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Malika Kureeman, Chargée de coopération à l’Ambassade de France aux Seychelles

Publié le 5 mai 2015

Diplômée d’un Master en Aménagement et Développement local, Malika a décroché un contrat de deux ans en tant que volontaire de solidarité internationale à l’Ambassade de France aux Seychelles, où elle développe les coopérations avec la Réunion. A 29 ans, cette Dionysienne a pris le goût du voyage et de l’expatriation.


Malika Kureeman, Chargée de coopération à l'Ambassade de France aux Seychelles

Pouvez-vous vous présenter svp ?

Je suis née et j’ai grandi dans le centre-ville de Saint-Denis. Depuis six mois, j’effectue une mission de Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) aux Seychelles, en tant que chargée de coopération régionale entre La Réunion et les Seychelles. Ma mission est le fruit d’un partenariat entre France Volontaires, la Région Réunion, le Feder coopération et le Ministère des Affaires Etrangères seychellois. Basée à l’Ambassade de France, mon rôle est de faire le lien entre les porteurs de projets ici et à La Réunion.

Quel a été votre parcours de mobilité ?

J’ai quitté la Réunion à l’âge de 20 ans pour continuer mes études à Paris. J’avais un grand besoin de voir autre chose, de me sentir autonome, d’apprendre à me connaître. J’ai vécu ce départ comme une aventure et un défi à relever. Je suis immédiatement tombée amoureuse de ma ville d’adoption, j’y ai vécu sept belles années. Je suis rentrée à La Réunion en mars 2013 et j’ai trouvé un emploi en CDD. Mais l’idée de partir vivre à l’étranger un an ou deux me trottait dans la tête depuis déjà un moment...

Qu’avez-vous fait ?

Deux possibilités s’offraient à moi : soit passer des concours pour me « stabiliser » dans ma voie , soit transformer ma fin de contrat en opportunité, en vivant une expérience d’expatriation. J’avais toujours eu d’autres priorités et je savais que si je continuais à hésiter, tous les dispositifs réservés aux jeunes (service civique, VIE/VIA, etc.) allaient me passer sous le nez un par un… C’est en allant me renseigner au Pôle Emploi International que je suis tombée sur l’offre publiée par France Volontaires. Je n’avais jamais pensé aux Seychelles en particulier, mais mon père y a travaillé il y a longtemps … J’y ai vu une sorte de signe !

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Un chapeau l’Effet péi et des savates deux doigts offerts par des amies, une serviette de plage et d’autres petits cadeaux de mes anciens collègues. Je les aime beaucoup et les utilise régulièrement.


plage des Seychelles

En tant que Réunionnaise qu’est ce qui vous a paru le plus proche / le plus éloigné aux Seychelles ?

Nous sommes très proches culturellement : on retrouve les mêmes noms de famille, les gens se ressemblent, il y a plein de similitudes dans nos créoles et nos plats... Les Seychelles ressemblent à la fois à La Réunion et à Maurice, sous différents aspects. Mais outre le fait que les Seychellois sont plus anglophones que francophones, la plus grande différence pour moi c’est l’ouverture immense qu’ils ont sur le monde. Il était impératif pour eux de développer le tourisme et d’attirer les investissements étrangers, ainsi que de la main d’œuvre qualifiée. Sur une toute petite population de 90 000 habitants, environ 15 000 sont des expatriés… C’est impressionnant, on rencontre des gens du monde entier. Ça a ses bons et ses mauvais côtés.

Quelle est l’image de la Réunion aux Seychelles ?

Il y a toujours des rivalités entre les îles de la région, mais je pense que globalement l’image de La Réunion est plutôt bonne. Les premiers habitants des Seychelles étaient des Réunionnais, nous sommes cousins ! Malheureusement des cousins qui se connaissent trop peu... Les Seychellois sont réservés avec les étrangers, mais dès qu’on les connaît un peu, on se rend compte qu’ils ont eu cœur immense, ils sont toujours prêts à offrir leur aide. Je pense qu’être réunionnaise est un avantage, nous sommes intégrés beaucoup plus facilement que d’autres expatriés.

Pourquoi ?

Je n’idéalise pas les Réunionnais. Nous avons aussi nos défauts et je sais pertinemment que nous ne sommes pas plus tolérants que les autres dans tous les domaines, loin de là. Mais nous avons la chance d’avoir cette longue tradition du vivre ensemble, qui nous donne une propension à accepter plus facilement la différence. C’est une richesse inestimable. Non pas qu’il n’existe pas en métropole, et ailleurs en Europe, des coins aussi multiculturels que notre île. Mais cette multi-culturalité ne se vit pas avec la même sérénité. Grandir dans un environnement comme celui qu’on connaît chez nous donne une grande force. C’est à nous de nous en servir pour prendre notre place en tant que citoyens français, et citoyens du monde.


Malika Kureeman, Chargée de coopération à l'Ambassade de France aux Seychelles
Quels sont vos projets ?

Pour l’instant, faire le meilleur boulot possible et retirer le maximum de cette belle expérience de volontariat. Professionnellement, le VSI nous offre la possibilité d’avoir des responsabilités et de faire des choses auxquelles nous n’aurions normalement pas pu avoir accès. Mon projet se construit au fil des mois. A long terme, j’aimerais continuer à découvrir les autres pays de la zone et, un jour, renouveler l’expérience de l’expatriation. J’ai toujours été attirée par l’Asie du Sud-Est et je commence à m’intéresser à d’autres régions du monde. Ce ne sera pas forcément dans la foulée, il y un moment pour tout dans la vie.

Avec le recul, que vous a apporté la mobilité ?

Je pense que partir m’a ouvert l’esprit, m’a permis de m’affirmer et de voir la vie autrement. Une ville comme Paris est au cœur de la mondialisation, aussi bien dans ses aspects positifs que négatifs. Y vivre m’a fait prendre conscience de beaucoup de choses. J’y ai découvert des gens extraordinaires, surtout dans le milieu associatif, et des combats à mener.

Par exemple ?

Avant de quitter La Réunion, des concepts comme la défense d’une identité créole étaient synonymes pour moi d’enfoncer des portes ouvertes. J’ai changé de perspective en découvrant d’autres mouvements identitaires faisant la promotion de l’inter-culturalité. J’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’un repli identitaire, mais simplement du besoin « d’être soi-même », de vivre sa différence sereinement.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Personnellement, je n’ai vu que des avantages à être réunionnaise. J’ai sans doute eu de la chance. C’était amusant de voir les gens essayer de deviner mes origines, souvent en fonction des leurs, et ma réponse suscitait généralement la sympathie et le rêve. Pour les « zoreils », La Réunion évoque le soleil, l’exotisme et la douceur de vivre. Parfois aussi le volcan et les requins, suite aux derniers fait-divers.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

J’ai vu La Réunion beaucoup changer au cours de ces dernières années. Les infrastructures se sont développées et les façons de travailler se sont professionnalisées. Je pense que nous avons de réels atouts et savoir-faire à exploiter. Les décideurs politiques et les hommes d’affaires ont compris que pour « désengorger » notre économie il fallait s’ouvrir aux pays de la zone, et au-delà. Ça prendra sans doute plus de temps pour que la population suive.

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com  ?

J’adore lire la section portraits. C’est un peu de votre faute si j’ai la bougeotte !


Voir : LES OFFRES DE MISSION FRANCE VOLONTAIRE DANS L’OCEAN INDIEN

Basé sur l’île, France Volontaires propose toute l’année des missions indemnisées de 24 mois en Afrique Australe et dans l’Océan Indien. Plus de 40 Volontaires de Solidarité Internationale originaires de La Réunion sont en permanence en mission dans des pays de la zone, en appui à des structures locales œuvrant pour la coopération régionale. Sur quels postes, dans quels pays et comment postuler ? Cliquez ici pour en savoir plus : De la Réunion, France Volontaires recrute toute l’année pour l’océan Indien

D’autres infos et portraits de Volontaires réunionnais dans l’océan Indien / La page Facebook

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