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Nicolas Folio, professeur de français à Dubaï

Publié le 19 avril 2016

« Très peu de gens ont entendu parler de notre île ici aux Emirats, à part quelques expatriés occidentaux. La référence géographique, c’est l’île Maurice. Il faut dire qu’il y a des vols quotidiens vers l’île sœur. Mais c’est notre mission, à nous Réunionnais du monde, d’informer les gens »...


Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Nicolas Folio, j’ai 41 ans et je travaille depuis presque quatre ans aux Emirats Arabes Unis en tant que professeur de français comme langue étrangère dans des écoles internationales anglophones. J’ai fait une partie de mes études à Aix-en-Provence et l’autre partie au Royaume-Uni où j’ai obtenu ma certification pour enseigner les langues vivantes étrangères et en particulier le français. Réunionnais par mes deux parents (l’un d’Hell-Bourg, l’autre de Saint Joseph), j’ai grandi à Marseille. Toutefois, j’ai toujours revendiqué haut et fort mes racines réunionnaises et les valeurs que cette île véhicule. Je repars très régulièrement me ressourcer, surtout depuis que mes parents ont élu domicile au Tampon.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Je ne vois que des avantages à la mobilité. Pour avoir travaillé dans des pays aussi variés que l’Angleterre, le Nigeria, le Sultanat d’Oman, les Seychelles, l’Egypte et les Emirats, je peux vous assurer qu’on ressort à chaque fois un peu plus fort, plus confiant et grandi de ces expériences. Par ailleurs, tout en revendiquant haut et fort son identité réunionnaise, on se sent aussi de plus en plus citoyen du monde.

Quels sont vos projets ?

Mon épouse et moi (ainsi que notre très jeune enfant) aspirons à continuer à parcourir le monde tout en travaillant. Mais j’avoue que tôt ou tard, on aimerait bien rentrer à La Réunion, y apprécier la qualité de vie et l’environnement extraordinaire. Qui sait si dans quelques années on ne se trouvera pas dans une salle de classe à enseigner l’anglais aux jeunes de l’île ?

Parlez-nous de votre vie aux Emirats Arabes Unis.

Ce qui me plait le plus ici, c’est la nature très cosmopolite de la population. On peut dire que tout le monde se sent chez soi et chaque communauté y trouve son compte. Le pays a su faire en sorte d’intégrer tout le monde. Par exemple la communauté indo-pakistanaise étant très importante ici, on trouve des produits, des épices, des fruits et légumes très similaires à ceux de La Réunion.


Ce qui est aussi appréciable, c’est de se sentir en sécurité. Les délits tels que vols, agressions, etc. restent rares et sont très sévèrement réprimés. Au niveau de la qualité de la vie, la municipalité de la ville a fait de gros efforts ces dernières années pour aménager des parcs extrêmement bien entretenus où nombre de familles et groupes d’amis se réunissent le week-end pour pique-niquer. La flore des parcs qui se trouvent près des plages fait même penser à celle du littoral réunionnais avec des filaos et flamboyants.

Quel est votre regard sur les habitants de Dubaï ?

La population émirienne est en minorité et il n’est pas toujours très facile d’entretenir des relations durables. Il en va de même pour les personnes d’autres nationalités d’ailleurs. En moyenne, les gens restent trois ou quatre ans et vont ailleurs. C’est un pays de transition. Je dirais que les Emirats sont un pays assez libéral et tolérant d’autant plus que tout le monde peut pratiquer sa religion dans des lieux de culte dédiés.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Dans le salon trône toujours une tante achetée dans un marché forain et dans la cuisine, on trouve des objets aussi chers à mon cœur qu’un vanne, des paniers superposés et un panier fabriqué avec du vacoa de Saint Philippe qui sert à couvrir la marmite de riz. A chaque fois que je rentre de vacances, je ramène des paquets de café vanille, des saucisses fumées, du boucané, etc. pour tenir quelques mois !

Quels liens gardez-vous avec la Réunion ?

J’ai l’occasion et la chance de rentrer à La Réunion presque chaque année en juillet, non seulement pour me ressourcer mais aussi pour passer du temps avec la famille. Mes parents habitent au Tampon. Je peux vous dire qu’en habitant à Dubai où la température frôle les 50 degrés en été, on est bien content de venir trouver la fraicheur du Tampon !

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ce qui me manque le plus à part la famille, c’est la nature, la verdure, les sentiers de randonnées, les couleurs, les odeurs des marchés, les bons caris, les pique-nique en famille et entre amis à la plage ou dans les Hauts, et j’en passe ! Surtout quand on vit dans le désert…

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Très peu de gens ont entendu parler de notre île ici aux Emirats, à part quelques expatriés occidentaux. La référence géographique, c’est l’île Maurice. Il faut dire qu’il y a des vols quotidiens vers l’île sœur. Mais c’est notre mission d’informer les gens ! Grâce à nous, Réunionnais du Monde, la Réunion est de plus en plus connue, ou du moins, on essaie de la faire rayonner partout où on passe. Les gens sont toujours intrigués d’apprendre qu’il existe ce morceau de France dans l’océan Indien et qu’ils ont bien du mal à associer à la Métropole. Dans ma salle de classe, je mets un point d’honneur à afficher des photos grand format de mon île et à dire à mes étudiants : « Et oui, c’est ça aussi la France ! »

Des Réunionnais de Dubaï rencontrent Lynda LEE MOW SIM, Conseillère Régionale délégué à l’Ouverture sur le Monde et Benjamin THOMAS, Directeur adjoint Coopération régionale et Relations Internationales (avril 2016)

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Jusqu’à tout récemment pas vraiment. On vient de recevoir la visite d’une élue régionale de l’île et du sous-directeur de la coopération régionale qui, grâce à Réunionnais du Monde, ont réussi à rassembler une poignée de Réunionnais qui travaillent ici à Dubaï. Quel plaisir j’ai eu à les rencontrer ! Espérons qu’on arrivera à maintenir le contact malgré la vie trépidante des uns et des autres.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Ne vivant pas sur l’île, il est assez difficile de se faire une opinion mais de manière générale, je me réjouis de voir naître de plus en plus d’initiatives au niveau de la Région non seulement pour donner aux jeunes Réunionnais des opportunités de se former ou de travailler à l’étranger mais aussi pour mieux faire connaitre les atouts touristiques de notre île qui représente selon moi une synthèse de la beauté du monde ! Il y aurait encore des efforts à faire au niveau de la desserte aérienne de l’île par des compagnies étrangères.

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