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Militant UMP à Cergy, Armand Payet témoigne

Publié le 25 novembre 2012

Elu d’opposition à Cergy, Armand Payet exprime la déception et la colère de nombreux militants face à l’attitude de leurs leaders. Ce jeune diplômé de l’ESSEC, analyste financier chez Dexia, a voté François Fillon, après avoir soutenu la candidature de Bruno Le Maire qui n’a pas été retenue : « Le comportement des équipes des deux candidats depuis l’élection est inexcusable. Plutôt que de faire preuve d’humilité devant l’étroitesse des écarts, chaque équipe y est allée de son commentaire navrant, désolant pour les militants. Aucun des deux n’a de facto de légitimité naturelle pour présider sereinement l’UMP. »

armand payet

Comment les élections se sont-elles déroulées dans votre ville ?

Dans mon bureau, les électeurs étaient enthousiastes, souriants mais graves aussi : nous avions tous le sentiment d’accomplir un acte important pour notre parti et par suite, pour la France. Ce bureau était très bien tenu. S’il y a eu des dysfonctionnements à l’échelle nationale, ils sont limités aux quelques bureaux de vote évoqués dans la presse : c’est sans commune mesure avec la fraude généralisée dans des fédérations entières du PS lors du congrès de Reims.

De nombreux militants de l’UMP semblent déçus de la façon dont les choses se sont passées. Est ce votre cas ?

Pour nombre d’entre nous, le comportement des équipes des deux candidats depuis dimanche est inacceptable et inexcusable. Plutôt que de faire preuve d’humilité devant l’étroitesse des écarts, chaque équipe y est allée de son commentaire navrant, désolant pour les militants. Les militants étaient déçus dimanche et lundi. Aujourd’hui ils sont en colère : tout le monde sait que les scores des deux candidats sont quasiment identiques, quelle que soit la façon dont on compte. Aucun des deux n’a de facto de légitimité naturelle pour présider sereinement le parti. Beaucoup de ces militants, j’en fais partie, considèrent que la seule voie de sortie est la mise en place d’une présidence collégiale jusqu’en 2015 composée par exemple d’Alain Juppé, Nathalie Kosciusko Morizet et Bruno Le Maire.

Ayant vécu les choses « de l’intérieur », pouvez-vous nous en dire plus sur la lutte fratricide qui a opposé les deux camps ?

La situation actuelle était inévitable du moment où on se trompait d’élection : Jean François Copé et François Fillon veulent tous deux, et c’est une ambition légitime, concourir à la présidence de la République en 2017. L’un et l’autre considéraient, probablement à juste titre, que s’emparer du parti en 2012 c’était automatiquement se placer favorablement pour les primaires de 2016. Choisir un « présidentiable » à la tête de l’UMP est une erreur à mon sens pour deux raisons. D’abord parce que le choix du président ne doit pas trancher une ligne politique (c’est le rôle des motions), mais celui de la personnalité qui sera la mieux à même d’organiser des débats en interne. Ensuite le président élu doit rassembler les militants pour mener une opposition ferme et intelligente. Et non pas être en campagne permanente.

Pour vous, qu’est ce qui sépare François Fillon et Jean-François Copé ?

Malgré les discours prononcés, je pense que fondamentalement l’un et l’autre sont sur la même ligne politique car leur parcours, leur histoire politique, leurs décisions passées, tracent les lignes de leur engagement à droite : le mérite, la responsabilité, le travail, l’effort récompensé. Ce qui les distingue donc n’est pas sur le fond mais sur la forme : la posture, les angles d’attaque retenus, le ton. En ce sens, la droitisation de son discours a irrémédiablement séparé Jean François Copé d’une frange de militants et François Fillon s’est coupé de certains autres en parlant davantage aux sympathisants qu’aux militants qui font l’essence du parti. Cependant les deux tiers des militants se sont exprimés en faveur de motions très similaires : la droite sociale, la France moderne et humaniste, les Gaullistes, la Boîte à idées sont toutes portées par les partisans d’une droite responsable qui parle aux Français avec intelligence. Si fracture il y a, elle n’est pas chez les militants.

Selon vous, que va-t-il se passer maintenant à droite ?

Qu’Alain Juppé puisse servir aujourd’hui de médiateur me semble être l’amorce d’une sortie de crise. Tout le monde loue sa stature et son autorité. Les militants attendent une chose : que nos responsables se remettent au travail ! Les mesures prises par François Hollande et toutes celles qu’il ne prend pas font courir à notre pays le danger du déclassement. Nous aimons notre pays, nous sommes attachés à ses valeurs, celles d’une France généreuse, qui rayonne et porte espoir. La République nous commande de nous rassembler, c’est l’intérêt supérieur du pays qui nous impose d’animer l’opposition avec un parti uni et en ordre de marche. Je suis persuadé que le sens du devoir l’emportera chez nos responsables.

Article paru dans Le Quotidien du 25 novembre 2012


Bio Express

Armand Payet, 26 ans. Après des études au Tampon jusqu’au Bac puis deux années de classes préparatoires HEC à Bellepierre, il intègre l’école de commerce ESSEC. Depuis deux ans, il travaille depuis chez Dexia où il analyse l’évolution financière des collectivités locales en Europe. Il habite à Cergy depuis 2005 où il a été candidat-suppléant aux élections législatives de juin 2012.


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