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Olivier K’Bidi, concepteur de jeux vidéos à Montréal

Publié le 4 février 2017

Diplômé de l’École des Beaux-Arts de la Réunion, il a fait sa vie et fondé une famille au Québec. A 39, Olivier a grimpé les échelons pour devenir « Game Designer » chez Side City Studios à Montréal, une compagnie spécialisée dans les machines à sous, les jeux en ligne et les casinos.


Racontez-nous votre parcours.

Je suis originaire de Saint-Denis. Ma mère vit toujours dans cette ville et mon père à Saint-Joseph. Pratiquement toute ma famille est encore à la Réunion à l’exception de ma sœur et de quelques cousins. Après mon bac, j’ai fait trois ans d’études à l’École des Beaux-Arts de la Réunion (de 1997 à 2000). Puis j’ai poursuivi mes études à Paris en infographie 2D/3D à l’ESRA pendant deux ans. Mon diplôme en poche, j’ai travaillé à Lyon un an en tant qu’infographiste 3D. J’ai ensuite déménagé à Angoulême pour travailler, en tant que Modeleur 3D (intermittent du spectacle), à Antefilms Studio sur la production de séries animées en 3D : Pet Alien, Code Lyoko, L’homme invisible et Funcky Cops. Un an plus tard, je suis venu m’installer au Québec, d’abord en tant qu’Artiste 3D chez Side City Studios en 2004, puis Lead Artiste 2D/3D, puis Directeur Artistique, puis finalement Game Designer.

Quel a été le « déclic mobilité » pour vous ?

J’avais l’idée d’aller travailler dans un autre pays depuis depuis un moment. À l’époque où je me cherchais encore, j’ai eu la chance de rencontrer des étudiants québécois à l’Université de la Réunion. Nous avons discuté assez longtemps, suffisamment pour qu’ils me persuadent de tenter l’aventure… J’avais également entendu beaucoup de bien sur l’accueil des immigrants au Québec. Et leur vocabulaire me semblait proche de notre créole. Beaucoup de gens pensent que l’accent québécois est difficile à comprendre. En réalité, nous créoles réunionnais avons un « avantage » dans la mesure où beaucoup de vieux mots français employés dans notre créole se retrouvent dans le vocabulaire québécois. Certains noms, verbes et expressions sont identiques. Alors qu’en France, ces mots n’existent plus...
 

Autre anecdote : ici, on n’est jamais perdu. Que les gens vous voient regarder un plan, et ils n’hésiteront pas une seconde à venir vous aider et vous indiquer votre chemin. Le « tutoiement » est de mise. S’ils vous tutoient, tutoyez-les en retour. L’inverse serait mal vu et même pris comme un manque de respect. Tutoyer son boss tous les jours, cela simplifie bien la vie et rend le travail plus agréable.
 

Dernière anecdote : je me souviens quand on était plus jeune, on rigolait souvent à entendre Jean-Claude Van Damme mélanger le français et l’anglais en parlant. Ici c’est très fréquent. Les gens sont tellement à l’aise dans les deux langues qu’ils peuvent « switcher » d’une langue à l’autre dans une même phrase comme si de rien était. Au début ça fait bizarre mais on s’y fait. Mais il ne faut jamais leur dire qu’ils font des anglicismes !
 
Comment vous êtes-vous adapté au Québec ?
 
C’est une région très agréable. Les gens sont très chaleureux, respectueux et ont un sens du civisme hors pair. Il est par conséquent très facile de s’adapter dans ce pays malgré le climat. Pour le froid, il faut bien s’équiper et on s’habitue très vite. Les gens vivent avec et ont beaucoup d’activités autour de l’hiver. En été, il fait très chaud, alors ça compense. On s’habitue aux grands espaces. Le Québec est immense mais ce n’est qu’un petit territoire dans la gigantesque Amérique du Nord. Chaque année, avec ma femme et mes enfants, nous essayons de découvrir des nouvelles provinces au Canada ou des nouveaux états aux États-Unis.


Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?
 
La mobilité à mon sens n’apporte que des avantages, à condition qu’on y mette du sien pour y arriver et que la motivation soit sans faille. Ici en Amérique du Nord, la notion de « self made man » est très présente et quiconque travaille pour y arriver sera toujours apprécié, reconnu, valorisé.

Quels sont vos projets ?
 
Continuer à performer dans le domaine de la création et de la conceptualisation de jeux novateurs, chez Side City Studios et au sein de NYX, la maison mère. Partager mon expérience avec les Réunionnais qui seraient intéressés enseignement, conférences, formations… Un jour peut-être !
 
Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises au Québec ?

Mon Chapeau de Yab en paille (soleil i tap’ fort ici !), mon van (pour triller mes brèdes), des lambs (lambas), des savates deux-doigts, mes quatre marmites, et même deux grosses marmites spéciales pour les caris feu d’bois. Tous mes amis et mes voisins d’ici adorent les caris feu d’bois. C’est vraiment un truc typiquement réunionnais ça ! Et aussi : des T-Shirt Pardon ! Et L’effet Péi en quantité. 
 
Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?
 
Une petite île paradisiaque au soleil. À chaque fois que je dis à quelqu’un que je viens de la Réunion, les gens me disent : « Mais pourquoi t’es venu ici ? »


Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?
 
J’ai mal au cœur à chaque fois que je retourne sur mon île, car je trouve qu’elle évolue trop vite et pas forcément dans le bon sens. La Réunion d’il y a 25/30 ans me manque. Je finirais avec cette question de manière très brève : La Réunion c’est « La Réunion » ; ce n’est pas Paris, ce n’est pas la France, ce n’est pas l’Europe. C’est une île sous le soleil, dans l’hémisphère Sud, dans l’Océan Indien. Certes, elle doit évoluer avec son temps, mais elle doit aussi autant que faire se peut, sauvegarder son identité.
 
Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?
 
Le même mode de vie que j’ai ici et une renaissance du respect et du civisme qu’il y avait encore lorsque j’étais petit.
 


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