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Mathilde Glocheux, graphiste et webdesigner indépendante à Bruxelles

Publié le 20 janvier 2010

Originaire de Plateau Cailloux, Mathilde a commencé des études d’art appliqué à la Réunion avant de poursuivre en métropole et en Belgique. A 23 ans, elle s’est lancée dans une carrière de graphiste, infographiste et webdesigner en freelance à Bruxelles, d’où elle travaille à distance avec des entreprises réunionnaises sous le nom de Mamzell M.

Mathilde Glocheux
"Avec ma copine Popstouk"

Racontez-nous votre parcours.

Je viens de Plateau Cailloux, en haut des rampes de Saint-Paul. Mes parents sont tous les deux enseignants. Après un Bac scientifique, dont j’ai conservé un sens définitivement « anti-mathématiques », je me suis consacrée à ma passion depuis toujours : la création graphique. J’ai commencé mon cursus par une année de mise à niveau en Arts Appliqués au lycée Ambroise Vollard à Saint-Pierre. Puis, comme beaucoup d’étudiants insulaires, j’ai eu envie de voir le monde, le découvrir, aller voir ce qui s’y fait...

Qu’est ce qui a motivé votre décision ?

Après mon année à Saint-Pierre, je n’avais pas beaucoup de solutions. Il existe un BTS de mode au Tampon mais je crois que lorsqu’on commence un cursus dans le domaine de la création, il est important de s’ouvrir au monde de la création. Un jour un professeur d’Histoire du design a crié haut et fort dans l’amphi : « comment parler d’un tableau de Picasso sans l’avoir vu ? Pour parler d’art, de design, de danse ou d’opéra il faut d’abord le vivre ». J’ai compris qu’il était nécessaire pour que j’avance, de quitter la Réunion.

Qu’avez-vous fait ?

J’ai atterri à Lyon vers la fin de l’été 2005 pour commencer un BTS de design « Mode textile et environnement ». Mon arrivée a été assez difficile, j’ai trouvé l’ambiance et les gens assez froids. Je me suis donc plongée totalement dans mes études, deux ans de travail intensif, de questionnement, de stress et de nuits blanches (!) ... pour apprendre à répondre à la demande, à se plier aux consignes et à aller chercher le plus loin possible les solutions les plus farfelues. Une anecdote ? La première fois que j’ai vu la neige, je me suis sentie comme une petite fille complètement émerveillée. Mes voisins ont dû me prendre pour une folle ! Folle ? Non messieurs dames : juste une petite Réunionnaise qui n’a jamais vu toute cette blancheur glacée si poétique !

Mamzell M : calendrier

Et ensuite ?

Après un stage chez "Cathy Pill" à Bruxelles, j’ai décidé de vivre dans la capitale européenne. J’ai commencé une année à l’ERG (Ecole de Recherche Graphique) puis une année de formation en cours du soir où j’ai été diplômée en "webdesign". Je me suis ensuite envolée six mois à Barcelone, pour me nourrir de culture, avaler et digérer tout ce qui pouvait assouvir mon envie créatrice. J’y ai trouvé mon premier job de graphiste dans l’évènementiel de luxe. Aujourd’hui je suis de retour à Bruxelles depuis septembre 2009, graphiste, infographiste et webdesigner indépendante sous le nom de Mamzell M.

Quels objets de la Réunion vous ont suivi dans vos voyages ?

En réalité pas beaucoup... Je ne suis pas très attachée aux objets, mais j’ai apporté beaucoup de choses « dans ma tête » : des milliers de couleurs, de senteurs, de souvenirs, de beauté, de métissage... Ah oui j’ai quand même toujours ma bonne vieille paire de "savat’ dé doi" que je mets avec des grosses chaussettes en laine !

Quels sont vos projets ?

Je viens de vendre sept dessins à la marque de tee-shirts réunionnaise "Couleur Café". J’ai un projet de livre de cuisine réunionnaise. Dans l’idéal j’aimerais beaucoup continuer à travailler à distance avec la Réunion. Je me sens bien ici à Bruxelles, j’y ai reconstruit mon petit nid et je ne me vois donc pas partir tout de suite. Je me sens toujours très liée à la Réunion, mon projet serait donc de trouver de nouveaux clients sur l’île.

Mamzell M : modèle de tshirt Couleur Café

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Le sable chaud, d’avoir chaud tout simplement, l’horizon de la mer, les letchis et les bouchons... Mais je crois avant tout ça : ma famille et mes amis. Il y a un restaurant réunionnais pas très loin de chez moi où j’aime bien aller manger un bon rougail saucisse. J’ai aussi heureusement une dizaine d’amis du lycée qui sont un peu partout en France : Toulouse, Paris, Nantes, Montpellier et ma soeur à Grenoble !

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Je ne sais toujours pas si c’était la ville de Lyon ou le mal du pays... Ce qui est sûr, c’est que je me sens beaucoup mieux "chez les Belges" qui sont des gens chaleureux, accueillants et humbles. Bruxelles est une ville extraordinaire, très électrique dans le sens où les choses ne sont jamais ancrées mais en constante évolution et en mouvement. C’est aussi une ville très cosmopolite, il n’y a pas de frontière ou de quartiers ethniques. J’aime ce métissage et ce mixage de cultures.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Lorsque j’ai quitté la Réunion, ma famille et mes amis, j’ai eu réellement le sentiment d’être un oisillon qui s’envole de son nid sans savoir voler. Je suis vraiment tombée de haut et la chute fût difficile. Mais je sais aujourd’hui que si je devais le refaire, je le referais sans aucun doute. Ma mobilité m’a permis de rencontrer des personnes extraordinaires, de parler d’autres langues, de rencontrer de nouvelles cultures, de voir de nouveaux paysages, de nouvelles façons de penser, de gouter des spécialités culinaires qui m’étaient inconnues, de découvrir des nouveaux style de musique, d’avoir accès aux spectacles, aux expositions, à la culture...

Mon site internet - Mamzell M : www.mathildeglocheux.com

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Mathilde Glocheux
"avec Astrid qui vient des Avirons aux étangs d’Ixelles juste à côté de chez moi"
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