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Olivier Ker Ourio, musicien de jazz professionnel à Paris

Publié le 2 septembre 2007

Depuis New York où il est en tournée, Olivier répond à notre interview et raconte son ascension dans le domaine du jazz. Formé au Conservatoire régional de la Réunion, il quitte sa famille et un emploi sur l’île pour assouvir sa passion de l’harmonica. 12 ans plus tard, il vient de sortir un album et a la chance de se produire dans le monde entier. Marié à une Américaine, il vit à Paris.

Olivier Ker Ourio

D’où êtes vous à la Réunion ?

"J’ai grandi à St Denis (St François et Montgaillard), mais mon père est du Port et ma mère de l’Entre-Deux. On a de la famille sur toute l’île, comme beaucoup de réunionnais je crois !"

Racontez-nous votre parcours.

"A près un Deug de Sciences à la Réunion et une Maîtrise d’Informatique à Grenoble, j’ai fait mon service militaire 16 mois comme VAT à la Direction de l’Agriculture et de la Forêt à la Réunion, puis quatre ans informaticien à la Banque de la Réunion à St Denis. Pendant ce temps, je faisais des études de musique en classe de jazz au Conservatoire National de Région à St Denis et St Paul, et des premiers concerts dans l’île".

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

"La musique prenant une part de plus en plus importante dans ma vie, je décide de m’y consacrer totalement et en 1992. Je quitte la Réunion et m’installe à Paris comme étudiant en musique (école CIM puis Conservatoire National Supérieur de Paris), puis comme musicien de jazz professionnel".

Vous êtes parti alors que vous aviez un emploi à la Réunion…

"Pour assurer mes arrières, n’ayant aucune garantie de succès à Paris, j’ai demandé à la BR un congé individuel de formation puis un congé sans solde, ce qui m’a permis de me tester sur le terrain. Après ces deux ans, j’ai pris ma décision plus sereinement. Ca a été très dur au début à cause du déracinement, de la différence de mentalité et la nostalgie du pays. Mais l’amour de la musique étant plus fort, la réalisation de mon rêve a mobilisé toute mon énergie".

Quel bilan tirez vous aujourd’hui ?

"15 ans après, je mesure le chemin parcouru. J’ai la chance de me produire dans le monde entier et de côtoyer les musiciens parmi les plus connus dans mon domaine. Je rédige cette interview de New York, où je donne des concerts cette semaine, ainsi que Washington la semaine prochaine. Mais la Réunion est dans mon coeur à jamais et toute ma famille est toujours là-bas".

Quels sont vos projets ?

"Le plus important aujourd’hui est la signature avec une bonne maison de disques à Paris, Dreyfus Jazz, et la sortie de mon nouvel album, "OVERSEA" (ou "Outre-Mer"), mêlant mes influences jazzistiques à mes racines réunionnaises (reprises de titres locaux et compositions personnelles)".

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

"Elle m’a montré que les rêves sont réalisables, que la persévérance et le travail portent un jour leurs fruits. Elle m’a donné du recul sur la Réunion, tout en me rappelant chaque jour mon attachement indéfectible à elle".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Bien sûr ma famille et mes amis, mais aussi la mer, le climat, les paysages, la lumière, la nature omniprésente, les images et les couleurs de la langue créole, les caris (que je prépare moi-même pour les amis), une certaine atmosphère qui n’existe pas ici de la même manière".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Je suis parti depuis 15 ans, mais j’y retourne presque tous les ans. Ca se développe beaucoup, j’espère que les Réunionnais auront la sagesse de ne pas commettre les erreurs que l’on trouve ici (défiguration des paysages, tout béton, le tout voiture), ça serait tellement dommage. J’ai entendu parler de la construction d’un tramway-train, ça me paraît une bonne idée. Je ne sais pas ce que donnera la route des hauts, difficile d’évaluer toutes les conséquences..."

"Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?"

"Un regard qui vient d’ailleurs, une originalité, une fraîcheur dans les rapports avec les gens, des fois même une certaine naïveté, de réelles choses à raconter, une double culture est toujours une richesse, un handicap aussi : tout à construire. Ici, on part de zéro quand on arrive, alors qu’à la Réunion, les amitiés se font depuis l’enfance, comme l’apprentissage des codes, même si nous avons la culture française en commun".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"Très bonne : petit paradis de nature, avec mer et montagne, paysages
époustouflants, une certaine douceur de vivre et en général la douceur de la population comparée à celle des Antilles par exemple".

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Avec Paris, j’ai un rapport amour/haine. Paris m’a tout donné avec la musique. Paris est une ville incroyablement belle, c’est une base de laquelle je voyage dans le monde entier, j’y ai rencontré ma femme américaine. Mais il y a les désavantages de la grande ville : pollution, voitures, béton, densité de population, pas de nature (heureusement qu’il y a le parc des Buttes-Chaumont !)"

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Qu’ils soient fiers de ce qu’ils sont, qu’ils mesurent la chance qu’ils ont de venir d’un aussi beau pays, mais aussi qu’ils soient ouverts le plus possible : le monde est global et les Réunionnais ont leur carte à jouer comme n’importe qui. A quand une inondation d’ananas Victoria sur la planète ? Je dirais : "Connaissez bien vos racines pour projeter vos branches et vos feuilles le plus loin possible".

Voir le site d’Olivier Ker Ourio

Retrouvez la Fiche Artiste de Olivier Ker Ourio sur Akout.com

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