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Normann Gany : « Le paille-en-queue plane sur l’Asie »

Publié le 17 mars 2017

Installé à Hong Kong depuis six ans, il lance avec son associé le projet The Islands Company, qui vise à approvisionner l’Asie en fruits tropicaux, épices et produits de la mer des îles de l’océan Indien. Rencontre.

The Islands Company organise du 18 au 24 mars 2017 un évènement promotionnel autour des fruits tropicaux de la Réunion au supermarché Great Food Hall à Pacific Place (Admiralty MTR).


Pouvez-vous vous présenter ?

Originaire de Saint-Denis, j’ai passé une vingtaine d’années à la Réunion avant de rejoindre Lyon pour entamer des études de commerce. J’ai ensuite travaillé et vécu à Paris quelques années, avant de m’installer à Hong Kong il y a six ans. Désormais familier des cultures et des environnements de travail asiatiques, Hong Kong est souvent considérée comme étant à l’intersection des mondes occidentaux et asiatiques.

Quel a été votre parcours ?

J’ai terminé la première partie de mes études à la Réunion en passant par la classe préparatoire aux écoles de commerce de Bellepierre. J’y ai reçu une formation qui m’a beaucoup apporté par la suite pour la structuration de mes idées et l’organisation de mon travail. J’ai gardé d’excellents souvenirs de mes cours de philosophie et d’économie en particulier. J’avais 20 ans lorsque j’ai posé mes valises à Lyon pour la première fois. J’y ai passé plusieurs années entrecoupées de vie associative au sein de l’école et de stages à New York en hôtellerie, à Londres en finance de marché puis à Paris en conseil en stratégie et optimisation des achats.

Et ensuite ?

J’ai parachevé ces études supérieures à Lyon par un voyage de six mois en sac à dos en Asie avec un ami, pendant lesquels nous avons traversé une dizaine de pays. Nous avons démarré par l’Asie du Sud Est (Vietnam, Laos, Thaïlande, Cambodge et Birmanie), puis la partie nord du sous-continent indien de Calcutta à Bombai en passant par Agra, Delhi puis le Rajasthan, les régions himalayennes (Sikkim indien, Népal, Tibet), l’empire du Milieu - la Chine - puis la Mongolie et ses steppes à perte de vue. Nous avons achevé ce périple asiatique en reliant Moscou depuis Oulan-Bator : cinq journées et nuits de traversée de l’immensité russe en empruntant la mythique ligne ferroviaire transsibérienne. Cette évasion asiatique fut une expérience fondatrice que je recommande à n’importe quel étudiant souhaitant compléter son apprentissage académique par celui du voyage et de la rencontre avec d’autres cultures.


Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Après dix ans d’expérience professionnelle*, cela fait quatre ans que j’ai lancé Innotek Asia avec mon associé. C’est une société spécialisée dans le conseil en accompagnement des PMEs en Asie. Notre expérience et nos réseaux nous permettent d’aider les sociétés désireuses de s’introduire sur les marchés asiatiques, qu’il s’agisse de référencement de leurs produits, services ou de recherche du bon partenaire local pour développer leurs affaires. Inversement nous aidons également nos clients à importer les produits et services provenant d’Asie dans les conditions les plus attractives et sécurisées possibles. L’atout essentiel pour nos clients est de capitaliser sur une expérience et des réseaux significatifs en Asie tout en bénéficiant de prix compétitifs et d’une collaboration volontairement orientée sur une approche de long terme.

Parlez-nous de votre vie à Hong Kong.

Hong Kong est une ville trépidante où le temps est accéléré. Tous vous le diront : les évènements filent et il est très fréquent d’être happé par la cadence d’une vie qui ne s’arrête jamais ici. C’est une opportunité car tout est possible dans un univers où le commerce est roi et l’entrepreneuriat omniprésent. Mais c’est aussi un risque de démesure car il est difficile de trouver le bon rythme pour allier vie professionnelle et vie personnelle. L’autre attrait d’une ville comme Hong Kong est son caractère international. Celles et ceux qui viennent s’installer à Hong Kong sont en grande majorité venus par envie de découverte d’une autre culture, à la frontière en monde occidental et traditions asiatiques. Cela se traduit par une ouverture d’esprit et une disposition a la découverte de l’autre qui sont bien plus élevées que dans d’autres mégalopoles comme New York ou Paris.

Quels sont vos projets ?

“Un paille-en queue en terre asiatique”. Depuis quelque temps, Innotek Asia travaille à faire connaitre, importer et distribuer des produits premium originaires des territoires de l’océan indien aux communautés asiatiques. Nous avons baptisé ce projet The Islands Company, faisant écho aux compagnies des indes orientales actives sur la route des épices.


Un évènement aux couleurs de la Réunion sur Hong Kong.

Sélectionné par le groupe international Watson A.S. et sa filiale ParknShop, spécialisée dans la distribution en supermarché, The Islands Company organise du 18 au 24 mars 2017 un évènement promotionnel autour des fruits tropicaux de l’ile de la Réunion. Cet évènement durera une semaine dans la vitrine haut de gamme du groupe : le supermarché Great Food Hall à Pacific Place (Admiralty MTR). The Islands Company tiendra un stand aux couleurs de la Réunion et présentera plusieurs variétés de fruits qui ont fait la renommée internationale de la Réunion : ananas Victoria, mangue José, fruits de la passion, combavas… Des hôtesses inviteront les hongkongais à goûter ces produits exceptionnels tout en les informant sur l’origine et les pratiques agriculturales durables employées pour faire pousser ces fruits. Nous invitons d’ailleurs nos amis réunionnais mais aussi des autres iles de l’océan indien de venir nous soutenir à cette occasion.
Site web : www.theislandsco.com

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Malgré ses décors naturels grandioses et sa richesse culturelle sur nombre d’aspects, la Réunion est assez méconnue en Chine et à Hong Kong. La dernière fois que des images de la Réunion sont passées à la télévision, il s’agissait des débris du vol MH370 de la Malaysia Airlines. L’île gagnerait beaucoup en matière d’attraction touristique en promouvant des campagnes publicitaires ciblées vers certaines villes asiatiques. D’autres challenges sont à prendre en compte : se pose naturellement la question des capacités d’accueil ainsi que le niveau de service attendu pour servir cette clientèle asiatique. Le potentiel touristique est phénoménal à la Réunion mais tant que nous n’aurons pas dynamisé ces deux pans de l’activité hôtelière, nous ne pourrons pas faire durablement connaitre cette ile au reste du monde. Seul un effort et une volonté politique de développement touristique concrète pourra générer des flux touristiques depuis l’Asie.


Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Une petite communauté réunionnaise, mauricienne et malgache habite Hong Kong. Nous nous voyons de temps à autre dans les restaurants ou bars de la ville. L’ambiance est toujours très agréable et les mots en créole réunionnais, mauricien ou en malgache flottent toujours dans l’air à un moment ou à un autre.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Je suis nostalgique de la Réunion pour sa douceur de vivre et les richesses de sa terre. Vivre à la Réunion, c’est vivre proche de la nature. A chaque retour, j’apprécie également le vivre ensemble réunionnais. Une valeur et un trait culturel qui hélas est en voie de perdition un peu partout dans le monde aujourd’hui.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

D’un point de vue local et régional, tous les atouts pour un développement florissant de l’ile sont là : infrastructures, santé, éducation, culture… Le potentiel de croissance est important mais les mêmes maux structurels persistent : chômage, coût élevé de la vie, transports intérieurs congestionnés, isolement aérien limitant l’export à l’international, carences industrielles… Le modèle prospère réunionnais doit passer par une autosuffisance en matière énergétique aussi bien qu’agricole. Sur la seule question agricole, la Réunion - au travers de la France et de l’Europe - doit créer les conditions d’un changement véritable et progressif de sa structure agraire, traditionnellement ancrée dans la culture de la canne à sucre. La terre volcanique est riche et fertile à la Réunion, tout y pousse : nous devons prendre conscience de cet atout majeur ! Signe encourageant : la filière fruits et légumes s’est considérablement structurée ces vingt dernières années et valorise déjà bien les produits réunionnais vers l’Europe.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Le mouvement, c’est la vie : je ne saurais encourager les nouvelles générations réunionnaises à se déplacer hors de l’ile. Il faut aller voir ce qui se passe ailleurs, non seulement pour comprendre un peu le monde dans lequel nous vivons mais aussi pour rapporter chez soi les pratiques sages qui réussissent sous d’autres horizons. Etre né à la Réunion est une chance à bien des égards. Il y fait bon vivre, les gens sont capables d’une grande générosité, la mixité ethnique et culturelle favorise d’entrée une certaine ouverture d’esprit voire un attachement à son prochain. Je suis convaincu que de tels acquis, construits au travers de la culture et de l’identité réunionnaise, est une force certaine pour quiconque souhaite se déplacer et partir à la rencontre des autres.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

La qualité de vie à la Réunion est idéale pour construire sa famille et faire grandir ses enfants. La possibilité de pouvoir voyager régulièrement depuis la Réunion vers l’extérieur, la régionalisation de ses activités économiques et une envie de projection de la société réunionnaise vers le monde seraient des critères d’attractivité supplémentaires dans ma réflexion pour revenir habiter à la Réunion.


www.reunionnaisdumonde.com/r/6/Asie (228 inscrits) / Plus de Réunionnais CHEFS D’ENTREPRISES

The Islands Company


Les comptoirs du Sud de l’Océan Indien

The Islands Company est né d’une vision : celle de raviver les anciennes routes commerciales maritimes reliant l’Europe à l’Asie. Il y a plusieurs siècles maintenant, les diverses compagnies européennes des Indes orientales avaient initié ces périples entrepris dans un esprit d’aventure, de commerce et faisant escale sur la Grande Ile et dans l’archipel des Mascareignes. Situés à mi-chemin sur la route des épices entre l’Europe et l’Asie, certaines terres agricoles fertiles du sud de l’océan indien se sont rapidement converties en comptoirs de négoce importants : Madagascar, la Réunion, Maurice, les Seychelles…

D’authentiques produits des iles

Pendant des siècles et malgré les aléas climatiques, des hommes ont prospéré en valorisant l’immense potentiel de ces îles : sols volcaniques fertiles, terres et mers préservées de toute pollution, grande diversité des espèces animales et végétales. Sur plusieurs générations, des hommes ont fait croitre avec réussite plusieurs variétés singulières de fruits tropicaux, épices, produits de la mer... L’ouverture du canal de Suez en 1869 a réduit l’importance de ces îles comme escales sur la route des Indes mais la réputation de leurs produits exceptionnels était déjà établie. Aujourd’hui, ces fruits tropicaux, épices et produits de la mer sont exportés quotidiennement vers l’Europe et l’Amérique du Nord où ils satisfont certains des clients les plus exigeants de la planète.

Revitaliser les routes commerciales vers l’Est

The Islands Company emprunte les nouvelles voies de navigation aériennes afin de révéler aux communautés asiatiques les produits insulaires de grande qualité. Inspiré par la diversité de leurs saveurs, couleurs et parfums exotiques, The Islands Company s’assure de leur approvisionnement et de leur distribution sur Hong Kong et demain vers d’autres terres asiatiques.

* 10 ans d’international et d’expérience professionnelle en gestion de projet dans multiples industries

Mon profil est orienté marketing et ventes avec plus de dix ans d’expérience en management de projet. Tout au long de mes expériences professionnelles en Europe et en Asie, je me suis spécialisé dans l’élaboration et l’implémentation de stratégies marketing et de ventes. Je me suis investi dans diverses industries et entreprises (Accenture, Veolia). Ayant démarré ma carrière professionnelle dans des cabinets de conseil en stratégie et organisation, j’ai consacré les années suivantes aux problématiques et enjeux liés aux secteurs de l’énergie, qu’il s’agisse de pétrole et de gaz ou d’électricité et d’énergies renouvelables. Avant Innotek Asia, j’ai consacré ces dernières années au développement marketing et commercial du leader mondial des services à l’environnement pour la région Asie-Pacifique. J’ai notamment travaillé dans des domaines allant de la gestion de l’eau à celle des énergies et des déchets en milieux industriel et municipal, en particulier dans la région Asie-Pacifique.

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