- Moustafa Emadaly
Racontez-nous votre parcours.
"Issu d’un milieu modeste, j’ai vécu à Saint Denis. Après le bac, j’ai voulu m’orienter vers médecine. Ce type d’études à la Réunion se limitant à la première année, avec très peu de chances de succès et une obligation de partir pour effectuer le reste du cursus en métropole, j’ai pris les devants et j’ai quitté mon île pour la fac de Montpellier".
Comment s’est passée votre arrivée ?
"Je suis arrivé seul à Montpellier en 1998, avec comme seule aide (mais très précieuse), celle d’un oncle et une tante. J’avais déjà trouvé un studio meublé et je suis arrivé une semaine avant la rentrée. Le premier jour de fac était assez "déconcertant" et je me suis pris d’un coup trop de nouveautés : la fac, médecine, l’ambiance électrique d’un amphi de P1, une nouvelle ville, une météo assez fraîche... Bref c’était la déprime !"
Que s’est-il passé ensuite ?
"Au fil du temps on s’y fait. On fait des rencontres, on connaît mieux la ville, la vie... Aujourd’hui j’ai bien avancé dans mes études. Je suis actuellement dentiste non encore thésé. J’ai pour objectif de passer ma thèse et rentrer chez moi pour exercer mon art. Plus tard, je voudrais partir travailler à Dubaï aux Emirats Arabes Unis".
Que vous apporte cette expérience de mobilité ?
"C’est une école de la vie que de partir loin de chez soi pour découvrir la vie de l’étudiant. On se construit et on bâtit notre avenir, on mûrit, on fait des rencontres bonnes ou mauvaises mais tout cela, même dans les pires galères, est très formateur !"
Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?
"Pour ce qui me concerne et au vu de mon métier, le seul inconvénient est d’être loin des siens ; mais même cela peut devenir un avantage quelque part".
Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?
"Je suis sceptique surtout pour les jeunes. Il faut qu’ils se redressent, c’est à eux de construire la Réunion de demain. Notre île a énormément de potentiel... inexploité hélas ! "
Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?
"Je ne sais pas si on peut parler d’image pour décrire cette île. C’est plutôt une peinture qu’il faut leur (les métropolitains) raconter afin qu’ils touchent du doigt un rêve et qu’ils aient envie de le réaliser. J’incite mes connaissances à venir visiter l’île. Certains se sont même installés !"
Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?
"J’adore Montpellier et sa région. C’est une ville étudiante très agréable à vivre, le climat y est doux et les gens assez ouverts. C’est une ville qui a la tête au soleil et les pieds dans l’eau. Que rêver de mieux ?"
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?
" Il faut qu’ils gardent la tête sur les épaules. Beaucoup de Réunionnais se croient au Club Med la première année et oublient leur but, les études... "Heureux l’étudiant qui comme la rivière arrive à suivre son cours sans quitter son lit" : c’est un adage qu’il faut oublier !"
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