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Mickaël Leperlier, 22 ans, expert comptable stagiaire au Cannet (06)

Publié le 26 octobre 2006

Alors qu’il n’avait jamais mis les pieds en métropole, Mickaël a débarqué à Nice un beau jour avec un DECF (Bac +3) décroché au lycée de Bellepierre en poche. Deux ans et deux diplômes plus tard, après un parcours sans faute, il est aujourd’hui expert comptable stagiaire dans un cabinet d’audit au Cannet, membre du réseau international Moore Stephens.

Mickaël Leperlier

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Je suis originaire de l’Etang-Salé, d’un grand-père planteur et coupeur de cannes à sucre. J’ai côtoyé le monde de l’entreprise grâce à mon père qui est chef d’entreprise sur Saint-Pierre".

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

"A la fin de mon DECF (Diplôme d’Etudes Comptables et Financières : Bac+3) au lycée de Bellepierre, j’ai voulu accentuer mes connaissances en matière comptable et en gestion. La Réunion ne proposant pas de formation au DESCF (Diplôme d’Etudes Supérieures Comptables et Financières : Bac+4), j’ai pris la dure décision de quitter l’île pour suivre cette formation par le biais de l’apprentissage en métropole et plus exactement à Nice".

Racontez-nous votre arrivée.

"Je suis arrivé à Nice en octobre 2004. Atterri dans un foyer de jeunes travailleurs dans un quartier à l’inverse de l’image qu’on se fait de la côte d’azur, j’aurai repris l’avion le jour même pour rentrer sur l’île ! Mais quand on persévère on réussit toujours, et c’est ce qui s’est passé. Depuis la Réunion, j’avais un contact avec une structure qui m’a embauché au service comptable comme apprenti pour pouvoir suivre la formation DESCF. Cette structure, c’est le groupe PRO BTP, qui est le groupe de protection social des salariés du bâtiment et premier groupe de protection sociale en France. Après 14 mois, j’ai passé mes épreuves du DESCF et mon contrat se terminait ce même mois. Malgré une intention d’embauche de la part de PRO BTP, j’ai refusé l’offre pour pouvoir poursuivre le cursus de l’expertise comptable".

Qu’avez-vous fait ?

"J’ai passé deux mois début 2006 à attendre les résultats de l’examen et à chercher un cabinet d’expertise comptable pour pouvoir faire mon stage professionnel d’expert comptable. Un cabinet spécialisé dans le conseil aux entreprises et dans l’audit légal et contractuel situé à Le Cannet (ville à côté de Cannes) m’a contacté pour un entretien. Tout s’est bien passé et j’ai intégré le cabinet Casagrande et Associés, créé en 1965 et composé d’une trentaine de collaborateurs".

Et aujourd’hui ?

"Je me suis inscrit à l’ordre des experts comptables de Marseille en tant qu’expert comptable stagiaire. Depuis, tout se passe très bien. Je bénéficie d’une formation très poussée de mon chef de groupe et j’apporte ma pierre à l’édifice en prenant de plus en plus de responsabilités au cabinet".

Quels sont vos projets ?

"Actuellement, mon projet principal est de décrocher le DEC (Diplôme d’Expertise Comptable : Bac+7). Après l’obtention de ce diplôme on verra les opportunités qui se présenteront pour prendre une décision : rentrer sur l’île ou rester ? M’associer à la direction d’un cabinet ou rester salarié ? J’ai encore le temps de voir venir".

Mickaël Leperlier
En bas à droite, lors d’un pique-nique réunionnais sur les collines de Nice.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Plein de bonnes choses. Elle m’a appris à me débrouiller tout seul et à prendre mes responsabilités. Je n’avais jamais posé les pieds en métropole avant. Que ce soit au niveau administratif ou au niveau humain, le fait d’aller vers un monde qu’on ne connaît pas forge le caractère".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Ce qui me fait le plus peur sur l’île, c’est le bétonnage à l’extrême et la flambée de l’immobilier. Il ne faut pas qu’on reproduise sur l’île ce qui s’est passé sur la côte d’azur ! Il est vrai qu’une partie de la population réunionnaise est en besoin de logements et que des constructions sont nécessaires. Mais quand on voit qu’une minorité de personnes s’enrichissent à l’extrême grâce à des opérations de promotion immobilière ayant comme conséquence perfide de faire grimper les prix, on peut se demander si dans quelques années l’île ne sera pas comme la côte d’azur où uniquement les étrangers peuvent aujourd’hui se permettent d’acquérir un logement convenable.
Il ne faut pas oublier que la Réunion est connue pour l’intensité de sa nature qui est son premier atout touristique. A mon avis, il ne faut pas la gâcher (je suis un vif partisan de la création d’un parc naturel sur l’île) car les conséquences peuvent être graves. Je préconise une gestion de la nature comme celle qui est faite en Corse, où les autorités font des efforts pour marier au mieux besoin de logements et préservation de la nature".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Pour le moment, je touche du bois car le fait d’être réunionnais a toujours été un avantage pour moi. De mon expérience vécue et des gens que j’ai fréquentés, les Réunionnais sont reconnus comme des personnes motivées et de gros travailleurs. Et puis, le fait d’avoir fait tant de kilomètres et d’avoir laissé beaucoup de choses importantes sur l’île montre que nous avons une intention de réussir bien prononcée".

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

"Bien heureusement, j’ai des contacts avec d’autres Réunionnais. Ils sont pour la majorité venus comme moi pour suivre la formation DESCF. On a formé une bande de copains et on se voit très souvent pour passer des soirées créoles".

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"La région où je suis est très enrichissante, surtout pour le métier que j’exerce. La côte d’azur est très touristique et il y a une multiplicité de nationalités. Sinon, d’un point de vue général, les gens de ma région ne sont pas réputés d’un naturel à vous ouvrir leur porte facilement. Mais ils y en a qui sortent toujours du lot... J’ai été très bien accueilli et j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui sont devenus des amis et que j’ai plaisir à côtoyer aujourd’hui".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Le principal conseil que je donnerais, c’est de ne pas hésiter à quitter l’île pour pouvoir réussir. Si ils ont un projet bien défini et une réelle motivation, ils ne tireront que des bénéfices en venant en métropole".

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