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Nicolas Técher : le compositeur réunionnais aux Etats-Unis sort son 2e album

Publié le 7 juin 2017

Installé à Los Angeles depuis 2013, Nicolas Técher continue de s’épanouir dans le monde musical. Le jeune compositeur a sorti deux albums chez Universal : Orchestral Movie Scene et Epic Blockbusters. Interview.

Interview réalisée par Alyssa Mariapin


Comment est née votre passion pour la musique et avez-vous toujours voulu exercer le métier de compositeur ?

J’ai commencé la musique très jeune en faisant du piano avec ma mère. J’ai ensuite pris des cours d’accordéon et j’ai appris la guitare et le violon durant mon adolescence. La musique a toujours été une passion pour moi ; j’en faisais tout le temps et j’adorais faire mes propres compositions dès l’âge de 14 ans. Par la suite, après l’obtention de mon bac en 2007, je voulais absolument faire quelque chose liée à la musique. Je suis donc allé faire mes études à Paris à l’Ecole Normale de Musique de Paris et à l’Université Paris 8 en Musicologie avant de me rediriger vers l’EICAR (Ecole Internationale de Création Audiovisuelle et de Réalisation) où j’ai appris le métier d’ingénieur du son et la Musique Assistée par Ordinateur. Après des formations supplémentaires et plus poussées sur les logiciels que l’on utilise dans ce milieu, j’ai quitté la France en 2013 pour aller tenter ma chance à Los Angeles. Je me suis inscrit à UCLA Extension en Music Business, et j’ai monté mon dossier pour demander une carte verte permettant d’être résident permanent. Je l’ai obtenue deux ans après. Aujourd’hui, je travaille à mon compte sur différents projets, je fais par exemple des albums pour Universal, Red Bull etc.

Depuis votre nomination au concours de Hans Zimmer, comment
s’est déroulée votre carrière professionnelle ?

Grâce à ce concours où les Réunionnais m’avaient bien soutenu - et je leur en serai toujours reconnaissant - les portes se sont ouvertes plus facilement. Cela m’a permis de me distinguer aux yeux des professionnels et de décrocher de beaux contrats.

Comment s’est déroulée votre participation à ce concours ?

J’étais à l’époque en stage avec une auteur/compositrice qui travaille beaucoup dans le milieu de la musique de film et c’est elle qui m’avait parlé de ce concours. Comme la plupart des jeunes compositeurs, passer par les studios de Hans Zimmer était un rêve. Je n’ai donc pas hésité à entrer en compétition. Il fallait proposer une version alternative d’un morceau composé par Hans Zimmer, c’était en deux étapes : il y avait un Top 3 basé sur le choix du public, puis le choix des organisateurs. J’ai pu arriver 1er sur 6 683 musiques mais je n’ai malheureusement pas passé la 2e étape.
Malgré tout, j’ai pu par la suite faire deux stages dans ses studios.

Hans Zimmer est un grand compositeur à Hollywood, avez-vous ressenti une certaine pression à l’époque ?

J’étais extrêmement stressé ; à chaque fois que je le voyais j’avais la boule au ventre mais il était plutôt sympa. Il est entouré de beaucoup de monde mais l’ambiance n’est pas très chaleureuse. Les conditions de travail sont difficiles, on sent bien qu’il y a de la compétition.


Votre 1er album est sorti en Octobre 2016, combien de temps cela a pris pour tout finaliser ? )

J’ai le plaisir et l’honneur de pouvoir composer de la musique pour Universal, ils ont une branche Librairie Musicale qui est destinée aux synchronisations sur des publicités, des bandes annonces, des films, des documentaires etc. De plus, mes albums sont distribués dans le monde entier. Il m’a fallu un peu moins de deux mois pour composer trente courtes démos, en sélectionner dix avec mon producteur, passer aux versions longues et faire les partitions. En ce qui concerne l’enregistrement, il nous a fallu deux jours pour enregistrer les cordes et les cuivres à Bangkok.

Pourquoi avez-vous enregistré en Thaïlande ? Pensez-vous un jour collaborer avec des compositeurs étrangers ?

Cela s’est fait à Bangkok car un français que connaissait mon producteur vient d’y établir une société de production musicale dans des studios flambant neufs, c’était donc l’occasion de les tester. L’enregistrement s’est bien passé. Mon producteur s’est rendu sur place alors que moi, j’ai participé via Skype et un système audio dédié. Je suis complètement ouvert à toutes collaborations. Toutefois la musique est tellement subjective qu’il serait délicat de collaborer sur un même morceau avec des composteurs qui ont exactement les mêmes compétences que moi. Il est plus simple par exemple de travailler avec un musicien soliste ou quelqu’un qui fait un autre genre de musique, par exemple de l’électro. De plus, avec internet, il est très facile d’échanger des fichiers et de travailler sur des projets communs, même en étant à l’autre bout du monde.

Quels ont été vos sources d’inspirations pour vos albums ?

Mon premier album, "Orchestral Movie Scenes", avait pour but de réunir dix musiques avec des atmosphères totalement différentes. Je me suis donc inspiré de films de tous les genres (action, romantique etc). Mon second album, "Epic Blockbusters", a quant à lui été inspiré par les blockbusters américains. Il est plus agressif, plus sombre ; j’ai aussi utilisé des synthétiseurs en plus du sound design.

Votre 2nd album a été enregistré à Nashville, comment s’est déroulé l’enregistrement ? Il y a-t-il eu des collaborations ?

Pour cet enregistrement, je me suis rendu à Nashville avec mon producteur et un des orchestrateurs de Hans Zimmer. Un professionnel avec qui j’ai eu le privilège de travailler. Ce fut une expérience formidable et mémorable. La difficulté principale était de "sonner" moderne et de pouvoir faire ressortir cette esthétique américaine des blockbusters. Les musiciens de Nashville sont vraiment formidables et très rapides. Nous n’avons rencontré aucun problème. L’enregistrement a duré au total quatre heures et s’est déroulé dans les fabuleux studios d’Ocean Way.


Votre musique a été utilisées par M6 pour le documentaire sur Gad Elmaleh et Kev Adams, qu’est-ce que cela vous fait d’entendre votre musique sur une chaîne nationale française ?

Ce qui est amusant, c’est que je regardais ce documentaire sans savoir que ma musique s’y trouvait. J’ai donc sursauté lorsque je l’ai entendue. Mon coeur s’est mis à battre très rapidement. C’était la première fois que j’entendais ma musique sur une chaîne nationale.

Selon vous qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre métier ?

N’ayant pas encore d’agent, je dois chercher moi même les opportunités, être constamment à l’affût et frapper à toutes les portes pour me faire connaître. Ici, la compétition est très féroce et les talents viennent de toutes parts. Il n’est donc pas évident de se faire une place. J’utilise beaucoup internet pour contacter les professionnels ; la difficulté est de pouvoir attirer leur attention. Ils reçoivent énormément d’emails ce qui rend la tâche d’autant plus ardue.

Vous avez été distingué plusieurs fois , de quel prix êtes-vous le plus fier ?

Je suis très fier d’avoir été nommé aux Hollywood Music in Media Awards. C’est une cérémonie où de très grands compositeurs viennent chercher leurs prix. C’est donc l’occasion de se faire remarquer et de faire des rencontres.


Vous faites partie du top 15 des téléchargement en France, quels sont vos futurs projets ?

Depuis que mes albums sont sortis, j’ai la chance de faire partie du Top 15 des téléchargements en France (librairie musicale). C’est vraiment une joie de voir que mes musiques plaisent, cela me motive. Je travaille actuellement sur des démos et j’espère pouvoir sortir rapidement un 3e album avec Universal. De plus, je souhaite à l’avenir réaliser de belles vidéos de mes sessions d’enregistrement avec les orchestres. En ce moment j’écris pour un film français et très bientôt je dois commencer la musique pour un jeu vidéo en réalité virtuelle. Un de mes objectifs est de faire de la musique pour des spectacles du genre le Cirque du Soleil ou pour des magiciens etc.

Aimeriez-vous collaborer avec des compositeurs d’Hollywood ?

J’adorerais que cela arrive ! Ils font souvent appel à des jeunes pour ce qu’ils appellent de "la musique additionnelle". C’est un bon moyen pour montrer aux réalisateurs et producteurs des gros studios ce qu’on sait faire.

+ d’infos :
www.nicolastecher.com/
www.facebook.com/NicolasTecherUSA
Epic Blockbusters


Lire aussi : Nicolas Techer, compositeur et ingénieur du son à Los Angeles (2014)

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