Mathias Capponi, VSI à l’Alliance Française de Pondichéry

Pouvez-vous vous présenter ?

Mathias Capponi, 32 ans. Je suis né à Saint-Paul, où j’ai passé la plus grande partie de mon enfance. J’ai quitté La Réunion après le Bac, car il me semblait nécessaire de découvrir de nouveaux horizons. Pour être honnête, je voyais un peu La Réunion comme une prison dorée... Diplômé d’un master en politiques culturelles à Paris, je suis actuellement VSI à l’Alliance Française de Pondichéry, en charge de la communication en partenariat avec le Département de La Réunion et l’Union européenne (programme INTERREG V OI).

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

L’Inde est un pays mystique, rempli d’extrêmes avec une philosophie très différente de la nôtre. Je suis aujourd’hui fasciné par l’immensité de cette culture qui en a défini beaucoup d’autres. Par ailleurs, Pondichéry est l’un des rares endroits que j’ai pu visiter où La Réunion est bien connue. Elle est un vrai partenaire socio-économique. Cependant, le lien entre les deux territoires mérite d’être fortifié.

Quels sont vos projets ?

Aujourd’hui, j’ai encore envie de voyager et de m’enrichir d’expériences. Ceci dit, si j’ai des enfants un jour, je voudrais les élever à La Réunion. Je viens de renouveler mon contrat de VSI à l’Alliance française de Pondichéry pour une nouvelle année. J’en suis très heureux. La Covid étant derrière nous, l’avenir s’annonce pleins de projets, en coopération avec La Réunion. Par exemple, fin 2022, les artistes Kid Kréol & Boogie viendront en Inde pour une tournée au cours de laquelle ils peindront une fresque dans plusieurs villes.

Avez-vous croisé des Réunionnais en Inde ?

En tant qu’ancien comptoir français et berceau du peuplement réunionnais, il n’est pas rare de rencontrer des Réunionnais dans le sud de l’Inde ! Par ailleurs, nous avons récemment reçu une délégation réunionnaise pour la commémoration d’une stèle en l’honneur des travailleurs indiens ayant traversé l’océan pour s’installer à La Réunion.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Dans toutes mes valises, il y a du piment la pâte ou autres douceurs de chez nous… Mes voyages m’ont fait réaliser à quel point La Réunion est un paradis sur terre. Mon île me manque toujours ! Et bien sûr, la famille. Je ne vois pas vraiment de désavantage à venir de La Réunion, au contraire ! La multiculturalité de l’île m’a, dans un sens, préparé à m’ouvrir à de nouvelles cultures. Cette posture facilite beaucoup le voyage et l’intégration : “L’autre” remarque très vite votre état d’esprit vis-à-vis de son pays !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Le problème a toujours été le même : un tiers de la jeunesse réunionnaise n’a aucune perspective d’avenir aujourd’hui. Je regrette qu’à chacun de mes retours sur mon île, je vois de plus en plus de lotissements et de centres commerciaux. Pour moi, ces marqueurs sont assez parlants de la direction socio-économique que continue de prendre La Réunion. Je comprends que nous n’ayons pas tous les mêmes moyens dans la vie, mais j’encourage tous les jeunes à croire en eux et à oser réaliser leurs projets ! Le chemin est sinueux, mais je suis persuadé que c’est le bon !

---

172 contacts et infos réunionnaises en Inde

Le 22 août 2022, une délégation de trente Réunionnais était présente à Pondichéry pour la cérémonie du 10e anniversaire de l’installation de la stèle en l’honneur de leurs ancêtres sur le campus de l’Université de Pondichéry. Le mémorial rénové a été inauguré dans les jardins du complexe culturel de l’Université de Pondichéry en présence d’environ 300 invités, dont la délégation réunionnaise et des représentants des territoires français d’outre-mer. A cette occasion, la Consule adjointe, Mme Carole Josse, a rappelé les liens historiques et culturels entre l’Inde et La Réunion et a invité à poursuivre coûte que coûte la coopération indo-réunionnaise.

Une stèle commémorative a été inaugurée en 2010 à Pondichéry, hommage aux travailleurs indiens venus à sur l’île de La Réunion en tant qu’esclaves ou en tant qu’engagés. Pondichéry fut un carrefour de la traite négrière et de la traite des engagés. Un artiste indien sculpte un bateau de pierre orienté vers les îles de l’océan Indien, témoignage contemporain des liens entre l’Inde et sa diaspora.

L’érection de cette stèle permet aussi à des familles indiennes de faire le deuil d’un parent parti sans revenir il y a un siècle et demi, et de retrouver une part de cet être dans les Réunionnais qui viennent régulièrement Pondichéry. Car ces Réunionnais symbolisent ce que sont devenus les immigrants...

La stèle de la mémoire (XVIe-XIXe siècles) a été installée en janvier 2010, dans le cadre du projet "Route de l’esclavage et de l’indentation" validé par l’UNESCO et le GOPIO Réunion, la Région Réunion et l’Association HISTORUN, sous la présidence de feu Monsieur Sudel Fuma, et l’Université de Pondichéry.

Voir : LES OFFRES DE MISSION FRANCE VOLONTAIRE DANS L’OCEAN INDIEN

* Basé sur l’île, France Volontaires propose toute l’année des missions indemnisées de 12 à 24 mois en Afrique Australe et dans l’Océan Indien. Plus de 50 Volontaires de Solidarité Internationale originaires de La Réunion sont en permanence en mission dans des pays de la zone, en appui à des structures locales œuvrant pour la coopération régionale. Sur quels postes, dans quels pays et comment postuler ? Cliquez ici pour en savoir plus : De la Réunion, France Volontaires recrute toute l’année pour l’océan Indien

D’autres infos et portraits de Volontaires réunionnais dans l’océan Indien / La page Facebook