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Nicolas Payet, analyste financier à Singapour

Publié le 14 septembre 2021

« C’est le hasard qui m’a amené ici en 2006, j’y ai fait ma vie ». A 37 ans, le Saint-Josephois Nicolas Payet raconte son parcours depuis son départ de Vincendo.

Dans un temple pour le jour de l’an chinois

Pouvez-vous vous présenter ?

Nicolas Payet, 37 ans, originaire de Vincendo (Saint-Joseph). Je vis à Singapour depuis 2006, je travaille pour Murex, une entreprise française spécialisée dans les logiciels pour la finance.

Racontez-nous votre parcours.

Apres mon bac au lycée de Vincendo, j’ai décidé de changer radicalement d’environnement et j’ai fait une prépa scientifique puis une école d’ingénieur à Paris (Supelec). Lorsque j’étais à Paris, c’était un peu dur au début de ne rentrer qu’une fois par an chez soi, alors que les copains rentraient chez eux tous les weekends. Mais je m’y suis habitué rapidement… Mon école proposait des cursus de double diplôme à l’étranger. C’est dans ce cadre que je suis parti à Singapour, un peu par hasard, pour obtenir un master à la « National University of Singapore ». Je n’avais jamais mis les pieds en Asie avant cela, bien qu’ayant des origines chinoises par mon grand-père maternel. A l’origine, je ne devais y rester qu’un an ou deux. Finalement, j’y ai trouvé mon premier emploi, je me suis marié, j’ai eu une petite fille et 15 ans plus tard... j’y suis toujours !

Le symbole de Singapour : le Marina Bay Sands

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Singapour est une ville très sûre, très propre et très dynamique. Tout est efficace ici, c’est un endroit agréable à vivre d’une manière générale. Bien qu’étant une grande ville, il y a de nombreux espaces verts et même une forêt primaire au centre de l’île. Parmi les inconvénients, je dirais que c’est un tout petit pays. On peut s’y sentir un peu a l’étroit, surtout en période de COVID où il est littéralement impossible de sortir du pays. Le coût de la vie est élevé, voire très élevé sur certains aspects. La vie culturelle manque un peu de diversité, même si cela s’est beaucoup amélioré ces dernières années.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

La plupart des gens n’en ont jamais entendu parler. En revanche certaines personnes connaissent Maurice, île avec laquelle il existe un vol direct avec Singapour. J’ai donc pris l’habitude de décrire la Réunion en la situant par rapport à l’ile Maurice. Ce qui est intéressant, c’est qu’après quelques minutes de description, les gens me demandent souvent : « mais pourquoi tu es parti ? » Je devrais peut-être y réfléchir...

« L’objet réunionnais dont je suis le plus fier en ce moment est ma jolie carte de la Réunion en 3D ! »

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

Pour le moment je compte rester sur Singapour. Je pense que c’est un des endroits les plus surs au monde, et c’est quelque chose qu’on apprécie beaucoup avec des enfants en bas âge. D’ici quelques années, lorsque ma fille aura grandi, nous envisagerons peut-être une autre aventure... rien de bien précis pour le moment.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Essentiellement une opportunité professionnelle ! Dans mon domaine, la plupart des opportunités sont dans les grandes villes comme Singapour. Mais rien n’est impossible ! Ma famille me manque, mais aussi les paysages, la gentillesse des gens et une certaine douceur de vivre.


Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

La mobilité m’a apporté de nombreuses choses. Parmi les plus importantes, je dirais : le fait de parler anglais couramment et (je l’espère) une certaine ouverture d’esprit. Le fait de venir de la Réunion n’a jamais été un inconvénient. Beaucoup de Français ici se plaignent de la chaleur et du fait qu’il n’y ait pas vraiment de saisons bien définies. Cela ne m’a évidemment posé aucun problème ! A Singapour, le fait de venir de la Réunion a plutôt été un avantage en terme d’acclimatation. Il y a aussi beaucoup de similarités avec la Réunion, notamment pour la nourriture : samoussas, sarcives, fruits en général - mangues, pittaya - font partie de la nourriture de tous les jours à Singapour.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Je suis plutôt positif sur l’avenir de la Réunion, même si certains problèmes endémiques sont difficiles à régler (le chômage notamment). Vu de Singapour, je pense qu’un des problèmes majeurs de la Réunion est son isolement relatif d’un point de vue géographique. Singapour est une véritable plaque tournante entre l’Asie, l’Europe et l’Océanie. La Réunion est très éloignée de la plupart des centres économiques majeurs du monde et ne peut donc prétendre à un développement similaire.

Cela dit, je pense que la Réunion réussira à se développer à son échelle si elle réussit à se renouveler progressivement. Il faut continuer à investir dans les services et faciliter la création d’entreprises et l’innovation. Les Réunionnais sont assez créatifs dans les domaine informatique et technologique. C’est une voie de développement intéressante pour l’avenir, d’autant plus que l’isolement géographique n’est pas forcément un handicap dans ces domaines avec le travail à distance.


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