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Nicolas Picard, recruteur pour la Gendarmerie Nationale

Publié le 5 juin 2018

Décoré de la Croix du Combattant et du Titre de Reconnaissance de la Nation, ce jeune Saint-Andréen a un parcours exemplaire. De son concours de la Gendarmerie juste après le bac à ses missions en Côte d’Ivoire et affectations en brigades de montagne et côtières, il raconte son parcours et ses étapes. Devenu recruteur à Orléans, il souhaite partager son expérience avec de futures recrues réunionnaises.


Pouvez-vous vous présenter ?

Nicolas Picard, bientôt 30 ans. Originaire de Saint André, ma famille se trouve majoritairement dans l’est (Rivière du mât les bas, Quartier Français)… J’ai décroché un baccalauréat économique et social au lycée Sarda Garriga. Je suis recruteur dans un Centre d’Information et de recrutement de la Gendarmerie Nationale.

Racontez-nous votre parcours.

A dix-huit ans j’ai passé le concours de la gendarmerie. Ce métier m’a toujours attiré pour la diversité de ses missions, ses possibilités d’évolution et la multitude de technicités qui y sont accessibles. Six mois plus tard, je partais en formation à l’école de sous-officiers de Gendarmerie à Châteaulin, Finistère. L’adaptation climatique a été rude ! Je me rappelle encore des matins où le formateur nous demandait de nous mettre en short / t-shirt pour la séance de sport en plein air... Il faisait quatre degrés. Heureusement, on s’y habitue. Un réel esprit de cohésion s’est créé entre élèves gendarmes, me réconfortant du manque affectif familial et du climat pas toujours clément… Ainsi j’ai pu donner le meilleur de moi même !

Et ensuite ?

A l’issu de cette formation, j’ai été affecté en escadron de gendarmerie mobile à Lyon. Outre les missions de renforts en brigade, montagne ou côtière, les maintiens de l’ordre, un déplacement à la Réunion et à Mayotte, j’ai eu la chance de partir trois mois en Côte d’Ivoire. Nous avions pour mission de sécuriser le camp des troupes françaises à Abidjan, et un rôle formateur en maintien de l’ordre pour les autres armées. La tension dans le pays était palpable. Les missions de sécurité, de protection des ressortissants français, et les escortes de matériels militaires, m’ont permis d’être décoré de la croix du combattant et du titre de reconnaissance de la Nation. Après quatre années de mobile, j’ai effectué un cours passage en brigade montagne dans le très beau village de Mens en Isère. Durant six mois, j’y ai occupé le poste de commandement par intérim.


Souhaitant me spécialiser dans l’intervention, j’ai passé des tests physiques pour intégrer un Peloton Spécialisé de Protection de la Gendarmerie. Test réussi, me voila projeté à Chinon, ville où j’ai vécu pendant quatre années, magnifique pour son histoire et ses vignobles. Mais voilà, je suis un Réunionnais qui aime le contact humain. Par chance mon institution dispose d’un emploi idéal pour cela : le centre d’information et de recrutement.

Parlez-nous de votre métier.

Aujourd’hui, je renseigne les jeunes et moins jeunes sur les concours et carrières possibles, l’évolution en interne ; j’échange avec eux sur pas mal de points concernant le métier. Je ne fais pas de grandes manières : je suis un "ptit" créole simple qui essaie d’aiguiller au mieux et tant qu’il le peut, afin de voir le projet de ces jeunes aboutir.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

J’ai eu la chance de côtoyer de nombreux Réunionnais au fil de mes mutations. Aujourd’hui, dans le cadre du recrutement, il m’arrive de croiser des jeunes réunionnais vivant en métropole et souhaitant intégrer la Gendarmerie. Sur Orléans, nous avons aussi la chance d’avoir un marché où des Réunionnais vendent des samoussas, bonbons piment, piments farcis, etc. Ma compagne réunionnaise et moi même y faisons le plein régulièrement !


Que vous a apporté l’expérience du départ si jeune ?

Cette mobilité m’a appris à être autonome et a renforcé ma capacité d’adaptation, que ce soit professionnelle ou géographique. Elle a été très formatrice. Je suis un éternel apprenant, m’enrichissant des personnes que je rencontre et agissant avec humilité. L’inconvénient, ça reste la distance de la famille et des amis ; les chemins se séparent et on se perd parfois de vue. Cet éloignement est difficile à supporter au départ. A la longue on s’y fait, mais une part de nous même est absente.

Quels sont vos projets ?

Je croise les doigts pour retourner un jour sur mon île et pourquoi pas, recruter des jeunes réunionnais, leur expliquer mon parcours, les avantages mais aussi les inconvénients du métier. Pour le moment je m’investis dans le poste que j’occupe, sans me fermer les portes pour une éventuelle mission en ambassade.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Je ne serais pas très compliqué à convaincre : une mutation ou un emploi équivalent. Je mettrai toutes les chances de mon côté pour un jour revenir. Le fait de partir m’a apporté une stabilité financière, mais m’a surtout convaincu de la chance d’être né sur une île aussi belle.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

L’odeur du café grillé chez mamie, mes filleuls que je ne vois pas grandir, les carrys, la musique, les pique-niques, les marches en montagne ou en bord de mer, l’ambiance générale, des petits moments entre famille ou amis, les fous rire... Même écouter les ladi lafé, qui d’ordinaire m’exaspèrent, me manque. Et surtout, passer des heures à contempler les jardins créoles et la douceur qui se dégagent de nos anciens...


Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Dans mes valises j’ai emmené un kayamb, un ravane, un pilon et plein de petites décos représentant l’île. Ces objets m’ont suivi dans chacune de mes affectations. J’ai toujours une carte et un calendrier de l’île dans mon bureau mais principalement de la nourriture : épices, saucisses, boucané, bouchons, piment chinois, rhums...

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Pour ceux qui ne sont jamais venus, il y a toujours une confusion entre les Antilles et la Réunion. On me parle des requins, du rougail saucisse, et parfois des éruptions… Pour ceux qui connaissent, il n’y a que du bon. Nombre de mes collègues mettent notre île comme choix principal dans leur demande d’affectation outre-mer. Certains envisagent même de tout quitter pour y vivre. La Réunion est une affectation prisée.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Je regarde constamment les informations de l’île. Je ne me permettrais pas d’émettre un quelconque avis, n’y habitant plus depuis onze ans. Cependant j’espère de tout cœur que les Réunionnais restent solidaires, toujours prêts à défendre et à protéger leur île. La Réunion est un joyau qui est envié, nous avons le devoir de la protéger et de la préserver. Nous ne devons pas perdre nos valeurs.

Ce que je souhaite dire à chaque jeune :

"Vous êtes maitre de votre destin. Profitez de votre jeunesse pour découvrir de nouvelles possibilités. Vivez ces expériences. Rien n’est inaccessible. Ayez confiance en vous et donnez vous les moyens. Vous détenez une richesse de cœur et une culture exceptionnelle.
Ayez un objectif en tête, renseignez vous et mettez vous à l’œuvre. N’abandonnez pas malgré les échecs. C’est une marche de plus qui vous permettra d’évoluer et d’accéder au but que vous vous êtes fixé. La vie se doit d’être vécue, et non d’être subie."


+ d’infos sur le site de recrutement : www.lagendarmerierecrute.fr
- La page Facebook que je tiens : www.facebook.com/Recrutement-Gendarmerie-R%C3%A9gion-Centre-Val-de-Loire-1413943272191773

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