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Morgane Andry, doctorante réunionnaise à Paris

Publié le 7 décembre 2020

Elle étudie l’évolution du discours touristique sur la Réunion. Jeune chercheuse en sciences du langage du laboratoire LCF à l’Université de La Réunion, Morgane fait un point d’étape sur son parcours et ses recherches.


Pouvez-vous vous présenter ?

Morgane Andry, 26 ans. J’ai passé toute mon enfance et mon adolescence dans le sud de l’île, au Tampon. Puis j’ai vécu sept ans à Saint-Denis, où j’ai suivi les cours de l’université. Titulaire d’un master en sciences du langage, je suis actuellement en dernière année de doctorat, dans la phase de la rédaction de ma thèse.

Pour quelle raison avez-vous quitté la Réunion ?

J’ai quitté l’île par rapport au sujet de ma thèse de doctorat qui est centré sur la représentation de La Réunion dans le milieu touristique. J’ai ressenti le besoin de prendre un peu de recul vis-à-vis de mon sujet d’étude et pour le besoin de mes enquêtes de terrain également (public ne connaissant pas l’île et professionnels du tourisme en hexagone). J’étudie la représentation de l’île et ce que les gens pensent de La Réunion et des Réunionnais.

Parlez-nous de votre vie à Paris.

Je vis en région parisienne. J’ai pu côtoyer des personnes de toutes origines et nos rapports sont plutôt bons. J’apprécie de vivre dans la capitale pour ses opportunités et la facilité d’accès à la culture, aux musées ou aux événements scientifiques. Je suis confrontée à des visions différentes et c’est toujours très enrichissant. J’aime aussi avoir des entretiens avec des Réunionnais qui vivent ici. C’est toujours très intéressant. Je n’ai pas vraiment rencontré de problèmes ici.

En quoi consistent vos recherches ?

Doctorante en sciences du langage, je me spécialise sur l’analyse des discours touristiques sur La Réunion et les espaces insulaires. Mes objectifs : comprendre la ou plutôt les manières dont on parle de La Réunion, constituer une base de données qui permettra d’étudier comment ces discours évoluent. Pour comprendre la façon dont on parle de La Réunion, une partie de mon travail consiste à éplucher les ouvrages touristiques comme le Petit futé, le GéoGuide et le LonelyPlanet, mais aussi les discours des guides de musées, des hôteliers, des restaurateurs… J’analyse les mots qui reviennent le plus souvent, la présence ou non de termes créoles…

Sortie au Palais de Tokyo

Mes premiers résultats montrent que les discours des guides touristiques correspondent au besoin de vendre une destination exotique et insolite, afin que le futur voyageur puisse rompre avec son quotidien. Aujourd’hui, à l’heure d’internet, la parole des touristes est également mise en avant. Ce sont leurs témoignages qui influenceront le voyageur de demain. Finalement, étudier les discours portés sur La Réunion, c’est être confrontée à de nombreux supports - oraux ou écrits - et devoir jongler entre différentes thématiques : la cuisine, les activités sportives, les musées, les lieux où manger, où dormir.

Justement, quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

La Réunion est assez connue à Paris, pour sa richesse culturelle, sa diversité, son métissage et forcément ses paysages de carte postale. Je n’en ai entendu que du positif et on me pose régulièrement des questions très pertinentes. Il existe encore certains clichés sur la vie insulaire mais c’est aussi mon travail de les recenser et les analyser sans jugement, en toute objectivité. Les discours des voyageurs et des habitants sont également intéressants afin d’établir un état des lieux du tourisme à La Réunion sous le prisme des sciences du langage. Ils permettent enfin d’étudier le point de vue de "l’Autre".

Quels sont vos projets ?

Vivant à Paris depuis deux ans, je m’efforce de représenter La Réunion dans différentes publications scientifiques et sur les réseaux sociaux (notamment sur une toute nouvelle page Instagram consacrée à mes recherches et aux représentations de la Réunion @auproprecommeaufigure). Après ma thèse de doctorat, j’espère poursuivre mes recherches grâce à un contrat post-doctoral en hexagone ou ailleurs ou, pourquoi pas, postuler à des postes d’ATER (attaché temporaire d’enseignement et de recherche) en sciences du langage / linguistique. Revenir à la Réunion ? Un poste à l’université, ou dans un secteur où je mettrais mes recherches en application, pourrait me convaincre de rentrer.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ma famille, les paysages et la nourriture… Ici j’ai apporté avec moi des épices, des cartes postales et les bonnes recettes réunionnaises de ma maman que je conservent précieusement ! J’ai quelques amis réunionnais sur Paris. Nous nous voyons régulièrement et, avant la crise sanitaire, certaines de mes connaissances préparaient parfois des diners créoles, avec les caris et samoussas à l’honneur !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

La Réunion a beaucoup d’avantages. Il y a de nombreux secteurs qui demandent à se développer. Ma thèse de doctorat est aussi ancrée dans cette dynamique : vouloir faire un état des lieux de ce que représente La Réunion au niveau national et ouvrir des pistes de réflexion.


Voir la page www.instagram.com/auproprecommeaufigure / 3718 membres et infos à Paris !

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