montraient les médias, les politiques. La situation socio économique a toujours été difficile et risque d’encore empirer mais on doit oser changer, étape par étape positivement les choses pour notre propre avenir. Personne ne le fera pour nous. Je ne serais pas là aujourd’hui si je n’avais pas osé croire en mes rêves là où personne n’aurait misé un euro. Pour résumer, chacun dispose de clés mais ne sait pas ce qu’elles peuvent ouvrir. Osez rêver plus grand, établissez un plan d’actions, formez-vous, rapprochez vous de véritables leaders inspirants, fuyez les éternels pessimistes et FONCEZ !


Sa chaîne Youtube : www.youtube.com/channel/UCNOZHUmwm3XaFzzdvupvUug / Son livre : www.amazon.fr/Tout-monde-pas-chance-d%C3%A9missionner/dp/1793462607 / Son blog sur la Corée : www.insideseoul.fr

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