Publicité

Nathalie Astruc, étudiante en restauration et journaliste à Adelaide

Publié le 12 janvier 2014

« A la fin de mon Working Holiday Visa, j’ai dû quitter le pays. Je suis rentrée à la Réunion chez mes parents mais je n’avais qu’une envie : repartir en Australie. Même si j’aime beaucoup mon île, je sentais que mon avenir était là-bas. »


Nathalie Astruc, étudiante en restauration et journaliste à Adelaide

Nous avions suivi Nathalie étudiante en journalisme à Paris (lire la 1ère interview en 2006) puis en « working holiday visa » à Melbourne (lire la 2e interview en 2011). Elle est aujourd’hui installée à Adelaide où elle poursuit des études dans la restauration, sans perdre contact avec le journalisme freelance et l’art.

Racontez-nous votre parcours.

"J’ai eu mon bac L au Lycée de la Possession. A cette croisée des chemins dans ma vie, j’avais le choix entre une prépa lettres au Lycée Leconte de Lisle et un DEUG de Lettres modernes à la Sorbonne à Paris. J’ai choisi de partir".

Pourquoi ?

"Je sentais que je tournais en rond. J’avais besoin d’espace. Partir après le bac a été un moment très important pour moi. Couper le cordon ombilical, c’est très difficile mais nécessaire. De plus, les voyages forment la jeunesse ! Par la suite, mon parcours a plutôt été semé d’embûches".

Comment s’est passée votre arrivée ?

"Assez difficilement. Les Parisiens peuvent être très froids. J’ai eu divers problèmes personnels qui m’ont donné un aperçu du gouffre dans lequel les jeunes Réunionnais peuvent tomber. C’était très difficile, surtout en étant seule. Je suis passée par les services sociaux qui ne m’ont pas vraiment aidés. Et puis, il y a un moment où on est tellement au fond que la seule chose que l’on puisse faire, c’est donner un coup de talon pour remonter".

Qu’avez-vous fait pendant cette période ?

"Après quelques mois de cours, j’ai lâché la fac. J’ai travaillé à temps plein comme agent d’accueil à l’ANPE. J’ai repris les cours à la Sorbonne l’année scolaire suivante. J’ai changé de voie pour m’inscrire en Lettres modernes spécialisées (spécialisation médias et audiovisuel). J’ai raté mon Deug à quelques points et j’en ai eu assez. J’ai tenté un concours d’entrée dans une école de journalisme privée, l’ISCPA.

Que s’est-il passé ?

J’ai fait trois ans d’études dans cette école, avec des stages en France métropolitaine, en Belgique et à la Réunion. J’ai été journaliste pour un site internet d’information sur la santé et la nutrition (Santé la Vie) puis pour une société de production audiovisuelle produisant du contenu institutionnel et des documentaires (Pronto Prod). A la fin de ce contrat, je suis restée un an sans trouver de travail. Mais j’ai collaboré à un festival de film international à Paris, le Sexy International Paris Film Festival, une émanation française du festival australien. J’ai fait quelques piges pour une radio polynésienne, Radio 1 Polynésie, toujours attachée au lien outremer.

Et ensuite ?

Ne voyant plus d’issues professionnelles à Paris, j’ai décidé de partir pour l’Australie. J’ai fait un tour à Sydney avant de venir m’installer à Melbourne. J’ai beaucoup aimé cette ville, où j’avais déjà eu la chance de venir il y a quelques années pour le mariage d’une cousine. Je la trouve très agréable et tournée vers les arts. Les gens y sont très "relax". Mon arrivée en Australie a été beaucoup moins difficile qu’à Paris pour bien des raisons. J’ai la chance d’avoir de la famille ici. J’ai eu des opportunités professionnelles intéressantes ; j’ai travaillé en tant que traductrice pour la ABC et j’ai eu une expérience dans la restauration dans une boulangerie-pâtisserie française.


Nathalie Astruc, étudiante en restauration et journaliste à Adelaide

A la fin de mon « working holiday visa », j’ai du rentrer sur le territoire français. Je suis rentrée à la Réunion, chez mes parents. Je n’avais qu’une envie : repartir en Australie. Même si j’aime beaucoup mon ile, je sentais que mon avenir était là-bas. Cependant, j’ai passe une bonne année à la Réunion avec des projets professionnels intéressants et variés (missions dans la communication, un peu de mannequinat, un poil de journalisme, des missions dans l’audiovisuel…). J’ai donc décidé de reprendre des études en Australie avec un projet professionnel dans la restauration.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

J’ai terminé ma première année d’études. Je travaille en tant que manager et serveuse dans un restaurant de tapas depuis que je suis arrivée à Adelaide. J’ai ajouté ma touche en matière de communication à cet établissement pour des partenariats avec l’Adelaide Film Festival et dertains événements (Beer Week).
J’ai été membre de l’Alliance Francaise d’Adelaide pendant quelques mois. J’effectue de temps à autre des séances photos avec une agence de mannequinat.
J’ai eu la chance d’être contactée par une société de production pour réaliser un documentaire pour la télévision francophone sur les secouristes australiens. J’ai été régisseuse et traductrice sur ce projet passionnant. Pour plus d’informations sur mon parcours, j’ai un site internet : www.nathalieastruc.com et pour suivre mes aventures, j’ai aussi un blog : nathalieastruc.wordpress.com.

Qu’en est-il de votre activité artistique ?

J’ai fait deux scènes pour l’Alliance Française d’Adelaide lors de leur festival du film français et pour leur Café Théâtre. J’ai également été comédienne durant cet événement. J’ai aussi joué mes morceaux sur la scène de la Boheme à Adelaide. Mon actualité artistique est visible sur mon site internet : thalieastree.jimdo.com.

Quels sont vos projets ?

L’Australie est un pays rêvé pour les entrepreneurs et je me suis découvert cette fibre.
La rencontre avec Tim Dennis, un Australien très créatif suivant la même formation que moi en restauration, devrait aboutir à un projet dans le domaine. Mais tout cela est encore au stade de la réflexion.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Mes amis, une bonne balade dans les Hauts, une bonne plongée dans le lagon et surtout la nourriture !

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

On se découvre au fil des expériences. Toutes les bonnes et mauvaises rencontres m’ont beaucoup apporté et ont forgé mon caractère. Je crois beaucoup à l’échange et la mobilité est indissociable de cette richesse pour moi.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Adelaide est une ville agréable à vivre. J’ai choisi de revenir en Australie dans cette ville car on dit d’elle que c’est une grosse ville de province. Je ne suis pas faite pour vivre dans les mégalopoles. J’ai besoin d’une proximité avec la nature et entre la mer et la campagne, Adelaide m’offre ce que je désire. Sans compter que les bons produits tels que le vin et les produits d’épicerie fine de la région ont une bonne réputation au niveau national !
Les habitants d’Adelaide sont plus réservés qu’a Melbourne. C’est une ville plus tranquille sauf en été où la ville se gorge d’activités et de gens. Pendant un mois (Mad March), Adelaide redevient fidèle à sa réputation de « Festival State » (Etat du Festival).

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Mon dernier passage d’une année à la Réunion m’a permis de continuer d’observer certains schémas. Malheureusement, la situation des jeunes semble similaire à celle que j’avais quittée à 17 ans. Hormis le fait qu’on remette au moins des fascicules aux jeunes sortant du bac maintenant (enfin !). L’entreprenariat est encore trop timide à mon sens pour diverses raisons. Cependant, je suis rassurée de sentir que certains employeurs ouvrent les yeux sur les compétences des jeunes réunionnais partis se former ailleurs et qui souhaitent revenir sur l’ile. Je sens qu’ils sont enfin plus enclins a l’embauche. Mais cela ne règle pas la question de l’emploi. A mon sens, la production locale et l’autosuffisance alimentaire sont des points encore trop oubliés des politiques.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

J’ai les mêmes inconvénients que tous les étrangers qui viennent en Australie. Rien de particulier concernant la Réunion, hormis le fait qu’on ne comprenne pas qu’il s’agit d’un département français. Les Australiens associent souvent ce territoire à la Nouvelle-Calédonie (pour ceux qui savent qu’elle se trouve dans la région). J’ai parfois eu de très bonnes surprises d’Australiens connaissant et même une fois, ayant visité la Réunion ! Généralement, cela leur semble très exotique, avec un raffinement français. On arrive à nous situer géographiquement par rapport à l’ile Maurice et à l’Afrique du Sud.

Voir le profil de Nathalie

Lire aussi : 
Nathalie Astruc, 23 ans, étudiante en journalisme à Paris 
Nathalie Astruc, journaliste free lance à Melbourne en Australie

D’autres articles sur les Réunionnais en Australie


Nathalie Astruc, étudiante en restauration et journaliste à Adelaide

Publicité