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Nathalie Dugain, chef de projet Développement durable & Outre-mer à Paris

Publié le 3 avril 2011

Originaire de Saint-Benoît, Nathalie a quitté la Réunion après un Deug de Sciences Eco pour poursuivre ses études. Après un passage par le Ministère de l’Ecologie, elle occupe, à 26 ans, un poste de chef de projet dans l’association d’élus Les Eco Maires. Sa mission : valoriser les actions initiées par l’outre-mer en faveur du développement durable.

Nathalie Dugain
Nathalie Dugain, Chef de Projet Développement durable & Outre-mer – Les Eco Maires : préparation du programme politique de l’année des Outre-mer

D’où êtes-vous à la Réunion ?

Je suis originaire du quartier de Bras-Fusil à Saint-Benoît. De milieu modeste (avec des parents employés de commerce), j’ai accumulé les différents petits boulots - Mac Do, Babysitting, cours de soutien, etc. - durant l’intégralité de mes études afin de les financer. J’ai passé un Bac SES au lycée Pierre Amiral Bouvet de Saint-Benoît puis un DEUG Economie Gestion à l’Université de La Réunion.

Dans quelles conditions avez-vous été amenée à quitter l’île ?

Suite à une première expérience en Métropole pour effectuer une Licence de Sciences Economiques à Montpellier, j’ai souhaité finaliser mes études par un stage qui me permettait d’avoir une nouvelle approche des politiques publiques menées en matière de développement durable. Après avoir postulé pour un poste de stagiaire au sein du Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer (MEEDDM), j’ai été sélectionnée et j’ai intégré le Commissariat général du Développement durable (structure du MEEDDM) en tant que chargée de mission stagiaire Agenda 21 avec pour tutrice Sandrine Fournis, Chef du Bureau des Territoires.

Comment s’est passé votre départ de la Réunion ?

Un départ « en catastrophe »… Mon départ pour la Métropole s’explique par cette opportunité que je ne pouvais rater : effectuer un stage au MEEDDM. Or, je n’ai eu la confirmation de mon recrutement que deux semaines avant le début de mon stage. Après l’euphorie est donc apparue l’inquiétude : régler les documents administratifs avec l’Université et le MEEDDM (conventions, etc.), réserver les billets d’avion, préparer les examens à passer impérativement avant mon départ, etc. La question du logement n’a cependant pas été un souci car j’ai pu me rendre chez de la famille que je ne remercierai jamais assez. Après une semaine d’examens qui s’est clôturée le vendredi soir, j’ai bouclé mes valises le samedi matin et pris l’avion le samedi soir.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté ?

Le problème principal des départs, c’est que la valise paraît toujours trop petite pour contenir tout ce que nous offre La Réunion. J’ai donc pris des objets qui me rappelleront toujours d’où je viens, ne pas oublier qui je suis, où j’ai grandi et quelles sont les valeurs qui m’ont construite :
- Des photos de ma famille et de mes amis pour l’humilité,
- Un porte-clés en forme de savate « pigeon » pour sa simplicité,
- Une bouteille de vin de Cilaos pour son histoire,
- Et des souvenirs pleins la tête pour garder du soleil.

Comment s’est passée votre arrivée à Paris ?

Arrivée le dimanche matin, je me préparais déjà pour le début de mon stage : rendez-vous lundi 4 mai 2009 à La Défense Tour Voltaire. J’étais stressée et me posais énormément de question sur ce qui m’attendait au sein d’une telle structure. Ma première journée fut d’ailleurs assez confuse. Je ne connaissais pas ce monde mais j’ai adoré le découvrir. J’ai énormément appris au sein de l’équipe du Bureau des Territoires et continue aujourd’hui de travailler avec eux sous mes nouvelles fonctions. Ce fut pour moi une expérience riche et forte, tant au niveau de la découverte de la matière que des convictions que je portais. J’ai ainsi pu appréhender différemment le développement durable, le rôle que pouvait jouer chacun des acteurs sur le territoire mais aussi l’intérêt de travailler pour La Réunion et les Outre-mer dans ce sens.

Et ensuite ?

Suite à mon stage, j’ai intégré Ateliers Sans Frontières (ASF) comme chargée de mission Sport et Vélos Solidaires. Mes missions furent le montage de projets humanitaires et le développement de la filière Vélos Solidaires. ASF est une association ayant pour vocation d’accompagner les publics les plus exclus vers une situation personnelle et professionnelle stable à travers la mise en place de projets humanitaires. Pour se faire, ASF prend appui sur la revalorisation de matériels sportifs et informatiques. ASF m’a permis d’aborder la question du développement durable sous un nouvel angle et non des moindres : celui de la cohésion sociale et du bien-être des populations.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Depuis septembre 2010, j’ai intégré l’association Les Eco Maires et je porte un projet qui me tiens à cœur : la valorisation des collectivités locales d’Outre-mer dans les démarches de développement durable. 2011 proclamée Année nationale des Outre-mer par le Président de la République, les Eco Maires ont souhaité mettre en lumière les initiatives développées pars les collectivités locales ultra-marines dans le domaine du développement durable. Je porte ainsi un intérêt particulier aux ambitions de ce programme d’actions qui, labellisé par le Commissariat général des Outre-mer, décline trois actions phares : le concours des Outre-mer, le Panorama Durable des Outre-mer et le Réseau Outre-mer. Valoriser les Outre-mer, accompagner les collectivités d’Outre-mer à s’inscrire dans une démarche de développement durable et changer le regard porté aux Outre-mer, voilà les objectifs que je souhaite atteindre à travers ce programme d’actions.

Remise prix Sainte-Rose Eco-Actions
Cérémonie Locale de remise du prix Ville d’avenir (31.01.2011) - Concours Trophées Eco-Action 2010. Monsieur Bruno Mamindy Pajany, Maire de Sainte-Rose, est par ailleurs vice-président de l’association des Eco-Maires, chargé des Outre-mer.

Quels sont vos projets ?

Je suis principalement concentrée sur une stabilisation de ma situation professionnelle. J’espère pouvoir acquérir le maximum de connaissances, de savoirs et savoir-faire pour d’ici quelques années, rentrer à La Réunion et mettre en pratique tout ce que j’ai pu apprendre en Métropole afin de participer à un développement plus durable de notre île. Par ailleurs, j’espère pouvoir voyager et découvrir l’Europe et le reste du Monde.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Beaucoup de maturité, une grande ouverture d’esprit, des rencontres exceptionnelles et une prise de conscience de la richesse de notre île (métissage, biodiversité, environnement, etc.) qui est bien souvent mal exploitée. Je ne regrette aucun de mes choix professionnels bien que ceux-ci ne se soient pas faits sans difficultés (famille, période de chômage, etc.). Je reste malgré tout persuadée que l’on doit aller au bout de ses projets pour ne rien regretter et ne rater aucune opportunité.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Ma famille, la convivialité et la chaleur humaine.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

De nombreuses choses sont à faire à La Réunion tant sur le plan économique, social, qu’environnemental. Il semble que bien souvent les choix effectués sectorisent de manière trop forte les champs d’actions dont nous disposons. Or, les spécificités de l’île (naturelles, culturelles, économiques, agricoles, sociales, etc.) ne doivent pas être prises séparément. Faire du développement durable nécessite de travailler en transversalité en intégrant tous ces volets. La Réunion dispose d’atouts importants, porteurs pour son avenir, dont il nous faut prendre conscience et qu’il nous faut apprendre à exploiter. Les problématiques que rencontrent l’île nécessitent des solutions de long terme et modulables dans le temps.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Je ne retiens pas de grands inconvénients mais celui qui me marque le plus est le manque de mobilité permettant l’accès au reste du Monde, à une vision plus grande de ce qui nous entoure et aux opportunités qui peuvent se présenter à nous. Etre une Réunionnaise, étant donnés nos valeurs, notre métissage et notre obstination, m’a permis d’avoir un contact plus facile avec les personnes que je rencontrais, d’apprécier les nouvelles choses que je découvrais et de rester motivée pour atteindre mes objectifs. J’ai toujours eu des retours positifs et de la curiosité autour de mes origines. Du coup, être réunionnaise a plus été un atout pour moi libérant les sujets de conversation et les échanges avec d’autres. Mes collègues apprécient notre accent chantonnant et notre personnalité ensoleillée et enjouée.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

De manière générale, je dirais que mon adaptation à Paris n’a pas été simple : aucun sourire, des signes de politesse quasi-inexistants, des visages fermés… Mais au fil du temps, je me suis rendue compte que Paris est une ville qui détient sa propre personnalité et qu’on peut y faire des rencontres extraordinaires. Il faut prendre le temps de découvrir Paris et ceux qui la composent. Aujourd’hui, j’apprécie cette ville qui offre des activités culturelles, ludiques ou sportives peu ordinaires.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Ne pas oublier d’où on vient et surtout aller au bout de son projet : « Pa kapab lé mort sans essayé ».

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

J’apprécie énormément le site et les différentes informations que je peux y retrouver, plus particulièrement les évènements et manifestations proposées.

Souhaitez-vous faire passer une offre d’emploi ou de stage sur le site ?

Oui, nous recrutons différents stagiaires tout au long de l’année !

Cursus scolaire :

- 2008-2009 Master 2 Professionnel Développement durable et Aménagement du Territoire - Faculté d’Economie de La Réunion - Saint-Denis – La Réunion
- 2007-2008 Master 1 Développement Economique et Aménagement Local - Faculté d’Economie de l’Université de La Réunion - Saint-Denis
- 2005-2007 CAPES Sciences Economique et sociale – IUFM de La Réunion - Saint-Denis
- 2004-2005 Licence Sciences Economiques à la Faculté d’Economie Montpellier 1 – Montpellier
- 2002-2004 DEUG Economie Gestion - Faculté d’Economie de l’Université de La Réunion - Saint-Denis

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