Mary Pompée : de Sciences Po Paris à Berkeley Californie
Etudiante à Sciences Po mais aussi en licence numérique de droit à l’université Panthéon Assas, Mary vit actuellement en Californie, dans le cadre d’un échange avec la prestigieuse université de Berkeley. Membre de l’association « De la Réunion aux grandes écoles », elle livre, à 20 ans, ses impressions sur ses études et ses perspectives d’avenir.
Pouvez-vous vous présenter ?
Mary Pompée, 20 ans, originaire de Saint-Denis. Après un Bac au lycée Levavasseur, j’ai quitté la Réunion en 2020 pour poursuivre mes études supérieures à Sciences Po Paris. Dans le cadre d’un échange universitaire d’un an, j’étudie actuellement en Californie, à l’université de Berkeley.
Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?
Les Américains sont extrêmement amicaux et chaleureux, ce qui change considérablement du contexte métropolitain. Toutefois, ils sont parfois très superficiels dans la construction de leurs relations sociales, professionnelles et amicales.... En termes de paysages, la Californie est un endroit magnifique avec une diversité incroyable ! Cependant, c’est aussi un état de contrastes sur le plan social. J’ai été choquée d’être souvent confrontée à deux mondes diamétralement opposés à quelques kilomètres d’intervalle : une opulence considérable et une pauvreté extrême.
Quels sont vos projets ?
Cette année a confirmé mon envie de travailler dans un environnement international et de m’ouvrir à différentes cultures. Je considère que l’engagement pour la collectivité est essentiel et je crois profondément en son pouvoir d’émancipation personnelle. J’aimerais faire carrière au sein d’une institution européenne, ou plus largement dans le milieu diplomatique. Revenir à la Réunion ? Pourquoi pas s’il y a un jour davantage de perspectives de carrières au niveau administratif, politique.
Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?
Je suis fière du développement socio-économique de mon île depuis ces dernières années. Toutefois, je déplore la dépendance de notre économie vis-à-vis de certains grands groupes et le clientélisme politique qui émane parfois des acteurs socio-économiques sur le territoire. L’avancement de la Réunion devrait émaner d’une volonté commune, et ne pas bénéficier uniquement à certains, au risque d’exacerber les inégalités et la polarisation sur notre territoire.
- Mary Pompée, 1ère au concours départemental d’éloquence 2019 de la Réunion
Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?
Ma famille (je suis arrivée là grâce au soutien inébranlable de mes parents !), la nourriture et surtout le côté chaleureux de la culture. Ici, j’ai apporté avec moi un chapeau de la Réunion, mon drapeau, et ma robe de séga !
Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?
Oui ! Peu importe l’endroit où je me trouve, je pense que c’est fondamental de créer du lien avec d’autres Réunionnais afin de se soutenir. Il est important de s’entraider face aux épreuves inhérentes à la mobilité ; cela forme souvent de belles amitiés !
Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?
Partir a été une des meilleures décisions de ma vie car elle m’a ouvert d’autres possibilités sur les plans académique et professionnel. Au niveau personnel, elle m’a permis de me découvrir. Malgré la difficulté de l’éloignement, l’expérience de la mobilité est extrêmement formatrice. L’un des inconvénients, c’est la sensation de déracinement pendant les premiers mois, tant le mode de vie est différent sur notre île. J’ai aussi dû me confronter à de nombreux stéréotypes et à l’ignorance sur la Réunion.
Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?
Même au sein de la communauté française aux Etats-Unis, elle est très limitée. J’ai parfois été surprise de la culture lacunaire de certains Français et du langage qui n’est pas toujours déconstruit sur certains sujets. Il y a toujours une exotisation du territoire que je trouve problématique. Quant aux étrangers, ceux qui ont en entendu parler ont une vision très positive du fait des beaux paysages. La plupart n’étant pas au fait des statuts administratifs français la considèrent comme une "colonie". J’ai également pu noter que la plupart des Africains connaissant la Réunion et la considèrent comme faisant partie du continent africain du fait de ses influences !
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