Olivier Bègue, enseignant près de San Francisco
À 24 ans, ce professeur des écoles à Saint-André a tenté le grand saut en postulant dans des établissements français à l’étranger. « Je pensais que le manque d’expérience allait me faire défaut, mais ça a marché ! ». Olivier nous raconte ses débuts à l’école franco-américaine de Santa Rosa en Californie.
Pouvez-vous vous présenter ?
Olivier Bègue, 24 ans. J’ai grandi dans la ville de Petite-Ile dans un milieu où je n’ai jamais manqué de rien. L’éducation de mes parents a été incroyable, d’ailleurs je les en remercie. C’est en grande partie grâce à eux que je suis là maintenant. J’enseigne en « Kindergarten », première année d’école aux USA à des enfants d’environ 5 ans, dans la French-American Charter School de Santa Rosa. Santa Rosa est une ville proche de San Francisco.
Quel a été votre parcours ?
Après un Master « métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » (MEEF) à l’Université de la Réunion et ma réussite au Concours de recrutement de professeur des écoles en 2021, j’ai débuté ma carrière à la Petite-Île puis à Saint-André pendant deux ans. En fin d’année dernière, j’ai pris la décision de tenter l’aventure à l’étranger ! J’ai postulé dans plusieurs écoles et j’ai ensuite choisi parmi les quelques unes qui avaient retenu ma candidature. Franchement, je n’aurais jamais pensé être accepté dans cette école, je pensais que le manque d’expérience allait me faire défaut.
Avant de faire ma valise pour le grand saut, j’ai dû me rendre à Maurice pour faire mon visa pour les États-Unis, sans compter la tonne de papiers administratifs à remplir. C’est un réel parcours du combattant... L’administration américaine et en particulier l’administration californienne est horrible ! La patience et les nerfs sont mis à rude épreuve et je pense avoir gagné quelques cheveux blancs cette année… Mais le 13 juillet 2024, j’ai pu m’envoler à plus de 16 000 kilomètres de chez moi pour un nouveau départ !
Racontez-nous vos débuts en Californie.
J’ai été surpris par l’accueil, la gentillesse et la générosité des Américains. Pour ce qui est de la région, la Californie est magnifique et il fait toujours beau. Alors c’est très agréable ! Au niveau du travail, je dois dérouler un programme, mix entre le programme de Grande Section / CP français et le programme américain. Le but est d’apprendre le français aux enfants, mais il faut bien évidemment utiliser l’anglais pour se faire comprendre au début d’année.
Quel bilan tirez-vous de vos premières semaines ?
C’est une expérience indescriptible ; elle m’apporte une nouvelle vision du métier, de nouvelles méthodes d’enseignement sans parler du fait que je vais devenir progressivement parfaitement bilingue. Découvrir les États-Unis et le mode de vie américain, c’est à la fois déroutant et fantastique ! C’est un réel saut dans l’inconnu qui me fait gagner en maturité. Finalement c’était nécessaire et j’adore ça !
Je suis heureux de vivre une expérience stressante, pas toujours facile, mais réellement enrichissante. Aujourd’hui mon seul projet est de vivre ma première année à fond, prendre ce que j’ai à prendre. Je ne serais pas arrivé là si j’avais gardé la mentalité du "ti kréol". On m’a souvent dit qu’en tant que "ti kréol" on est limité, bridé par le fait d’habiter sur une île, que notre légitimité est moindre. Et bien Non ! Nou lé gayar é nou lé kapab !
Quels sont les avantages et inconvénients de venir de la Réunion ?
Venir de la Réunion, c’est arriver avec une richesse culturelle dont peu de gens peuvent se vanter. Les gens sont toujours intrigués quand je dis que je viens d’une petite île perdue au milieu de l’Océan Indien. Je n’ai pour l’instant pas vu beaucoup d’inconvénients à cela. Les Américains ne connaissent pas la Réunion. Dès que j’en parle, je leur montre des photos et vidéos et ils sont impressionnés. Ils me disent que nous sommes « le Hawaï de l’Océan Indien ». J’ai déjà prévu un projet sur La Réunion avec les enfants de ma classe !
Quels objets de la Réunion avez-vous amené dans vos valises ?
Mon bann ti bokal piman èk le drapeau la Réunion ! Le piment est là à chaque repas et le drapeau est accroché dans mon salon. J’ai aussi ramené du Dakatine (mon péché mignon), du Cot Citron et quelques petits accessoires. Par ailleurs, j’ai déjà des contacts avec quelques Réunionnais qui habitent pas très loin de chez moi. Je pense que l’on va essayer de se retrouver bientôt à San Francisco.
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